Genre : horreur, ultra gore, trash, softcore (interdit aux - 18 ans)
Année : 2014
Durée : 1h03
Synopsis : Mai-chan travaille en tant que femme de ménage au service d'un maître sadique qui est cloué sur un fauteuil roulant. Assisté de son intendante la perverse Miss Koede, celui-ci s'acharne sur la jeune femme en la torturant en toute impunité. Brutalisée et suppliciée à la moindre occasion, la jeune femme subit les sévices sans que cela n'affecte en rien sa soumission et son intégrité physique. Car Mai-chan a un don très particulier : elle a le pouvoir de régénérer à l'identique tous les membres et les organes de son corps.
La critique :
Ah, le cinéma nippon et ses mangas bien outranciers, on en redemande... Tiens, ça tombe bien, j'ai un beau spécimen en magasin à vous soumettre. Son titre ? Mai-chan's Daily Life : The Movie. Oh, le beau morceau que voilà ! Bien gratiné, l'engin ! De toute façon, comme je le répète souvent, avec les japonais, on est toujours sûr d'en avoir pour son argent. Il n'y a qu'eux qui sont capables de mettre en scène des objets filmiques totalement fous. Qu'ils évoluent dans les domaines fantaisistes, gore, pornos et plus encore nanardesques, leurs films défient encore et toujours la logique et l'entendement de nos cerveaux étriqués d'occidentaux. Et vous aurez l'occasion de vous en rendre compte plus en détail prochainement ; je n'en dis pas plus... Pour le moment, je vous présente Mai-chan's Daily Life : The Movie, une bluette lesbiano-sentimentale, et accessoirement ultra gore, que seuls nos amis du Pays du Soleil Levant pouvaient commettre. Tiré du manga sérieusement secoué de l'artiste multicarte (acteur, scénariste, dessinateur) Waita Uziga, cette péloche dévergondée dure à peine plus d'une heure.
Et cela est largement suffisant pour ce qu'elle a à dire ! Réalisée par Sato Sade (pseudo?), cette adaptation cinématographique d'un manga ultra violent n'a pas d'autre ambition que de satisfaire la gourmandise des amateurs de débordements saignants et de déviances libidineuses.
Les âmes sensibles et les cinéphiles en quête de réflexion philosophique seront donc priés d'aller faire un petit tour, ce film ne leur est pas du tout approprié. Les autres, ceux familiarisés à des oeuvres hyper sanglantes telles que Naked Blood, Women Flesh My Red Guts ou encore Mu Zan E, seront en terrain conquis. Toutefois, Mai-chan's Daily Life : The Movie se différencie de ses "glorieux" prédécesseurs par son postulat de départ. Une jeune femme capable de se reconstituer à l'identique après avoir été lacérée, découpée, éviscérée ou que sais-je encore, c'est une idée en or pour un film disposant de peu de budget. Nul besoin d'un grand nombre d'acteurs puisque l'actrice principale est quasiment immortelle ; la toute mignonne Mai-chan peut donc subir les pires sévices dans une scène et revenir fraîche comme une rose, la séquence suivante sans que le spectateur ne s'en étonne.
Sato Sade exploite donc à fond l'idée axiomatique du manga de Waita Uziga. Pour le reste, il faut bien avouer que cette production nippone peut déconcerter par l'absence d'un scénario digne de ce nom, le manque de profondeur de ses personnages et d'une mise en scène neurasthénique. Au vu du résultat final, il semblerait que la sincérité et la valorisation du produit fini eurent été le moindre des soucis de Sato Sade lors de son tournage.
Non pas que le film parte dans tous les sens, mais plutôt parce que les situations (hors les scènes horrifiques) sont d'une redoutable platitude. En simplifiant, je dirais qu'entre les scènes d'horreur pures et dures, qui ne sont pas si nombreuses que cela, on s'ennuie relativement ferme. Avec une action en huis clos et un nombre restreint de personnages, il aurait fallu beaucoup plus de talent à Sato Sade pour maintenir l'intérêt de son spectateur tout au long d'un film qui ne dure pourtant, qu'un peu plus d'une heure. Certes, il y a quelque recherche stylistique au niveau visuel puisque le métrage oscille souvent entre la couleur et le noir et blanc (parfois pixellisé).
Mais malheureusement, les images en DV ôtent au film toute crédibilité et toute stature professionnelle. Ne comptons pas non plus sur l'interprétation pour relever quelque peu le niveau puisqu'il s'agit ici d'obscurs comédiens sans grande envergure qui se contentent du minimum syndical ; la palme revenant à l'acteur qui joue le rôle du maître de maison avec autant d'expressivité qu'un bonze en méditation.
Attention spoilers : Miyako trouve une place de femme de ménage dans une grande résidence. Là, elle découvre que son maitre, un riche handicapé cloué sur un fauteuil roulant, règne en tyran absolu. Assisté de son intendante, la perverse Miss Koede, celui-ci terrorise et supplicie à volonté la jeune Mai-chan qui se trouve depuis longtemps à son service. Mais Mai-chan possède une particularité génétique hors du commun : elle a le pouvoir de régénérer tous les membres et les organes de son corps. Elle subit donc sans broncher les tortures et les sévices qui lui sont infligés dans le but de satisfaire les instincts sadiques de ses geôliers. Peu à peu, Miyako s'éprend de sa collègue et n'a plus qu'une idée en tête : lui prouver son amour en la dévorant complètement.
