The-Gerber-Syndrome-il-contagio

Genre : horreur, épouvante, found footage, "documenteur" (interdit aux - 12 ans)
Année : 2011
Durée : 1h28

Synopsis : En 2008, un nouveau virus est répertorié comme extrêmement contagieux et mortel. Alors qu'une équipe de télévision effectue un reportage sur le sujet, une pandémie mondiale se déclare... 

La critique :

Depuis la sortie de La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), le genre zombies décrépits a évolué vers de nombreuses stratosphères. Par exemple, pour Romero, les créatures claudicantes et anthropophages préfigurent la dernière absoute d'une civilisation occidentale condamnée, avec le temps, à péricliter. Inexorablement. C'est sûrement la raison pour laquelle le cinéaste américain nimbe ses pellicules suivantes (entre autres, Zombie en 1978, Le Jour des Morts-Vivants en 1985 ou encore Le Territoire des Morts en 2005) de consonances politiques et idéologiques.
Corrélativement, il faut aussi admettre que les zombies putrescents siéent à merveille à un contexte d'infection, de pandémie et de temps eschatologiques. Tel était par ailleurs l'apanage de la tétralogie consacrée à Rec et agencée par les soins de Jaume Balaguero et Paco Plaza.

Malicieux, les deux réalisateurs ibériques sont parvenus à mélanger horreur, huis clos, contamination et found footage, tout en s'inspirant (voire même en s'emparant...) du concept et du scénario de Démons (Lamberto Bava, 1985), à la seule différence que les animosités ne se déroulent plus dans un cinéma, mais dans un immeuble assailli par des zombies et encerclé par la police. The Gerber Syndrome, réalisé par Maxi Dejoie en 2011, reprend peu ou prou la même rhétorique, à savoir que cette série B transalpine se polarise sur les effets délétères d'une inoculation exponentielle.
Ingénieux, Maxi Dejoie adopte à la fois un ton documentaire et celui du found footage en réalisant une sorte de reportage télévisé sur un virus qui échappe à toute logique scientifique et rationnelle. Quant au cinéaste lui-même, on ne trouve presque aucune information sur sa filmographie.

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A fortiori, The Gerber Syndrome constituerait son tout premier long-métrage. En outre, Maxi Dejoie serait un thuriféraire du cinéma horrifique italien, un registre cinématographique qui contient toute une pléthore de références, notamment Suspiria (Dario Argento, 1977), Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1980), ou encore Le Corps et le Fouet (Mario Bava, 1966), pour ne citer que ces augustes références.
Inutile de le préciser, mais The Gerber Syndrome, Il Contagio de son titre original, n'a pas bénéficié d'une exploitation dans les salles obscures. Néanmoins, le film est facilement disponible en streaming ou via le support vidéo. Inutile aussi de mentionner la distribution de cette pellicule, à moins que connaissiez les noms de Valentina Bartolo, Ettore Nicoletti, Beppe Rosso, Pia Lanciotti, Sax Nicosia et Federico Tolardo ; mais j'en doute...

Attention, SPOILERS ! En 2008, un nouveau virus est répertorié comme extrêmement contagieux et mortel. Alors qu'une équipe de télévision effectue un reportage sur le sujet, une pandémie mondiale se déclare... Le reportage se déroule alors sur les terres transalpines pour comprendre la genèse ainsi que les corolaires de ce nouveau virus. En état d'alerte, les autorités médicales et policières ne cachent pas leur inquiétude. Le reportage suit à la fois les pérégrinations d'un agent de sécurité et chasseur de zombies à ses heures perdues, les témoignages d'un médicastre et une famille qui tente de sauver leur fille d'une contamination inextinguible. Premier constat, le réalisateur du film, Maxi Dejoie, aurait dû davantage s'enquérir et se méfier en abordant un sujet aussi spinescent.
Ce n'est pas la première fois qu'une série B horrifique lutine et s'acoquine avec le genre "contaminés". 

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Pourtant, durant sa première demi-heure, The Gerber Syndrome fait vaguement illusion. Sourcilleux, Maxi Dejoie décrit avec beaucoup de componction les écueils de cette nouvelle forme de contamination. Le cinéaste opte pour une réalisation en forme de reportage et/ou de documentaire et accumule les témoignages oculaires. Mais qu'ils soient médecins, scientifiques, édiles politiques ou de simples individus lambdas issus de la plèbe, tout le monde ignore les origines du virus.
Certes, le préambule de The Gerber Syndrome débute sur cet avertissement emphatique : "Il existe plus de 400 virus qui sont répertoriés et leur nombre augmente régulièrement. Plusieurs centaines de milliers de personnes meurent de contamination chaque année à travers le monde". A posteriori, ce sont des individus contaminés qui sont claustrés dans un centre d'internement, un bâtiment énigmatique dans lequel les infectés reçoivent des traitements médicaux. 

Hélas, à ce jour, il n'existe aucun remède contre ce virus particulièrement nocif. Les conditions d'enfermement, voire de détention, sont alors dénoncées par les médias et de puissants lobbyings humanistes. Une chimère, d'autant plus que Maxi Dejoie élude d'obliquer sur ce chemin escarpé. Paradoxalement, c'est sur cet aspect politique que le film s'avère le plus captivant. Seul souci, là aussi, le long-métrage fait montre de pudibonderie.
Certes, à priori, The Gerber Syndrome possède de solides arguties dans sa besace surtout lorsqu'il se centre sur cette symptomatologie grippale. Car c'est aussi cela The Gerber Syndrome, à savoir cette peur inhérente pour la grippe, ses écueils et ses effets secondaires. Pour Maxi Dejoie, notre civilisation occidentale est directement menacée par cette nocuité virale. 

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Les premières manifestations démarrent par une légère fébricule, des céphalées récurrentes puis par des signes inquiétants d'apoplexie cérébrale pour dériver vers un état d'agitation incontrôlable. A ce sujet, Maxi Dejoie réitère les chiffres sans appel de la grippe espagnole. Seul bémol et pas des moindres, The Gerber Syndrome est beaucoup trop prolixe et policé pour susciter l'intérêt sur la durée. En résumé, cette pellicule languissante se suit avec un ennui poli, guère plus. 
A force de se focaliser sur les interminables logorrhées de ses divers protagonistes, le long-métrage phagocyte et oblitère ses morts-vivants méphitiques. Exempt quelques attaques promptes et élusives, 
The Gerber Syndrome ne propose presque aucune saynète horrifique digne de nom. Il faudra se contenter de quelques éructations et expectorations évasives. 
Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout ! En voulant adopter le ton du documentaire et du réalisme irrévocable, Maxi Dejoie semble oublier qu'il réalise bien un film et non un vrai reportage. Et ce ne sont pas les tribulations de cet agent de sécurité dans une cité italienne, ni les mésaventures d'une famille agonisante qui permettent au long-métrage de sortir de sa léthargie ni de sa frilosité. En l'état, Maxi Dejoie se montre beaucoup trop pusillanime et avaricieux en termes de gore, d'action, de barbaque et de tripailles.
In fine, le cinéaste ne parvient même pas à transcender son sujet. 
Dommage car The Gerber Syndrome possède pourtant un réel potentiel. Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude car objectivement, cette série B anémique mérite moins, beaucoup moins...

Note : 09.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver