faces of death 4

Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire, "documenteur" (interdit aux - 18 ans)
Année : 1990
Durée : 1h29

Synopsis : Ce quatrième volet de la saga Face à la Mort nous présente de nouvelles vidéos virulentes et nauséabondes, avec pour thème de prédilection la mort et ses corollaires. 

La critique :

Le nom de John Alan Schwartz est bien connu des thuriféraires du cinéma trash, gore et extrême... et pour cause puisque le cinéaste reste le célèbre démiurge de Face à la Mort - ou Faces of Death de son titre original - une pellicule rougeoyante et condescendante sortie en 1978. A l'époque, le documentaire morbide de John Alan Schwartz devient le nouveau film à occire et à abattre. Flanqué d'une interdiction aux moins de 18 ans, Faces of Death est même interdit puis banni dans 46 pays. Pendant très longtemps, Face à la Mort a détenu le triste record du nombre d'interdictions, renvoyant par ailleurs Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) dans ses pénates.
La raison d'une telle rebuffade ? 
Face à la Mort propose une litanie de saynètes, particulièrement choquantes et érubescentes, à priori bien réelles. 

Tout du moins, c'est ce que croient ingénument les adulateurs médusés. Hélas ou heureusement (vous choisirez), la plupart des séquences sont simulées et donc jouées par des acteurs amateurs. Malgré cette habile supercherie, les vidéophiles s'arrachent la VHS dans les vidéoclubs. Le principe de Faces of Death ? Scruter et décrypter Dame Faucheuse au plus près jusqu'à épier des morts en direct et avec la caméra complice et mercantile de John Alan Schwarz. 
Malicieux, le cinéaste a parfaitement cerné le subterfuge et dissimule sa véritable identité sous le pseudonyme de Conan Le Cilaire. A contrario, certaines cascades accidentelles, ainsi que d'autres saynètes mortifères, seraient véridiques. Mais à priori, au moins 95% des séquences présentées seraient calomnieuses et mensongères.

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De facto, Face à la Mort s'ébaudit de cette dissonance et de cette frontière ténue entre la fiction et la réalité. A l'époque, Faces of Death est perçu comme une pellicule aussi arrogante que novatrice. Pourtant, sur la forme, le film de John Alan Schwartz n'est que le digne épigone de Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Paolo Cavara, 1962). En résumé, Face à la Mort n'a rien inventé. C'est donc le même Mondo Cane qui va engendrer et inspirer de nombreux homologues, la plupart du temps assez putassiers. Bienvenue dans le shockumentary !
Les fans de ce registre cinématographiques citeront aisément Shocking Asia (Rolf Olsen, 1976), Les Négriers (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1971), Les derniers cris de la savane (Antonio Climati et Mario Morra, 1975), Africa Addio (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1966), Mondo Hollywood (Robert Carl Cohen, 1967) et bien sûr, Face à la Mort.

Evidemment, le long-métrage de John Alan Schwartz ne fait pas exception. Sur la forme, Faces of Death n'est qu'un immense zapping de l'horreur relatant, entre autres, une fausse exécution à la chaise électrique, ainsi que la mise à mort et la dégustation (bien réelle) d'un chimpanzé. Opportuniste, John Alan Schwartz transmute sa pellicule en une franchise cupide et lucrative. Faces of Death 2 (1981) et Faces of Death 3 (1985) sont donc réalisés dans la foulée.
Peu ou prou de surprise au programme si ce n'est une succession de meurtres, de mises à mort, de séquences martiales, d'accidents de la route et autres décès accidentels. En outre, Faces of Death 3 renâclait l'arnaque et la supercherie à plein nez avec une nette baisse de régime. Faces of Death 4, sorti en VHS en 1990, se devait de réitérer avec les inimitiés.

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Une requête ouïe par John Alan Schwartz. Evidemment, le scénario fait partie des abonnés absents. Toutefois, à l'instar de ses devanciers, Faces of Death 4 est narré par une sorte de professeur avisé. Pourquoi changer une formule gagnante ? Ainsi, le préambule du film démarre via une succession d'accidents de la route. Au programme des tristes réjouissances, plusieurs crânes fracassés contre les parebrises de leur véhicule et bien sûr la mort au rendez-vous.
Ce nouveau diaporama de l'horreur se prolonge même sur l'arrivée des secours. Ainsi, nous assistons béatement à l'évacuation d'un homme sévèrement estropié par une automobile accidentée, sa jambe gauche tuméfiée restant suspendue sur le brancardier. En l'état, difficile de ne pas s'interroger sur la crédibilité des saynètes proposées.

Par exemple, comment se fait-il que personne ne conjure le caméraman de cesser de filmer ? Pourquoi de tels accidents, aussi atroces que sanguinolents, ne sont-ils pas nimbés par le respect de la confidentialité ? Evidemment, à ces questions, point de réponse si ce n'est de longues introspections sur la mort. Sur ce dernier point, la position de John Alan Schwartz n'a pas changé d'un iota. En résumé, la vie ne tient qu'à un fil. Toujours la même ritournelle...
C'est sûrement pour cette raison que le sport, et plus précisément ici le saut à l'élastique, devient le nouvel apanage de Face à la Mort 4
Autant l'annoncer de suite, ce quatrième chapitre de la franchise respecte largement le cahier des charges. Fidèle à ses doctrines moribondes, Faces of Death 4 s'appesantit doctement sur le massacre d'animaux.

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Par ailleurs, le "documenteur" n'élude pas toujours les stéréotypes habituels, qui plus est, avec une pointe de xénophobie sous-jacente. C'est bien connu... Les Chinois sacrifient puis mutilent des canidés pour ensuite les tortorer... Vous l'avez donc compris. Faces of Death 4 n'a donc pas usurpé son interdiction aux moins de 18 ans. Dans ce quatrième méfait, plusieurs séquences ne manqueront pas d'estourbir durablement vos persistances rétiniennes. C'est par exemple le cas lorsque le crâne d'un prestidigitateur est écrasé par un poids de plusieurs tonnes.
A l'instar de ses augustes prédécesseurs, Faces of Death 4 n'est pas exempt de tout reproche. 
Une fois de plus, John Alan Schwartz fait preuve de complaisance. Pis, il reprend même la fameuse saynète de peine de mort par électrocution. Néanmoins, hormis cette surenchère dans l'horreur, Faces of Death 4 se révèle tout de même supérieur au troisième épisode. Ce qui n'était pas trop difficile non plus. Pour les thuriféraires de la franchise, il existe un Faces of Death 5 (1995), à savoir une compilation des "meilleurs moments" - si j'ose dire... - de la saga. Cette dernière se conclura avec Faces of Death 6 (1996) qui prend la forme d'un documentaire (cette fois-ci, un vrai !) se polarisant sur les fondements de la franchise, ainsi que sur sa conception et sa réalisation.

Note : 11/20

sparklehorse2 Alice In Oliver