fortress

 

Genre : science-fiction, action (interdit aux - 12 ans) 
Année : 1993
Durée : 1h35

Synopsis : Dans un futur proche, sur une Terre surpeuplée où chaque femme ne peut avoir qu'un seul enfant, John Brennick est un hors-la-loi. Après la mort de leur premier enfant, sa femme a mis au monde un second bébé. Pour cette faute, John et son épouse sont envoyés dans une prison de haute sécurité. Dès son arrivée, il n'aura plus qu'une seule idée en tête : s'évader. 

La critique :

Depuis le milieu des années 1980, Stuart Gordon fait partie de ces parangons du cinéma bis. Un statut qu'il s'octroie arrogamment via son tout premier long-métrage, Re-Animator (1985). Ce film gore et d'épouvante, adapté d'une nouvelle de Lovecraft, revisite à sa façon la dialectique ânonnée à la fois par le mythe de Frankenstein et La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968). Ou lorsqu'un savant fou est atteint par le complexe d'Icare et ressuscite les morts de leurs sépulcres. En résulte une pellicule outrageante et délicieusement outrecuidante.
Certes, par la suite, Stuart Gordon réalisera encore quelques productions fulgurantes mais ne réitérera pas les prouesses érubescentes de Re-Animator. Toutefois, attention à ne pas minorer des oeuvres horrifiques et fantastiques telles que From Beyond - Aux portes de l'au-delà (1986), Dolls - Les Poupées (1987), Castle Freak (1995), Dagon (2001), King of the Ants (2003), ou encore Stuck (2007).

Malencontreusement, Stuart Gordon s'est aussi enlisé dans les nanars et les productions impécunieuses, comme en témoigne la sortie de Robot Jox en 1990. Après cette expérience d'infortune, Hollywood décide néanmoins de lui attribuer un budget beaucoup plus onéreux pour réaliser Fortress en 1993. Nanti d'un budget de dix millions de dollars environ (ce qui est plutôt confortable à l'époque), le film bénéficie d'une exploitation dans les salles de cinéma... et pour cause puisque c'est Christophe Lambert qui toise hardiment le haut de l'affiche. A l'époque, le comédien ressort dépité de l'expérience douloureuse vécue par Highlander, le retour (Russell Mulcahy, 1990).
Une rebuffade artistique et commerciale qui va le poursuivre inexorablement tout au long de sa carrière avec d'autres "navetons" avariés, notamment Highlander 3 (Andy Morahan, 1994), Mortal Kombat (Paul W.S. Anderson, 1995), Nirvana (Gabriele Salvatores, 1997), Beowulf (Graham Baker1999), ou encore Résurrection (Russell Mulcahy, 2000).

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En l'occurrence, Fortress sera présenté en compétition lors du festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1993, mais essuiera un camouflet. Corrélativement, les critiques et la presse cinéma s'acharnent sur Christopher Lambert. L'interprète est agonisé d'injures et certains cinéphiles avisés commencent à s'interroger sur le réel potentiel de l'acteur. Rappelons que ce dernier s'était illustré par le passé dans Greystoke, la légende de Tarzan (Hudson, 1984) et le premier Highlander (Russell Mulcahy, 1985). A l'époque, tout le monde lui prédit une carrière foisonnante et salvatrice.
Une chimère. A contrario, Fortress rentabilise largement son budget imparti, à tel point qu'une suite, Fortress 2 : Réincarcération, sera réalisée par les soins de Geoff Murphy en 1999. En outre, ce second chapitre fait office de nanar décérébré. Un de plus dans la filmographie de Christophe Lambert.

Hormis l'acteur, la distribution de Fortress se compose également de Kurtwood Smith, Loryn Loklin, Clifton Collins Jr., Lincoln Kilpatrick, Jeffrey Combs, Tom Towles et Vernon Wells. Attention, SPOILERS ! Dans un futur proche, sur une Terre surpeuplée où chaque femme ne peut avoir qu'un seul enfant, John Brennick est un hors-la-loi. Après la mort de leur premier enfant, sa femme a mis au monde un second bébé. Pour cette faute, John et son épouse sont envoyés dans une prison de haute sécurité. Dès son arrivée, il n'aura plus qu'une seule idée en tête : s'évader. 
Autant l'annoncer de suite. Dans la filmographie de "Nanar" Lambert, Fortress apparaît comme une sorte de série B lucrative néanmoins réalisée par un orfèvre du cinéma bis. En mode pilotage automatique, Stuart Gordon se contente de suivre les injonctions de producteurs hollywoodiens mercantiles.

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Difficile de reconnaître le style virulent et condescendant de celui qui réalisa, jadis, Re-Animator. De surcroît, Fortress n'a pas de telles velléités rougeoyantes même si Stuart Gordon nous gratifie, ici et là, de plusieurs saynètes gore et sanguinolentes. Par instants, le cinéaste retrouve ses bons vieux réflexes de naguère. Pendant sa première demi-heure, Fortress fait vaguement illusion. Par certaines analogies, cette série B science-fictionnelle n'est pas sans rappeler certaines pellicules d'anticipation des années 1970, entre autres, Soleil Vert (Richard Fleischer, 1973) et L'Âge de Cristal (Michael Anderson, 1976). Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là.
Toutefois, on retrouve tout de même certains attraits pour les grandes préoccupations de notre temps, à savoir la surpopulation et cette inquiétude démographique.

Alors que la population mondiale croît à une vitesse exponentielle, les réserves naturelles s'amenuisent. Pour juguler et maîtriser les naissances, il faut donc pratiquer une politique malthusienne. Comprenez : "une politique despotique" qui consiste à arrêter puis à écrouer des jeunes femmes un peu trop fécondes, ainsi que leurs époux d'infortune. Tel est le monde hiératique décrit par Fortress. Hélas, cette doxa idéologique est abandonnée pour mieux se focaliser sur une prison de haute technologie.
"Le crime ne paie pas". Tel est l'aphorisme dogmatique péroré par des machines assujetties à la doxa carcérale
. Pis, ces dernières arpentent les couloirs de la prison pour s'immiscer dans les fantasmagories oniriques des forçats. Au détour d'un rêve érotique, Christophe Lambert - alias John Brennick - est surpris en plein péché de concupiscence (avec sa femme) par le directeur en personne.

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Aussitôt surpris, aussitôt convoqué. Pas de bol pour Brennick. Non seulement sa femme est elle aussi retenue prisonnière, mais celle-ci s'est acoquinée avec le directeur de la forteresse technologique. Mais que Brennick se rassérène. Le susdit directeur - un certain M. Poe - n'est autre qu'une machine à visage humain. Dès lors, Brennick subit tout un tas de tortures mentales et d'impudicités. Après quatre longs mois d'amnésie généralisée, il retrouve néanmoins la mémoire et son identité.
Grâce à la complicité de plusieurs prisonniers, Brennick peut enfin fomenter un complot pour s'évader. Voilà pour les inimitiés ! Vous l'avez donc compris. Fortress brille avant tout par sa vacuité, son inanité et son scénario alambiqué. Pour ceux qui attendent un nouvel Midnight Express (Alan Parker, 1978), merci de quitter gentiment leur siège et de retourner dans leurs pénates ! Au pire, Fortress est une production assez ridicule - à la limite du nanar écervelé - à peine sauvé par le cabotinage de Christophe Lambert. Au mieux, Fortress fait office de série B éparse qui oblique un peu... beaucoup... énormément dans tous les sens. Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver