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Genre : inclassable (interdit aux -12 ans)

Année : 1974

Durée : 1h31

 

Synopsis :

Arthur qui, suite à un accident de voiture sur une route de campagne, se retrouve bloqué dans la petite ville isolée de Paris, en Australie, s'aperçoit peu à peu que les habitants de cette ville provoquent et vivent des accidents de la route. Un soir, une escouade de véhicules monstrueux, conduites par des délinquants, attaque la ville.

 

La critique :

Au sein du cinéma horrifique, le genre a pu s'enticher de figures pour le moins originales entre les clowns, surtout popularisés avec Ca, ou les poupées avec Chucky. Des figures qui, aujourd'hui, ont le don de susciter le malaise chez un certain nombre. Mais qui aurait pu penser aux voitures ? Oui aux voitures pour s'en servir comme entités démoniaques semant la mort là où elle passe. A ma connaissance, il n'y a pas énormément d'oeuvres qui se sont aventurées sur ce terrain sensible, à même de faire sombrer le métrage dans le navet le plus indigeste.
En 1997 sortait Trucks : Les Camions de l'Enfer où une mystérieuse force surnaturelle avait pris d'innocents camions en otage. Un téléfilm nanardesque qu'il m'ait été donné de visionner un petit peu par hasard à la TV alors que j'étais encore haut comme trois pommes. Je ne vais pas développer plus longtemps mais ce fut un calvaire, bien des années après, pour retrouver le titre de ce dit métrage délirant.

En 1986, naquit Christine, récemment chroniqué sur le blog. Et, encore un petit retour dans le temps, en 1974, naquit l'étrange Les Voitures qui ont mangé Paris. Bien étrange nom pour une oeuvre, native d'Australie, toute aussi étrange réalisée par Peter Weir. Un réalisateur qui n'est pas inconnu dans le monde cinématographique vu qu'il sera à l'origine d'oeuvres plébiscitées et à succès telles Pique-nique à Hanging Rock, Le Cercle des Poètes Disparus ou The Truman Show.
Un palmarès loin d'être négligeable en qualité ! Ainsi, Les Voitures qui ont mangé Paris fut son premier long-métrage et ne remportera guère de succès. Actuellement, on tient là une oeuvre ayant sombré dans la plus totale confidentialité qui sera mise un petit peu en lumière aujourd'hui avec cette chronique. Reste à voir si Weir avait déjà une certaine érudition derrière la caméra en 1974.

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ATTENTION SPOILERS : Arthur qui, à la suite d'un accident de voiture sur une route de campagne, se retrouve bloqué dans la petite ville isolée de Paris, en Australie, s'aperçoit peu à peu que les habitants de cette ville provoquent et vivent des accidents de la route. Un soir, une escouade de véhicules monstrueux, conduites par des délinquants, attaque la ville.

C'est sûr que ce n'est pas le genre de scénario que l'on retrouvera tous les jours. En l'occurrence, Weir a des idées amusantes en nous larguant au fin fond d'une petite ville de campagne bourrée de pecno en tout genre. Une ville pour le moins étrange qui voit son économie reposer sur des accidents de la route volontaires qu'elle provoque dans la région en disposant des pièges aux alentours. Derrière une façade de normalité que le maire et sa ville veulent donner, c'est avant tout une cité reposant sur le meurtre absurde. Des meurtres à la base même de l'économie.
Il n'y a vraisemblablement pas la présence d'argent ou de billet. La monnaie locale fonctionne sur le troc des biens et des pièces détachées récupérées sur les voitures accidentées. Les carcasses seront, par contre, abandonnées dans la campagne où les jeunes s'en serviront pour bricoler des véhicules monstrueux et rouler à toute allure dans les rues de Paris, tout en jouant aux auto-tamponneuses. On a donc une cité envahie par l'automobile, et où la violence routière n'est pas seulement présente mais banalisée. On pourrait, dès lors, postuler que Weir dénonce la dangerosité technologique, ciblant, vous l'aurez compris, les voitures dont l'être humain semble perdre son emprise.

En soit, on pourrait voir en cette oeuvre, une sorte de manifeste envers la prévention routière et la dénonciation des chauffards adoptant une conduite dangereuse due à l'ivresse de la vitesse. Cette sensation de vitesse procurant une sensation similaire à la dopamine qui expliquerait le bienfait que procure une conduite rapide pour certaines personnes. Seulement, si la dénonciation est plutôt bien mise en forme et que le contexte a son petit charme, c'est bien là les seuls points positifs car le reste est un désastre similaire à l'accident qu'a subi Arthur, se retrouvant bien malgré lui dans une étrange captivité vu que les habitants ne veulent pas le laisser partir.
En cause, le récit, s'il suscite une forme d'intérêt, au début, finira par tourner en rond de manière indécente, et qui plus est à un rythme d'une léthargie dans la même veine qu'un épisode de l'Inspecteur Derrick. Weir commence très vite à tourner en rond et ne sait pas trop quoi raconter. Nous sommes ballotés dans la vie de différents personnages, que ça soit Arthur, le maire ou un étrange imbécile heureux, sans qu'il n'y ait de réel rebondissement.

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Il n'y a absolument pas le moindre semblant de tension ou d'intérêt notoire envers leur vie. Le danger, symbolisé par des jeunes fous sans nom, n'est pas réellement mis en évidence. Et ce n'est pas le finish se soldant par une vengeance à la suite de deux véhicules brûlés par ordre du maire, qui rehaussera le pedigree du film. Celle-ci prenant plus un trait grotesque que jubilatoire, alors que le bal de la ville se déroule dans une atmosphère psychiatrique. Car oui, Paris n'est ni plus ni moins qu'un asile de fous à ciel ouvert. On écarquillera les yeux devant de nombreuses incohérences, à commencer par Arthur qui perdra sa peur de conduire en... tuant un délinquant en voiture.
Bah oui, pourquoi pas ! Parce qu'il faut savoir que l'attaque de la ville au soir ne fera son apparition que durant le dernier quart d'heure. Le reste du temps ne fait office que de remplissage sans quelconque consistance. Encore heureux que la pellicule ne dépasse pas les 1h30 !

De plus, l'une des particularités de Les Voitures qui ont mangé Paris est que l'on ne sait pas trop où le classer. La comédie ? Les quelques séquences d'humour n'arriveraient pas à faire sourire un clown. L'horreur ? Où ça ? Depuis quand il y a de l'horreur ? Le drame ? (Rire jaune) La science-fiction ? (Rire encore plus jaune). Du coup, on se retrouve bien démuni et le film peut être refourgué dans la case des OFNI car sa dimension de comédie horrifique n'en est pas. Le manque de moyens se fait ressentir et les quelques séquences de mort sont plus ridicules qu'autre chose.
La seule mort d'intérêt se fera lorsqu'un des habitants se fera embrocher par cette voiture monstrueuse bardée de pics acérés, comme en atteste la deuxième image. En soit, l'inclassable n'est absolument pas dérangeant quand il est revendiqué, qu'il est choisi. Hors, dans le cas de cette pellicule, on sent qu'il n'y avait aucune volonté à créer une oeuvre inclassable mais vu que le contexte de comédie horrifique tombe à l'eau...

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Cette dimension de comédie horrifique annihilée est en grande partie due à l'interprétation médiocre des acteurs dont le charisme dépasse en apathie celui d'une huître avariée. Terry Camilleri, interprétant Arthur, est un anesthésiant sur patte qui parviendrait à faire bâiller un insomniaque. John Meillon est tout autant minable en maire dépassé par les événements. Je n'ai même pas envie de mentionner le restant du casting tant l'amateurisme semble avoir été promulgué par le script. On a cette impression que les acteurs se font chier et qu'ils sont là juste pour combler leur fin de mois. En termes d'esthétique, là on ne sera pas mauvaise langue car l'image est belle et aux teintes chaleureuses. Pour ce qui est de la bande sonore, ça ne casse, par contre, pas trois pattes à un canard.

En conclusion, Les Voitures qui ont mangé Paris est une bien étrange oeuvre, à la fois originale et insolite. Derrière sa façade de petite ville paumée, Paris est un village de truands envahi par l'automobile, à tel point que les pièces détachées ont remplacées la monnaie nationale. Un concept atypique, plaisant même dont on appréciera une certaine dénonciation de l'emprise de la voiture sur la psychologie humaine. Cela aurait pu donner lieu à un chouette film, si la lourdeur stratosphérique de la mise en scène et le manque d'idées ne venaient ternir le tableau. Aucune quelconque forme d'action durant les 90% du temps de bobine, aucune tension, ni rebondissement, ni identité.
L'apathie est maîtresse des lieux et quand on combine une interprétation d'acteur digne de série Z, on se retrouve avec un fiasco n'ayant même pas le charme d'un bon nanar. A se demander s'il s'agit bien du réalisateur des trois oeuvres citées dans l'introduction qui est bien derrière la caméra. J'ose espérer que le prochain film que je chroniquerai sera de qualité parce que ça fait quasiment 3 navets d'affilée que je visionne.

 

Note : Navet

 

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