Genre : documentaire, shockumentary
Année : 2006
Durée : 1h35
Synopsis :
(1) 26 avril 1986. Le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl connaît une augmentation de puissance incontrôlable qui débouche sur une énorme explosion. Elle libère dans l’atmosphère des particules radioactives dans des proportions jamais vues jusqu’à présent. Pendant plusieurs jours, les habitants de la région vont pourtant vivre comme si de rien n’était, inconscients du danger invisible qui les guette. Après l’évacuation, encore reste-t-il à trouver une solution à une situation inédite dans l’histoire : comment reboucher le réacteur ? Empêcher la radioactivité de continuer à se répandre par les flancs éventrés de la Centrale ? Dans ce documentaire, Thomas Johnson raconte l’histoire des “liquidateurs”, ces hommes qui ont donné leur vie ou leur santé pour réduire l’impact de Tchernobyl sur les générations futures… (1)
La critique :
Certes, parmi les documentaires chocs et subversifs qui ont estourbi durablement les persistances rétiniennes, certains thuriféraires citeront évidemment Shoah (Claude Lanzmann, 1985), De Nuremberg à Nuremberg (Frédéric Rossif, 1989), Nuit et Brouillard (Alain Resnais, 1955), Le Cauchemar de Darwin (Hubert Sauper, 2003), ou plus récemment The Act of Killing - L'Acte de Tuer (Joshua Oppenheimer, 2012). Vient également s'agréger La Bataille de Tchernobyl, réalisé par Thomas Johnson en 2006. Ce documentaire est aussi une production issue de nos contrées hexagonales (cocorico !) qui revient, comme son titre l'indique, sur les écueils et les corolaires de l'explosion du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Aussi est-il nécessaire de procéder à l'exégèse de ce documentaire. Attention, SPOILERS !
26 avril 1986. Le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl connaît une augmentation de puissance incontrôlable qui débouche sur une énorme explosion. Elle libère dans l’atmosphère des particules radioactives dans des proportions jamais vues jusqu’à présent. Pendant plusieurs jours, les habitants de la région vont pourtant vivre comme si de rien n’était, inconscients du danger invisible qui les guette. Après l’évacuation, encore reste-t-il à trouver une solution à une situation inédite dans l’histoire : comment reboucher le réacteur ?
Empêcher la radioactivité de continuer à se répandre par les flancs éventrés de la Centrale ? Dans ce documentaire, Thomas Johnson raconte l’histoire des “liquidateurs”, ces hommes qui ont donné leur vie ou leur santé pour réduire l’impact de Tchernobyl sur les générations futures…
Evidemment, un tel sujet, pour le moins apocalyptique, a le mérite d'éveiller la curiosité, d'autant plus que le documentaire s'appesantit non seulement sur la catastrophe en elle-même, mais aussi sur ses conséquences à long terme, ainsi que sur le silence qui a nimbé ce désastre international. A fortiori, ce documentaire a été diffusé sur la chaîne France 3 mais en seconde partie de soirée... On comprend mieux pourquoi surtout à l'aune des images qui sont assénées et qui s'entrechoquent pour mieux abasourdir le spectateur ulcéré. Inutile de le préciser, mais La Bataille de Tchernobyl est non seulement un documentaire terrifiant, mais aussi un long-métrage nécessaire pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants d'une telle catastrophe. Contre toute attente, même le gouvernement soviétique de l'époque, en particulier le Président Mikhaïl Gorbatchev, ne sont informés que d'une éventration du réacteur numéro 4, tout du moins dans un premier temps...
A aucun moment, il n'est fait mention d'une explosion... De prime abord, c'est le caractère à la fois sournois et secret de l'information, ainsi que de la communication, qui interroge tout au long de ce documentaire. Suite à l'explosion du réacteur numéro 4, les autorités de l'époque sont incapables de mesurer le taux de radioactivité. Pourtant, les retombées chimiques et radioactives dépassent les chiffres et les prévisions les plus alarmistes, et pas seulement sur la ville de Prypiat qui jouxte la centrale nucléaire, mais aussi sur des pays frontaliers tels que l'Ukraine et la Biélorussie. Les populations locales ne sont même pas évacuées. Ce n'est que 48 heures après la catastrophe que le Président Gorbatchev est informé de la nocuité des faits, ainsi que d'une explosion au coeur de la centrale nucléaire.
