Genre : action, arts martiaux
Année : 2005
Durée : 1h49
Synopsis : A l'approche du Festival de l'eau de Songkran, le père de Kahm est convaincu que son éléphant bien-aimé est suffisamment princier pour déambuler dans les jardins du roi. Il rend visite au chef du village qui le persuade de faire examiner soigneusement son éléphant afin de vérifier s'il satisfait à l'ensemble des critères. Il s'agit en réalité d'une ruse destinée à subtiliser l'éléphant... Une bagarre s'engage alors au cours de laquelle Kham apprend que ses chers éléphants sont voués à être envoyés en... Australie. Voyageant hors de son pays pour la première fois de sa vie, Kham se rend à Sydney à la recherche des éléphants, désormais aux mains de Madame Rose, une impitoyable chef de gang particulièrement férue de créatures en voie de disparition...
La critique :
Réalisateur, scénariste et producteur de cinéma thaïlandais, Prachya Pinkaew n'a jamais caché son extatisme pour le cinéma d'arts martiaux, qu'il décide de réinventer avec Ong-bak en 2003. Lors de sa projection dans divers festivals, ce film d'action est plébiscité par Luc Besson. Le cinéaste et producteur français succombe au charme de cette pellicule iconoclaste qui rompt avec les films d'arts martiaux des années 1970. Ong-bak brise également la dialectique ânonnée par toutes ces productions hongkongaises sorties dans les années 1990. Finies les saynètes d'action truculentes et les déflagrations ad nauseam ! Le secret d'Ong-bak ? C'est sûrement de renouer avec le mano a mano.
Les coups sont réellement portés par les acteurs. Même chose pour les cascades qui sont effectuées par les comédiens. Ainsi, par sa philosophie et sa déontologie, Ong-bak exalte les valeurs de l'opiniâtreté, de la vaillance et du dépassement de soi.
Le long-métrage peut également s'appuyer sur le charisme et la prestesse de Tony Jaa, un expert chevronné dans le Taekwondo et la gymnastique. Les déplacements frénétiques et virevoltants de l'acteur deviennent les nouveaux leitmotivs du cinéma d'arts martiaux, subrepticement transformé en champ de guerre et en jeu vidéo. Le principe d'Ong-bak est donc à la fois laconique et rudimentaire. Un jeune homme intrépide est à la recherche de la tête d'une statuette de Bouddha.
Pour la récupérer, il devra faire preuve de longanimité et surtout se colleter avec des guerriers virulents et eux aussi experts dans les cascades périlleuses. Opportuniste, Prachya Pinkaew a bien l'intention de reprendre benoîtement la formule laconique d'Ong-bak pour son nouveau film, à savoir L'honneur du dragon, sorti en 2005.
A l'instar d'Ong-bak, L'Honneur du Dragon se soldera par un succès pharaonique en Thaïlande et s'exportera même plutôt bien en dehors de ses frontières asiatiques. Toutefois, le métrage ne réitérera pas les mêmes scores au box-office que son auguste devancier. Que Prachya Pinkaew se rassérène. Ce nouveau film d'arts martiaux rapportera suffisamment de bénéfices et de pécune pour réaliser un second chapitre, L'honneur du dragon 2 (Prachya Pinkaew et Panna Rittikrai, 2014). Pour L'honneur du Dragon premier du nom, Prachya Pinkaew retrouve évidemment Tony Jaa, son acteur fétiche et nouvelle égérie du cinéma d'action et d'arts martiaux.
Viennent également s'agréger Petchtai Wongkamlao, Bongkoj Khongmalai, Amonphan Gongtragan, Jing Xing, Nathan Jones et Johnny Tri Nguyen.
Attention, SPOILERS ! A l'approche du Festival de l'eau de Songkran, le père de Kahm est convaincu que son éléphant bien-aimé est suffisamment princier pour déambuler dans les jardins du roi. Il rend visite au chef du village qui le persuade de faire examiner soigneusement son éléphant afin de vérifier s'il satisfait à l'ensemble des critères. Il s'agit en réalité d'une ruse destinée à subtiliser l'éléphant... Une bagarre s'engage alors au cours de laquelle Kham apprend que ses chers éléphants sont voués à être envoyés en... Australie. Voyageant hors de son pays pour la première fois de sa vie, Kham se rend à Sydney à la recherche des éléphants, désormais aux mains de Madame Rose, une impitoyable chef de gang particulièrement férue de créatures en voie de disparition...
Vous l'avez donc compris. C'est donc la même équipe qui diligente ses services et son érudition pour L'Honneur du Dragon.
Le film doit alors revêtir les oripeaux boursouflés d'Ong-bak premier du nom. Prachya Pinkaew va-t-il définitivement asseoir sa notoriété sur le cinéma d'action thaïlandais ? A fortiori, L'Honneur du Dragon coalise tous les ingrédients pour s'inscrire dans le sillage et le continuum d'Ong-bak. Il suffit de prendre l'affiche du long-métrage pour s'en rendre compte. Ainsi, cette oriflamme cinématographique arbore un Tony Jaa atrabilaire en premier plan et d'autres illustres guerroyeurs en arrière-plan, dont un expert du sabre japonais et un bibendum irascible.
Certes, sur la forme, L'Honneur du Dragon remplit doctement son office. Les thuriféraires d'Ong-bak seront en terrain connu et quasiment conquis. Ainsi, la formule anomique d'Ong-bak est respectée à la lettre et à la virgule près.
Le scénario ? On s'en contrefiche royalement même s'il est vaguement question du kidnapping de plusieurs éléphants majestueux. Mais en gros, remplacez les pachydermes par la tête de la statuette de Bouddha, et vous obtenez le scénario d'Ong-bak. Quant à Tony Jaa, le comédien saltimbanque est égal à lui-même. Derechef, l'expert en arts martiaux offre une prestation fulgurante en termes de vélocité, de célérité et de séquences acrobatiques.
Ses mimiques et son jeu d'acteur restent, à contrario, sévèrement limités. Magnanime, Prachya Pinkaew nous gratifie de nombreuses saynètes d'action et de combat impressionnantes. En résumé, il faudrait vraiment faire la fine bouche pour ne pas se délecter de toutes ces séquences tourbillonnantes. A l'instar d'Ong-bak, L'Honneur du Dragon fonctionne à son tour comme un jeu vidéo grandeur nature (si j'ose dire...).
A chaque étage franchi, un boss supplémentaire. A chaque nouvelle étape, un guerrier hargneux à affronter. Pourtant, au moment du générique final, difficile réellement de s'extasier pour L'Honneur du Dragon. Contre toute attente, le film ne parvient pas à renouer avec la fougue et la tonitruance d'Ong-bak. La faute incombe essentiellement à une production convenue et souvent indigeste. De surcroît, la mise en scène brille avant tout par sa frugalité. De facto, difficile de s'attacher aux aventures et aux pérégrinations de Kham (Tony Jaa), qui passe son temps à se demander où sont cachés ses éléphants. In fine, le film de Prachya Pinkaew n'est pas exempt de tout reproche.
C'est par exemple le cas lorsque le cinéaste nous affuble d'une longue séance en images de synthèse se focalisant sur les ancêtres de Kham. A force de verser dans l'extrême et les situations hautement improbables, avec sa litanie de combattants flegmatiques et invulnérables, L'Honneur du Dragon finit par lasser et même par désarçonner. Visiblement, Prachya Pinkaew a oublié la genèse des films d'arts martiaux, à savoir cette action centrée sur une quête mais aussi sur une essence, une dévotion, un mysticisme et une spiritualité. Et c'est exactement ce qui manque à L'Honneur du Dragon.
Note : 10/20