Avant de spoiler l'histoire (?) du film, j'avais souligné la faiblesse générale du métrage en tant qu'oeuvre cinématographique stricto sensu. Mais, est-ce vraiment important pour l'amateur de sensations fortes ? Non. Le véritable adepte du cinéma transgressif lui, veut de la tripaille, de la nudité et de d'immoralité. Comparable (on n'a pas beaucoup évolué finalement) au spectateur qui assistait aux jeux du cirque dans l'antiquité, il veut du sang !
Alors Sato Sade lui apporte sur un plateau ce qu'il désire : un spectacle décadent juste ce qu'il faut pour assouvir ses instincts les plus primaires. Sans aller jusqu'aux extrémités de l'outrance, on peut quand même affirmer que Mai-chan's Daily Life : The Movie envoie du lourd. Le film, dont le thème principal est si l'on y réfléchit bien, le cannibalisme, a été établi tel un menu où le meilleur aurait été gardé pour la fin. Ainsi et en amuse-gueules, nous aurons droit à un découpage de doigt, à du sadisme fétichiste, à diverses humiliations urophiles et à de la nudité gratuite illustrée par quelques ébats lesbiens softs. Du voyeurisme au programme également, avec une caméra filmant tout en complaisance et en gros plans, les petites culottes des soubrettes qui se penchent bien en avant pour épousseter les meubles... Puis, le niveau monte d'un cran avec une énucléation à la fourchette suivi d'une dégustation de l'oeil prélevé. Mais c'est bien sûr, la scène où Mai-chan est entièrement dévorée par Miyako, qui constitue le plat de résistance concocté par Sato Sade. Une scène infernale d'une vingtaine de minutes où éviscération, déviances sexuelles et cannibalisme se succèdent à un rythme effréné pour finir par un démembrement à la tronçonneuse saisissant de réalisme. Malsaine, perverse et surtout "gorissime", cette séquence sauve le film.
Là, on ne peut que tirer notre chapeau à Zerai Naoi, le concepteur des effets spéciaux, qui a fait un travail tout à fait exceptionnel. Le plan final filmé à hauteur de plafond et dévoilant le corps disloqué de Mai-chan qui baigne dans une mare de sang, est du plus bel effet. Ce plan rappelle beaucoup un plan quasi identique aperçu dans le terrifiant Tumbling Doll Of Flesh, signé par Tamakishi Anaru il y a près de vingt ans déjà. Sans évidemment, arriver au niveau de ce dernier, Mai-chan's Daily Life : The Movie n'a cependant pas à rougir en comparaison d'autres films nippons underground qui ont alimenté en abondance les archives de Cinéma Choc. N'étant absolument pas amateur de mangas, je n'ai pas lu l'oeuvre originale et je ne peux donc juger si la transposition cinématographique a respecté les grandes lignes du scénario initial. Reste que malgré une réalisation tout à fait quelconque, Sato Sade raconte aussi une histoire d'amour fou entre deux servantes. Ainsi, s'établit un rapport quasi christique entre Miyako et Mai-chan puisque cette dernière offre son corps en preuve d'amour à sa dulcinée.
Certains y verront une très proche accointance avec le Cannibal de Marian Dora. Mais hélas, Sato Sade ne possède pas la moitié du quart du talent du maître allemand et il n'a que faire de la métaphore spirituelle. Le réalisateur nippon se limite donc à filmer la scène d'anthropophagie sans la moindre poésie.
Au contraire, la tenue de latex portée par Miyako accentue le côté sadomasochiste et pervers de la scène. Sade privilégiant les effusions d'hémoglobine et les détails scabreux à l'intimité psychologique des personnages, la séquence se résume plus à un démantèlement organique putassière qu'à une étreinte sacrificielle. Dommage que le cinéaste soit passé à côté de ce message. Dans l'absolu, Mai-chan's Daily Life : The Movie est un film qui n'a d'autre but que de réveiller le sadique qui sommeille en chacun des spectateurs. Sur ce point précis, il remplit parfaitement sa mission puisqu'il est impossible de ressentir la moindre empathie vis-à-vis de Mai-chan tant le personnage est traité de manière superficielle. De plus, elle est immortelle ; alors pourquoi s'empêcher de saliver à l'idée qu'elle souffre mille tourments ? Malgré un intérêt artistique confinant au néant, le film aura ses inconditionnels ou tout du moins, ses supporters. Même si mon avis reste très mitigé concernant la qualité intrinsèque de ce splatter ultra sanglant, j'avoue en faire partie car j'ai la faiblesse de croire que le "cinéma de genre" mérite autant qu'un autre d'être mis en lumière. En tout cas, Mai-chan's Daily Life : The Movie a tout de l'oeuvre sulfureuse, susceptible de créer la polémique une fois encore, entre passionnés de pellicules trash et les réfractaires à la catégorie. Un film indispensable aux premiers ; à fuir comme la peste pour les autres.
Note : ?