Pour éviter un désastre à l'échelle internationale qui risquerait de radier (ou plutôt d'irradier) environ cent millions d'individus à travers toute l'Europe, l'armée soviétique diligente à la fois des militaires, des civiles et des volontaires.
Plus de 500 000 personnes seront dépêchées sur place pour tenter d'enrayer la situation. Leur sacrifice permettra seulement de diminuer le taux de radioactivité de 35%. Quelques jours plus tard, les premiers bulletins d'information sont diffusés à travers l'Europe. En résumé, les informations se veulent plutôt rassurantes. Le nuage radioactif ? Il ne risque pas de traverser les frontières soviétiques à cause, dit-on, du sens inverse des vents. Encore de nouvelles fadaises.
En vérité, il est fort probable que le nuage se soit immiscé dans les contrées occidentales, et notamment en France. A priori, le nuage radioactif aurait même balayé la Corse où on relève, depuis une dizaine d'années, une augmentation inquiétante et inexplicable (sic...) des cancers de la thyroïde. Certains spécialistes de la catastrophe de Tchernobyl parlent du "mensonge 86" pour évoquer le scandale de Tchernobyl, ainsi que toutes les affabulations qui ont été perpétrées sur ses conséquences délétères.
Pour empêcher le magma en fusion de se propager, des hommes sont envoyés sur place pour étouffer le coeur en fusion et construire un immense sarcophage. Ce n'est pas seulement l'avenir de la Russie qui est menacé, mais aussi l'avenir du monde entier. Des hommes se sacrifient à la sale besogne pour juguler le taux de radioactivité. Ils doivent travailler en toute hâte. Evidemment, personne ne les informe de la nocuité d'une telle radioactivité. Mais il s'agit bien là d'une nouvelle forme de guerre, en l'occurrence invisible. Un goût de métal, puis des céphalées avertissent les liquidateurs du risque qu'ils encourent pour leur propre santé. Plusieurs milliers de ces liquidateurs décéderont quelques jours, quelques semaines, quelques mois, voire quelques années plus tard.
Mais peu importe. Afin de mieux farder les écueils de ce désastre, aucune étude ni aucune statistique ne sera publiée.
Sur ce dernier point, la catastrophe de Tchernobyl est toujours sujette à de nombreuses controverses, notamment sur les victimes directes de ce cataclysme. Certains scientifiques alarmistes effectuent néanmoins des analyses sur la faune et la nature locale. Même vingt ans après la débâcle de Tchernobyl, les arbres, l'eau et la nourriture sont toujours imprégnés par un fort taux de radioactivité. Quant aux liquidateurs, ils seront abandonnés à leur triste sort, ne seront même plus aptes à travailler et seront donc condamnés à écumer leurs derniers jours dans des lits d'hôpitaux.
La radioactivité a profondément modifié leurs structures métaboliques. Lymphatiques, ils arborent déjà des physiques de vieillards décrépits dès l'âge de 40 ans. Mais encore une fois, peu importe. Personne ne se soucie de leur sort, les laissant croupir dans leurs modestes pénates.
Bien que recouvert par un sarcophage, le réacteur numéro 4 risque, à tout moment, de vaciller et de péricliter. Vingt ans après sa construction, le gouvernement soviétique envisage d'ériger un second sarcophage. Hélas, un tel chantier nécessite un budget astronomique. De surcroît, la catastrophe de Tchernobyl a précipité la Russie dans une spirale infernale de déflation économique. Aujourd'hui encore, la zone de Tchernobyl et la ville de Prypiat restent inhabitables.
A ce jour, aucune étude n'a été publiée sur les conséquences réelles d'un tel désastre à long terme. Mais selon certaines sources fiables, l'explosion du réacteur numéro 4 correspond à deux fois le taux de radiation émis par les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki. A fortiori, de tels chiffres devraient amener les scientifiques et les capitalistes de notre temps à ratiociner davantage sur les écueils et les corolaires de l'atome, surtout lorsque ce constituant fondamental de la matière échappe aussi aisément à notre vigilance. Bref, un documentaire à la fois terrifiant et éloquent... et à visionner de toute urgence !
Note : 16.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du documentaire sur : https://www.serial-lectrice.com/bataille-tchernobyl-thomas-johnson/