Genre : horreur, épouvante, comédie
Année : 2009
Durée : 1h20
Synopsis : Dans un monde infesté de zombies, deux hommes tentent de survivre. Columbus, le plus jeune, est terrorisé à l'idée d'être dévoré. C'est une poule mouillée, mais sa prudence pourrait bien lui sauver la vie... Tallahassee, lui, est un chasseur de zombies qui ne craint plus rien ni personne. Armé d'un fusil d'assaut, il se donne corps et âme à la seule mission qui compte pour lui : trouver les derniers exemplaires de ses biscuits préférés, des Twinkies, encore disponibles sur Terre. Dans leur périple, les deux survivants sont rejoints par Wichita et Little Rock, deux jeunes filles. Tous ont désormais deux défis impossibles à relever : affronter les zombies et apprendre à s'entendre...
La critique :
En 1968, la sortie de La Nuit des Morts-Vivants, réalisée par George A. Romero, marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans le cinéma horrifique. Bien que nanti d'un budget dérisoire, le cinéaste américain signe un classique de l'épouvante. Le scénario du film repose sur un concept aussi simpliste que lapidaire. Quand il n'y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur Terre. Une dialectique que le metteur en scène réitèrera une décennie plus tard, avec Zombie, en 1978.
C'est ainsi que George A. Romero se lance dans une trilogie à la fois putride, politique, et idéologique à travers l'hégémonie de zombies décrépits. Ces créatures claudicantes et anthropophages préfigurent également la dernière absoute d'une société hédoniste et consumériste en des temps crépusculaires et eschatologiques.
George A. Romero conclut sa trilogie des morts via Le Jour des Morts-Vivants (1985), mais le film essuie un bide commercial. Le public commence sérieusement à se lasser de ces zombies putrescents qui assaillent et tortorent des groupes humains cloîtrés au beau milieu de nulle part. L'omnipotence de Romero sur le petit univers des zombies est contrariée par la sortie inopinée de Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985). Cette série B hâbleuse et impécunieuse coalise intelligemment horreur, gore, zombies dégingandés et la potacherie égrillarde.
Dès lors, les productions "zombiesques" s'accointent et s'acoquinent avec les truculences et l'humour pittoresque. Impression corroborée par plusieurs films à succès, notamment Braindead (Peter Jackson, 1992), Redneck Zombies (Pericles Lewnes, 1987), la trilogie Evil Dead agencée par les soins de Sam Raimi, Black Sheep (Jonathan King, 2008), Shaun of The Dead (Edgar Wright, 2004), ou encore le diptyque formé par Dead Snow et réalisé par Tommy Wirkolaw.
Vient également s'ajouter Bienvenue à Zombieland, de Ruben Fleischer, et sorti en 2009. Nanti d'un budget plutôt confortable, le film crée néanmoins la sensation au box-office en réalisant des scores pharaoniques. Très vite, Bienvenue à Zombieland s'octroie le statut de film culte via son quatuor azimuté, ses répliques cinglantes et la présence impromptue de Bill Murray. Qui aurait pu imaginer que l'ex-star de S.O.S. Fantômes (Ivan Reitman, 1984) viendrait s'ajouter aux inimitiés ? En outre, même les critiques se montrent (presque) unanimement dithyrambiques.
Succès oblige, Ruben Fleischer et ses prosélytes ont déjà annoncé la sortie d'une suite hypothétique. Mais à ce jour, aucune date n'a été corroborée. A priori, Ruben Fleischer et ses cacographes seraient en plein processus d'écriture.
Reste à savoir si Bienvenue à Zombieland mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Hormis Bill Murray (précédemment mentionné), la distribution du film se compose de Jess Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard et Mike White. Pour l'anecdote, l'idée du caméo était initialement conçue pour mettre en exergue le regretté Patrick Swayze. Hélas, pour des raisons de santé, le comédien sera obligé de décliner poliment l'invitation. Toutefois, d'autres acteurs populaires seront approchés, notamment Jean-Claude Van Damme, Dustin Hoffman, Sylvester Stallone, Mark Hamill, Joe Pesci, ou encore Kevin Bacon (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bienvenue_%C3%A0_Zombieland), mais sans succès. Mais ne nous égarons pas et procédons à l'exégèse du film.
Attention, SPOILERS ! Dans un monde infesté de zombies, deux hommes tentent de survivre. Columbus, le plus jeune, est terrorisé à l'idée d'être dévoré. C'est une poule mouillée, mais sa prudence pourrait bien lui sauver la vie... Tallahassee, lui, est un chasseur de zombies qui ne craint plus rien ni personne. Armé d'un fusil d'assaut, il se donne corps et âme à la seule mission qui compte pour lui : trouver les derniers exemplaires de ses biscuits préférés, des Twinkies, encore disponibles sur Terre. Dans leur périple, les deux survivants sont rejoints par Wichita et Little Rock, deux jeunes filles. Tous ont désormais deux défis impossibles à relever : affronter les zombies et apprendre à s'entendre... Indiscutablement, Bienvenue à Zombieland est un film malicieux.
Via cette production, principalement destinée aux adulescents, Ruben Fleischer associe ingénieusement comédie, horreur, zombies sénescents et une petite pointe d'eschatologisme.
C'est sûrement la raison pour laquelle le long-métrage débute comme une sorte de bréviaire ou plutôt de manuel de survie dans un monde infesté de zombies. L'histoire nous est donc narrée par un certain Columbus, un éphèbe insouciant qui a survécu à l'Apocalypse. Toutefois, ici, point de réflexion politique ni d'introspection idéologique sur nos temps funestes et en décrépitude. Bienvenue à Zombieland n'a pas pour vocation de marcher dans le sillage ni dans le continuum de La Nuit des Morts-Vivants et de ses nombreux avatars.
Pendant ses vingt premières minutes, cette comédie horrifique fait vaguement illusion. Bien conscient de l'inanité et de la vacuité de son script, Ruben Fleischer tente de maintenir le simulacre via d'habiles subterfuges.
Certes, les divers personnages de cette aventure sont plutôt bien écrits. Pour le spectateur avisé et surtout peu exigeant en termes de qualités cinématographique, il lui sera aisé de s'identifier à ces protagonistes convenus. Il faudra donc se contenter d'un jouvenceau effarouché et pudibond, d'une sorte de cowboy taciturne et solitaire incarné par un Woody Harrelson en mode cabotinage, d'une Emma Stone aguicheuse et opiniâtre et d'une Abigail Breslin qui ne sert à peu près à rien.
C'est sans doute la raison pour laquelle Ruben Fleischer cloître sa bande d'aventuriers dans la demeure opulente du vrai Bill Murray. Incapable de transcender son récit, le cinéaste transforme les tribulations horrifiques en comédie goguenarde sous l'égide et la bienveillance de Bill Murray. C'est sans aucun doute la meilleure idée du film, la seule aussi.
Dès lors, Bienvenue à Zombieland enchaîne les gags et les péripéties les plus indigestes à son rythme de croisière. Sans l'apparition élusive de Bill Murray, le long-métrage n'aurait sans doute pas rencontré un tel plébiscite. Pis, dans cette production indigente, on se surprend, faute de mieux, à sourire béatement devant les facéties de notre petite escouade. Puis, après une petite heure de bobine, nos héros se demandent où sont passés les zombies méphitiques. Ça tombe bien, nous aussi...
A tel point que l'on a bien du mal à gober cette histoire de contamination, de virus ou de fin du monde... que Fleischer a par ailleurs délaissée en cours de film. Heureusement, le long-métrage se sortira de ce processus léthargique lors d'un final plutôt bien troussé mais, encore une fois, terriblement convenu. A l'image du film et de sa courte durée, soit une heure et 20 minutes de néant abyssal. Lors du générique final, on se demande comment Bienvenue à Zombieland a pu susciter de tels dithyrambes. Certes, les geeks et le public pré-pubère apprécieront sans doute les rodomontades de Columbus et de son aéropage. Mais les autres préféreront sans doute s'esclaffer devant une comédie horrifique beaucoup plus arrogante et inventive, un peu comme les productions Troma en leur temps.
Mais entre Bienvenue à Zombieland et The Toxic Avenger, il existe au moins un précipice, et un même un autre monde, celui à la fois de la sagacité et de l'outrecuidance.
Note : 09/20