Genre : science-fiction
Année : 2017
Durée : 2h32
Synopsis : Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…
La critique :
2012. Une date fatidique et rédhibitoire pour la saga Star Wars. Opportuniste, la firme Walt Disney Pictures annonce le rachat de l'entreprise LucasFilm. L'objectif ? Non seulement poursuivre la franchise via une nouvelle trilogie, mais aussi proposer plusieurs épisodes alternatifs, le but étant d'exploiter l'univers de Star Wars à satiété. A juste titre, les thuriféraires de la série pouvaient craindre une exploitation cupide et mercantile de cet univers épars, à la fois régenté par la Force, les Jedi, des extraterrestres polymorphes et dolichocéphales et un Empire potentat.
De surcroît, la dernière trilogie en date (les épisodes I, II et III) a laissé une impression plutôt mitigée via sa profusion d'écrans verts et d'effets spéciaux joliment surannés. George Lucas n'est plus ce réalisateur ingénieux de naguère, celui qui a signé THX 1138 (1971) il y a plusieurs décennies.
Le producteur s'est laissé dévoyer et appâter par le lucre, le marketing et le merchandising. George Lucas est alors prié de rester gentiment dans ses pénates. Sous l'égide de Walt Disney, la saga Star Wars se doit de visiter de nouvelles anfractuosités. C'est dans cette dialectique que Star Wars - Episode 7 : Le Réveil de la Force est confié aux soins et à l'érudition de J.J. Abrams en 2015. Les adulateurs de la franchise exultent. Ce nouveau chapitre se solde logiquement par un succès pharaonique au box-office américain et dans le monde entier. La saga Star Wars est de retour.
A contrario, Le Réveil de la Force divise. Si le film respecte indubitablement le cahier des charges, ce septième opus s'apparente, in fine, à un remake à peine déguisé d'Un Nouvel Espoir (George Lucas, 1977). Paradoxalement, le long-métrage rompt avec la didactique des chapitres I, II et III qui avaient une forte consonance politique.
Pour J.J. Abrams et surtout Walt Disney Pictures, la saga doit avant tout flagorner le grand public, de préférence, en coalisant les 7 à 77 ans. Star Wars doit donc renouer avec cette nonchalance et cette tonitruance de jadis, celle qui a couronné le succès dantesque des épisodes IV, V et VI. Une requête ouïe par J.J. Abrams et ses ouailles. Studieux, le réalisateur Gareth Edwards remplissait doctement son office avec Rogue One : A Star Wars Story (2016).
Rian Johnson est alors engagé pour signer Les Derniers Jedi. Le cinéaste s'est déjà illustré par le passé en réalisant Une Arnaque presque parfaite (2008), Looper (2012) et un épisode de la série télévisée Breaking Bad en 2010. Quant à J.J. Abrams, ce dernier joue les producteurs avisés et surtout délégués. Inutile alors de préciser que Les Derniers Jedi est attendu avec impatience par les thuriféraires.
A l'instar de Le Réveil de la Force, certains fans craignent que le huitième chapitre ne soit finalement que le remake de L'Empire Contre-Attaque (Irvin Kershner, 1980). Coup de semonce dans la franchise. Le jour même de sa sortie, Les Derniers Jedi suscite à la fois les flagorneries et les anathèmes. D'un côté, les contempteurs tancent et maronnent après une production iconoclaste qui transgresse les codes et les préceptes de la franchise. De l'autre, ce huitième épisode est littéralement encensé et adoubé comme le meilleur film des trois sagas réunies.
L'omnipotence de L'Empire Contre-Attaque serait détrônée. Reste à savoir dans quelle catégorie s'inscrit le film de Rian Johnson : un "naveton" avarié ou une réussite artistique ? Réponse à venir dans la chronique... La distribution de ce nouvel épisode réunit Daisy Ridley, Adam Driver, Oscar Isaac, John Boyega, Mark Hamill, Carrie Fisher, Kelly Marie Tran, Benicio del Toro, Laura Dern, Andy Serkis, Gwendoline Christie, Anthony Daniels, Justin Theroux et Frank Oz.
On stipulera aussi les caméos de Gareth Edwards et de Tom Hardy. Attention, SPOILERS ! (1) La Résistance menée par Leia Organa lutte contre le Premier Ordre du leader suprême Snoke et de son bras armé Kylor Ren, qui n'est autre que Ben Solo, le fils de Leia et de Han Solo, ancien padawan de Luke Skywalker qui a basculé du côté obscur de la Force. Luke, le dernier Jedi, s'est exilé sur une planète reculée ; la Résistance et le Premier Ordre fouillent la galaxie pour le retrouver.
Dans le même temps, une jeune pilleuse d'épaves solitaire, Rey, va progressivement se découvrir sensible à la Force et la contrôler. Elle va faire la connaissance du Stormtrooper en fuite Finn et de ses acolytes avant de rejoindre les rangs de la résistance. Après avoir affronté puis dominé Kylo Ren, Rey part retrouver Luke Skywalker sur une planète océanique où elle lui remet son sabre laser (1).
Pendant ce temps, la Résistance est inlassablement traquée par les vaisseaux du Premier Ordre. La guerre ne fait que commencer... Premier constat, Les Derniers Jedi s'inscrit dans le sillage et le continuum de Rogue One et de Le Réveil de la Force. A l'instar de J.J. Abrams et de Gareth Edwards, Rian Johnson n'a pas de velléités politiques ni idéologiques. Ainsi, l'action de Les Derniers Jedi commence là où s'étaient arrêtés les événements de son auguste devancier.
Pas question de changer une formule gagnante. Toutefois, Rian Johnson a d'autres aspérités et oblique vers des directions impromptues, de quoi désarçonner les thuriféraires de la saga, ou à contrario, de les transporter au firmament de la franchise. Sur ce dernier point, certains esprits dubitatifs ne manqueront pas d'ergoter sur certains menus détails.
Ainsi, de nouveaux personnages prééminents décèdent dans ce nouveau chapitre. En l'état, difficile d'en dire davantage. Contrairement à J.J. Abrams, Rian Johnson cherche à réinventer et à s'approprier la franchise via une mise en scène clinquante et tonitruante qui renoue avec la trilogie d'antan. Non, Les Derniers Jedi n'est pas le remake infatué de L'Empire Contre-Attaque. Oui, le film de Rian Johnson est supérieur à Le Réveil de la Force. Exit une première heure assez fastidieuse et poussive, Les Derniers Jedi revêt toute sa quintessence lorsque Rey s'éveille enfin à la Force.
C'est sans aucun doute le point culminant de ce huitième chapitre. Malicieux, Rian Johnson se permet de sonder et de décrypter la genèse de la Force. Pour le metteur en scène, la Force s'apparente, de facto, à une variation cosmologique de l'énergie sombre. Autrement dit, "la lumière doit pourvoir à l'obscurité".
Une assertion qui semble dicter la rhétorique de ce huitième volet. C'est donc sur une planète océanique et esseulée que Rey va découvrir les arcanes de cette Force étrange qui nimbe à la fois la nature, les planètes et les êtres vivants et établit cette curieuse jonction entre la vie, la mort, le bien et le mal. Pour conscientiser cette force intérieure, Rey doit cerner sa propre solitude et réverbérer sa propre image dans la pénombre. C'est donc au fond d'un trou noir indicible et au sein d'un néant abyssal que se trouve la réponse à cette Force inexpugnable. Contre toute attente, Luke Skywalker n'est plus ce guerrier insouciant et fougueux de jadis. L'ancien chevalier a répudié les préceptes des Jedi pour épouser l'exil, le retranchement et la résipiscence. Evidemment, un tel traitement ne manquera pas de faire tiquer les fans de la première heure. A contrario, Leia, la soeur de Luke, est cette guerroyeuse téméraire, capable d'utiliser et de maîtriser la force lors d'une conflagration spatiale.
Une autre séquence qui fera sûrement grincer des dents... Indiscutablement, Rian Johnson se hasarde sur des chemins escarpés mais étaye un scénario souvent passionnant. Qui plus est, le cinéaste développe certains protagonistes prédominants. Le personnage de Kylo Ren resplendit enfin par sa fourberie et sa malfaisance. A l'inverse, on pestera après le traitement trop élusif de Snoke. A défaut de contrarier l'hégémonie de L'Empire contre-attaque sur la franchise, Les Derniers Jedi renoue avec cette outrecuidance de naguère. Il faudra sans doute plusieurs années pour juger (jauger...) le réel impact de ce huitième chapitre de la saga.
Nul doute qu'il conservera, avec les décennies et les années, un parfum de souffre ainsi qu'une tonalité mortifère, notamment avec le décès de Carrie Fisher. En outre, l'actrice et Mark Hamill livrent une excellente partition et chipent même la vedette à la magnifique Daisy Ridley.
Note : 15/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Star_Wars,_%C3%A9pisode_VIII_:_Les_Derniers_Jedi