karate kid 2010

Genre : arts martiaux, action
Année : 2010
Durée : 2h19

Synopsis : Lorsque la carrière de sa mère l'entraîne à Benjing en Chine, le jeune Dre Parker doit faire face à des changements radicaux. Au bout de quelques jours, il se retrouve mêlé à une altercation au sein de son école, impliquant Cheng, l'un des garçons les plus doués en Kung Fu et qui lui fait définitivement perdre le respect de ses camarades de classe. Témoin de cet affrontement, Mr Han, professeur de Karaté à la retraite, embauché par les Parker comme chauffeur et assistant, décide d'aider Dre à regagner le respect de son entourage.   

La critique :

Petite piqûre de rappel. En 1984, John G. Avildsen, le réalisateur de Rocky (1976) premier du nom signe un nouveau film d'action et de combat. Son nom ? Karaté Kid ou l'histoire d'un adulescent poltron et pusillanime qui se découvre des velléités d'artiste martial auprès d'un vieux maître aguerri. Pour apprendre les secrets et les arcanes du karaté, les rings de boxe, le grand écart et les sacs de frappe sont curieusement évincés et supplantés par les tâches ménagères.
Ainsi, Ralph Maccio, l'élève ingénu et discipliné de Pat Morita, devient l'esclave docile de son nouveau maître. Soit une autre façon d'enseigner les arts martiaux, comme si ce sport devait s'imprégner des incommodités de la vie quotidienne et de notre société contemporaine. Contre toute attente, le film de John G. Avildsen délivrait bel et un bien un message, certes à forte accent juvénile.

Karaté Kid doit donc marquer le passage, toujours délicat, à l'âge adulte et donc au stade de la maturité. Pour sa star principale, Ralph Maccio, Karaté Kid constitue une véritable aubaine ainsi qu'une gloire somme toute éphémère. Le comédien devient la nouvelle égérie du film d'arts martiaux à forte connotation jouvencelle. L'acteur et son acolyte, Pat Morita, rempilent dans Karaté Kid 2 : Le Moment de Vérité (John G Avildsen, 1986) et Karaté Kid 3 (John G Avildsen, 1989).
Mais, à la fin des années 1980, Ralph Maccio n'est plus ce jeune éphèbe insouciant et intrépide. L'acteur ne peut plus se cacher derrière son visage pré-pubère et enfantin. Que soit. Il est alors remplacé par son pendant féminin en la personne d'Hilary Swank dans Miss Karaté Kid (Christopher Cain, 1994). Cérémonieux, Pat Morital répond doctement à l'appel.

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Corrélativement, la franchise n'est plus cette saga flamboyante de naguère. Fin de la licence Karaté Kid détrônée par un nouvel acteur, Jean-Claude Van Damme (JCVD) et ses pirouettes spectaculaires. Conjointement, Will Smith, acteur bankable de la planète Hollywood, décide d'exhumer la saga de son sépulcre en 2010, avec un remake éponyme, cette fois-ci réalisé par les soins d'Harald Zwart. C'est même toute la famille Smith qui vient s'immiscer dans le projet puisque Jada Pinka Smith, l'épouse de Will Smith, s'ajoute également aux inimitiés.
Jaden Smith, le fils des deux tourtereaux, devait donc lui aussi se fourvoyer dans le projet. Le jeune comédien vient donc chiper la vedette à Ralph Maccio, désormais trop chenu pour reprendre son rôle de jadis.

Même remarque concernant Pat Morita. Que l'acteur blafard se rassure. Il est remplacé par un autre parangon des arts martiaux en la personne de Jackie Chan. Inutile de présenter l'exégèse ni la carrière de ce comédien asiatique, souvent comparé - et à tort - à Bruce Lee. A défaut de posséder l'érudition et la dextérité du Petit Dragon, Jackie Chan s'est essentiellement illustré dans le registre de la kung-fu comedy. En outre, Karate Kid version 2010 semble marquer une étape prééminente dans la filmographie de l'acteur.
Désormais sexagénaire, Jackie Chan ne peut plus effectuer ses cascades insensées, celles qui ont érigé son charisme et sa formidable prestesse pendant presque trois décennies.
Au niveau de la distribution, viennent également s'agréger Taraji P. Henson, Wenwen Han et Rongguang Yu. 

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A noter aussi l'apparition furtive mais néanmoins remarquer de Michelle Yeoh dans le rôle de cette femme au serpent à la prestesse étonnante. Attention, SPOILERS ! Lorsque la carrière de sa mère l'entraîne à Benjing en Chine, le jeune Dre Parker doit faire face à des changements radicaux. Au bout de quelques jours, il se retrouve mêlé à une altercation au sein de son école, impliquant Cheng, l'un des garçons les plus doués en Kung Fu et qui lui fait définitivement perdre le respect de ses camarades de classe. Témoin de cet affrontement, Mr Han, professeur de Karaté à la retraite, embauché par les Parker comme chauffeur et assistant, décide d'aider Dre à regagner le respect de son entourage.
Difficile de ne pas se montrer un tantinet circonspect à l'aune de ce nouveau remake et surtout de cette exégèse.

Que pouvait bien nous raconter ce Karaté Kid version 2010 ? De surcroît, le film doit aussi se colleter avec une concurrence pléthorique désormais agencée par Scott Adkins et la saga The Raid réalisée par les soins de Gareth Evans. En fait, la question consiste à se demander comment un jeune bambin de 12 ou 13 ans (tout au plus) peut contrarier l'hégémonie et la vélocité arrogante de tous ces parangons du cinéma d'arts martiaux... A défaut d'offusquer l'omnipotence de ces figures despotiques, Karaté Kid renouvelle avec cette frugalité de jadis, celle qui a couronné Sylvester Stallone en son temps et avec la figure mythique de Rocky Balboa. De facto, Karaté Kid opère un constat d'une redoutable actualité. 
Malicieux, le film joue la carte de la xénophobie latente, de l'(in)tolérance et de l'intégration d'un jeune Afro-Américain en Chine. 

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Toute la subtilité de ce remake repose sur le prisme de cette socialisation. Or, l'assimilation a un prix. Pour se faire accepter dans sa nouvelle école, Dre Parker devra tout d'abord adopter les us et les coutumes de son pays hôte, s'escarper puis se coltiner avec des élèves asiatiques. Viennent donc s'interposer les barrières, toujours spinescentes, de la culture et du langage. Toujours la même antienne. L'assimilation naîtra finalement de cette étrange symbiose entre un ancien maître dépité et la naissance resplendissante de son nouvel élève, à savoir celui d'un fidèle dévot qui accepte de se retrousser les manches et d'enfiler continûment sa veste.
Docile, Dre Parker ne comprend rien à la fastidiosité d'un tel exercice. Mais les arts martiaux s'imprègnent justement des gestes et des accoutumances de notre vie quotidienne. Sous l'égide et le regard bienveillant de Jackie Chan, Jaden Smith devient, le temps de deux heures et vingt minutes de bobine, ce guerrier crâne, pugnace et discipliné. 
Soit une autre façon de voir et d'envisager les arts martiaux. Reconnaissons que l'on n'attendait pas autant de finesse et de sagacité de la part de Will Smith et de son épouse, qui diligentent les opérations, ainsi que la production du film.
En résulte un remake probe et tout à fait recommandable, à défaut de s'inscrire dans le haut du panier.

 

Note : 13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver