SCRAPBOOK-2014-DVD-BOX-ART

Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 1h30

Synopsis : (1) Léonard est un tueur en série cruel et pervers qui relate ses exploits meurtriers dans un journal intime illustré de trophées macabres. Ce dangereux tueur psychopathe oblige ses victimes à écrire dans son recueil afin qu'elles expriment leur souffrance et leur terreur avant de les massacrer sans la moindre pitié. Clara vient d'être kidnappée par Léonard et va subir comme les précédentes victimes de ce tueur sanguinaire un véritable calvaire. Elle sera battue, humiliée, violée, torturée et devra bien sûr décrire sa lente agonie dans le journal intime de Léonard. Aucune fuite ne semble possible pour Clara qui découvre peu à peu que la maison de son bourreau n'est qu'un horrible mausolée jonché de débris humains et de cadavres en putréfaction... (1)

La critique :

Eric Stanze est un réalisateur bien connu des thuriféraires du cinéma trash et extrême via plusieurs oeuvres polémiques, gore et déviantes. Ainsi, les adulateurs du cinéaste citeront aisément Savage Harvest (1994), Ice from the sun (1999), I spit on your corpse, I piss on your grave (2001), ou encore Deadwood Park (2007). Vient également s'ajouter Scrapbook, sorti en 1999, et qui reste sans aucun doute le long-métrage le plus proverbial d'Eric Stanze... et pour cause...
En effet, selon certains amateurs du cinéma trash, Scrapbook aurait fortement influencé le travail de Fred Vogel sur la trilogie August Underground. En vérité, Scrapbook se nourrit lui-même de tout un florilège de références du cinéma horrifique parmi lesquelles on nommera Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Maniac (William Lustig, 1980), ou encore Henry, portrait d'un serial killer (John McNaughton, 1986).

Toutefois, à travers Scrapbook, Eric Stanze cherche à se démarquer de la concurrence pléthorique en nimbant sa pellicule d'une atmosphère lugubre et méphitique. C'est sûrement la raison pour laquelle le metteur en scène opte pour une réalisation quasi documentaire, comme s'il s'agissait d'un vrai snuff movie. Cependant, n'ayez crainte... Scrapbook n'est pas un snuff movie, mais s'inscrit néanmoins parmi ces chocs viscéraux et cinématographiques qui estourbissent durablement les persistances rétiniennes. Evidemment, un tel long-métrage se devait de figurer dans les colonnes de Cinéma Choc
Faute de budget, la distribution du film se compose seulement de cinq acteurs : Emily Haack, Tommy Biondo, Todd Tevlin Elizabeth Hammock et Sam Maiden Jr. En outre, Scrapbook repose presque uniquement sur la confrontation et les performances physiques du duo formé par Emily Haack et Tommy Biondo.

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Pour les esprits fébriles et pudibonds, merci de quitter gentiment leur siège et de retourner dans leurs pénates, car Scrapbook mélange habilement violence psychologique, saynètes sanguinolentes et plusieurs séquences à caractère érotique voire pornographique. Le film a donc écopé d'une interdiction aux moins de 18 ans, une réprobation par ailleurs totalement justifiée ! Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du long-métrage. Attention, SPOILERS !
Léonard est un tueur en série cruel et pervers qui relate ses exploits meurtriers dans un journal intime illustré de trophées macabres. Ce dangereux tueur psychopathe oblige ses victimes à écrire dans son recueil afin qu'elles expriment leur souffrance et leur terreur avant de les massacrer sans la moindre pitié. Clara vient d'être kidnappée par Léonard et va subir comme les précédentes victimes de ce tueur sanguinaire un véritable calvaire.

Elle sera battue, humiliée, violée, torturée et devra bien sûr décrire sa lente agonie dans le journal intime de Léonard. Aucune fuite ne semble possible pour Clara qui découvre peu à peu que la maison de son bourreau n'est qu'un horrible mausolée jonché de débris humains et de cadavres en putréfaction... A fortiori et à l'aune de ce synopsis, rien ne semble distinguer Scrapbook de la concurrence habituelle, si ce n'est cette quête presque obsessionnelle pour ce réalisme irrévocable et cette volonté de plonger le spectateur en immersion avec l'héroïne principale (Clara).
Indubitablement, la grande force de Scrapbook repose sur le portrait, peu reluisant, de ses deux principaux protagonistes. Si le spectateur sera amené à prendre fait et cause pour Clara, il s'interrogera sur la psyché neurasthénique du sociopathe.

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En l'état, Léonard coalise certaines tares et carences inhérentes au psychopathe lambda, à savoir cette affection pour la mort, la torture, le sadomasochisme et la putréfaction. Dans sa demeure délabrée et claustrée au beau milieu de nulle part, le forcené collectionne les cadavres putrescents. Clara découvre alors ébaubie des corps mutilés dans une cave, ainsi que plusieurs photographies de femmes kidnappées, suppliciées et séquestrées. Narguée, bâillonnée, violée puis rudoyée, Clara n'a pas d'autre choix que de subir les satyriasis du criminel azimuté.
En l'occurrence, Eric Stanze se polarise sur cet isolement social qui émaille le quotidien de ce dernier. Agoraphobe et taciturne, Léonard s'est peu à peu enfermé dans une psychasthénie mentale et irréfragable. Dans ses accès maniaques, l'homme devient totalement incontrôlable.

Pis, l'homme souffre d'impotence sexuelle et se venge sur sa proie féminine. Ainsi, Scrapbook contient de nombreuses saynètes particulièrement violentes, âpres et outrecuidantes. Au menu des tristes réjouissances, le spectateur ulcéré assistera béatement à des séances de fétichisme, de sadomasochisme, de démembrements, de viols à répétition, à une fellation élusive et à d'autres impudicités répétées à satiété. Mais l'autre personnage central, c'est évidemment Clara.
D'un statut de victime qui subit dans la douleur les exactions du psychopathe, la jeune femme se transmute subrepticement en une dévote et admiratrice de son tortionnaire. C'est ainsi qu'elle annote dans un journal son affection et son admiration pour son tortionnaire. En résumé, comprenez que la proie finit par apprivoiser le bourreau et même par minorer ses ardeurs libidineuses. 

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En outre, Eric Stanze s'immisce et s'aventure sur un chemin escarpé, qu'il maîtrise avec plus ou moins de sagacité. De facto, le spectateur médusé aura bien du mal à croire en cette dilection amoureuse. A travers Scrapbook, Eric Stanze nous propose une nouvelle variation du syndrome de Stockholm, à savoir que Clara, après avoir subi tout un tas d'ignominies, ressentirait de l'empathie et même de l'amour pour son tortionnaire. Toujours la même antienne... Heureusement, la conclusion finale, en apothéose, obliquera derechef vers une autre direction.
De surcroît, le jeu tout en finesse des deux principaux acteurs facilite l'habile subterfuge. Indiscutablement, Emily Haack et Tommy Biondo apportent beaucoup de crédibilité et de componction à leurs rôles respectifs. In fine, Scrapbook se montre aussi beaucoup plus probant que la trilogie August Underground, justement grâce à la performance de son duo principal. Paradoxalement, hormis deux ou trois saynètes à consonance rutilante, Scrapbook ne verse pas forcément dans le gore ni la surenchère. Le film mise avant tout sur la violence psychologique et cette ambiance mortifère.
En quelques mots : une excellente surprise mais un long-métrage à réserver à un public particulièrement averti.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://www.ohmygore.com/critique-scrapbook-166.html