dernière maison sur la gauche 1972

 

Genre : horreur, gore, slasher, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1972
Durée : 1h21

Synopsis : Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac. Leur fille, Mari, et sa copine Paige ne vont pas tarder à se faire enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tentera de rejoindre à la nage la demeure familiale, sa dernière chance de survie. 

La critique :

A tort, La Dernière Maison sur la Gauche, réalisée par Wes Craven en 1972, est considérée comme le tout premier rape and revenge. Pourtant, à l'origine, le long-métrage est le remake de La Source (1960) d'Ingmar Bergman. Nébuleux, le film originel propose un voyage aux contrées des ténèbres. Or, ce crépuscule ne vient pas se nimber de décors ombrageux et n'a pas d'aspérités ténébreuses. A contrario, le "mal" se produit au coeur d'une forêt et au sein d'une nature primordiale. Ou lorsque les pulsions satyriasiques d'une bande de tortionnaires retrouvent leur archaïsme bestial et primaire lors d'une agression sur une adulescente. Or, le viol et les diverses impudicités se déroulent à la lisière d'une rivière. Cette source constitue l'autre personnage prééminent du film.
Dès lors, La Source s'auréole de symboliques mortifères criant haro et vengeance sur ces agresseurs haillonneux.

De surcroît, le film se veut éminemment complexe, la forêt devenant à son tour un protagoniste mystique et métaphysique à part entière. Wes Craven admire et encense cette pellicule inconvenante. La Source devient alors l'ancêtre du rape and revenge puisque le cinéaste souhaite adapter cette histoire via un remake. Ce sera La Dernière Maison sur la Gauche. Ironie du sort. A l'orée des années 1970, le métrage de Wes Craven se transmute en une production impudente et iconoclaste qui vient sonner le tocsin de la révolution sexuelle, culturelle et sociologique dans le monde occidental.
La guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, entre autres, deviennent les nouvelles cibles d'une jeunesse à la fois insoumise, dissidente, pacifiste et hédoniste en pleine rémission contre le système protectionniste et patriarcal de jadis.

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En l'occurrence, La Dernière Maison sur la Gauche constitue aussi le tout premier long-métrage de Wes Craven, encore étudiant à l'époque. Matois, le jeune cinéaste requiert la dextérité et l'érudition de Sean S. Cunningham à la production. Ce dernier l'ignore encore. Mais dix ans plus tard, il revêtira les oripeaux de Vendredi 13 (1980) et proposera un slasher délicieusement érubescent, dans la lignée et la foulée d'Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978).
Par la suite et à l'instar de John Carpenter, Wes Craven s'arrogera la couronne du maître de l'épouvante via plusieurs pellicules notoires, notamment La Colline A Des Yeux (1977), Les Griffes de la Nuit (1984) et la saga Scream. Quant à La Dernière Maison sur la Gauche, le film ouvre la boîte de Pandore et inspire de nombreux succédanés.

Que ce soit Crime à Froid (Bo Arne Vibenius, 1974), Le dernier train de la nuit (Aldo Lado, 1975), La Louve Sanguinaire (Rino Di Silvestro, 1976), Oeil pour Oeil (Meir Zarchi, 1978), ou encore L'Ange de la Vengeance (Abel Ferrara, 1981), toutes ces productions marqueront durablement les persistances rétiniennes et s'octroieront le statut de film culte. Evidemment, La Dernière Maison sur la Gauche n'échappe pas à une telle rhétorique. D'autant plus que le long-métrage de Wes Craven suscite la polémique, les invectives et les controverses.
Souvent considéré comme l'un des films les plus violents de toute l'histoire du cinéma, La Dernière Maison sur la Gauche devient la production à abattre. Le métrage écope d'une interdiction d'exploitation au Royaume-Uni. 

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Wes Craven doit également supporter les invectives et les anathèmes. Il lui faudra cinq longues années avant de rebondir. Mais le cinéaste n'en a cure. Toutes ces saillies ne l'empêcheront pas de réaliser une autre pellicule âpre, violente et condescendante : La Colline A Des Yeux. Ironie du sort, La Dernière Maison sur la Gauche connaîtra à son tour un remake éponyme en 2009, réalisé par Dennis Iliadis et produit par les soins de Wes Craven qui souhaite superviser les opérations.
La distribution de cette première version se compose de Sandra Cassel, Lucy Grantham, David Hess, Fred J. Lincoln, Jeramie Rain et Marc Sheffler. A noter aussi l'apparition furtive de Steve Miner, le futur réalisateur de Warlock (1989), dans le rôle d'un hippie. Attention, SPOILERS ! Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac.

Leur fille, Mari, et sa copine Paige ne vont pas tarder à se faire enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tentera de rejoindre à la nage la demeure familiale, sa dernière chance de survie. Pour ceux et celles qui ont eu l'heur de visionner le film d'Ingmar Bergman, ils ne seront pas surpris par cette exégèse. En outre, le synopsis de La Dernière Maison sur la Gauche est peu ou prou analogue.
Seule différence et pas des moindres. L'histoire qui nous est contée serait inspirée de faits réels. Une information à minorer et à mettre au conditionnel. A l'époque, le public ulcéré n'a pas encore assisté aux élucubrations de Tobe Hooper et de son Massacre à la Tronçonneuse (1974). Les spectateurs sont donc priés de scruter au plus près une violence sournoise et irrévocable.

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Paradoxalement, La Dernière Maison sur la Gauche adopte, en concomitance, un ton truculent et bucolique. Cette goguenardise s'affiche complaisamment lorsque le film se hasarde à montrer les péripéties de deux flics en déveine. Corrélativement, le long-métrage prend des allures pastorales lorsque les animosités se déroulent au coeur d'une forêt. Deux jeunes femmes, Mari et Phyllis, deviennent les victimes atrocement torturées, violées et suppliciées par une bande de tortionnaires.
En insurrection, Wes Craven s'attarde longuement sur les inimitiés et sur une suite d'agapes et de priapées. La première partie du film se veut résolument âpre et rédhibitoire. Hélas, Mari et Phyllis n'échapperont pas à un sort funeste. L'eau et la nature environnante deviennent aussi des éléments centraux et prédominants dans cette série de sadismes et d'ignominies.

Puis, dans la seconde partie, Wes Craven varie les belligérances. Cette fois-ci, la didactique tend à s'inverser. Le hasard vient se mêler aux hostilités. Contre toute attente, notre bande de forcenés atterrit dare-dare dans la demeure opulente des parents de Mari. Le couple de bourgeois comprend rapidement le subterfuge et applique une justice expéditive. A leur tour, les parents cossus adoptent des comportements sociopathiques. Ingénieux, Wes Craven invite le spectateur à prendre parti pour cette justice inique et impartiale qui se terminera dans la mort, la putréfaction et le sang. 
Si La Dernière Maison sur la Gauche a bien souffert du poids des années, le film reste néanmoins d'une étonnante impertinence. Pour triompher de ses convives psychopathiques, la mère de Mari s'agenouille et lèche langoureusement le sexe ithyphallique de sa future victime. Une séquence qui se parachèvera par une émasculation... In fine, La Dernière Maison sur la Gauche, c'est cette confrontation entre une jeunesse violente et eudémoniste et cette société patriarcale appelée à péricliter. A l'image de ce père pleutre et débonnaire qui aura toutes les peines du monde à se débarrasser du chef de la bande. Sous ses faux airs de slasher désargenté, le film tient bien un message radical, idéologique et sociétal. Cependant, difficile de ne pas pester ni clabauder après cette mise en scène prosaïque et rudimentaire qui ne manquera pas d'effaroucher les cinéphiles plus avisés.
Pour une fois, le remake est arrivé à point nommé...

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver