Genre : horreur, gore, trash, extrême, documentaire (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 1h18
Synopsis : Dans le sillage de Faces Of Death, aka Face à la Mort, ce nouveau shockumentary étudie les phénomènes liés à la mort suite à un accident, un suicide ou un assassinat.
La critique :
Ce n'est désormais plus un secret pour personne, en tout cas, pour ceux qui suivent régulièrement les chroniques de ce blog (soit trois ou quatre individus en déveine dans le monde...), le genre Mondo ou le Mondo Movie (c'est la même chose...) acte sa naissance dès l'orée des années 1960 avec Mondo Cane (Franco Prosperi, Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara, 1962). Ce pseudo documentaire (un "documenteur"...) nous convie à faire le tour du monde pour décrypter les us et les coutumes, ainsi que les pratiques culturelles et cultuelles à travers des séquences à la fois violentes, truculentes et iconoclastes. Au gré des contrées visitées, ce sont différentes peuplades qui s'égaient, s'étripent, dansent ou se mutilent en fonction de certains rites séculaires.
Présenté au Festival de Cannes en 1962, Mondo Cane estourbit durablement les persistances rétiniennes.
Le style "documenteur" est né et influence de nombreux avatars. Opportunistes, Franco Prosperi et Gualtiero Jacopetti réitèrent l'habile subterfuge avec Mondo Cane 2 (1963), Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971). A chaque fois, les cinéastes s'accaparent des images de la réalité pour retranscrire nos pulsions archaïques et primitives sur pellicule. Or, Mondo Cane et ses nombreux épigones ne sont que des leurres savamment déguisés pour flagorner nos tendances scopophiles.
Bien avant l'avènement de la société consumériste, Gualtiero Jacopetti et ses fidèles prosélytes avaient déjà subodoré cette prédilection pour le voyeurisme. Le Mondo devient donc le nouveau leitmotiv de tout un pan du cinéma horrifique. Ce registre cinématographique connaît sa quintessence entre l'orée des années 1970 et le milieu des années 1980.
A tort, on euphémise parfois l'impact de Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978). Sagace, le même John Alan Schwartz, qui sévit par ailleurs sous le pseudonyme de Conan le Cilaire, s'approprie le concept de Mondo Cane. Seule divergence et pas des moindres, ce nouveau "documenteur" explore à sa manière les différentes facettes de la mort, que ce soit à travers des accidents de la route, des suicides, des meurtres abominables commis par des sectes sataniques, des exactions - cette fois-ci bien réelles - perpétrées sur des animaux et même une exécution sur la chaise électrique.
Or, tout est factice ou presque... Si Faces of Death suscite les anathèmes et les quolibets à l'époque, John Alan Schwartz révélera le terrible stratagème bien des années plus tard. A l'instar de Mondo Cane en son temps, la plupart des saynètes érubescentes sont interprétées par des acteurs amateurs.
Mais peu importe, le spectateur ingénu se laisse curieusement dévoyer par cette affiche rougeoyante arborant la mention suivante : "Quand la mort n'est pas du cinéma...". Que soit. En l'état, malgré son côté grivois et cette fascination pour la surenchère, Faces of Death engendre à son tour de nombreux homologues. Les thuriféraires du cinéma trash et extrême citeront aisément Traces of Death (Damon Foxx, 1993) et surtout Faces of Gore (Todd Tjersland, 1999).
Aujourd'hui, c'est le cas de Faces of Gore qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes... Il faut croire que ce nouveau "documentaire" (vraiment un terme à guillemeter...) a connu son heure de gloire dans les vidéoclubs puisque deux nouveaux épisodes, donc Faces of Gore 2 (Todd Tjersland, 2000) et Faces of Gore 3 (Todd Tjersland, 2000), seront réalisés dans la foulée.
Derrière ce premier chapitre racoleur, on trouve un nom bien connu du cinéma gore en la personne de Matt Jaissle qui officie en tant que technicien du film. Ce dernier signera plusieurs pellicules bien connues des adulateurs du cinéma extrême, notamment Back From Hell (1992), The Necro Files (1997), Legion of the Night (1995), 300 Killers (2010), et dernièrement Necro Files 3000 (2017). Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse de Faces of Gore premier du nom !
Attention, SPOILERS ! Ce nouveau shockumentary revisite à sa façon les phénomènes liés à la mort sous les yeux et les commentaires avisés d'un certain Docteur Van Gore. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout ! Vous l'avez donc compris. A l'aune de ce synopsis, difficile de ne pas considérer Faces of Gore comme un remake, au mieux un avatar, de Faces of Death.
Seule petite discordance, là où Face à la Mort s'appesantissait sur des décès en direct, Faces of Gore se polarise, lui, sur des cas post-mortem. Paradoxalement, ce choix inopiné atténue malgré lui l'impact des saynètes mortuaires présentées. Autre détail prépondérant, le préambule de Faces of Gore débute par cet aphorisme dogmatique. En l'occurrence, pas question pour Todd Tjersland de leurrer son public. Toutes les séquences montrées seraient (toujours à mettre au conditionnel...) bien réelles ! En l'état, difficile d'infirmer cette introduction comminatoire puisque toutes les saynètes présentées se déroulent, sans exception, sur le continent asiatique, en particulier au Japon.
A fortiori, les autorités locales semblent peu regardantes sur la présence d'une caméra qui filme, en catimini, des cadavres putrescents.
Ainsi, Faces of Gore se segmente en plusieurs parties bien distinctes. La première section consiste en une présentation exhaustive des accidents de la circulation. Au menu des tristes réjouissances, ce sont principalement des conducteurs en déveine qui ont atterri la tête la première contre le pare-brise de leur automobile. Le spectateur assiste donc médusé à plusieurs gros plans acérés sur des crânes sévèrement tuméfiés ; ce qui semble expliquer l'intitulé du film.
Que les amateurs de sanguinolences se rassérènent. Oui, ils en auront pour leur argent... Oui, il va y avoir du gore même si on relève une certaine récursivité dans les situations. Cérémonieux, Todd Tjersland s'ingéniera à cheminer vers des thématiques aussi spinescentes que les suicides et les assassinats, avec toujours cette prédilection pour les opérations à coeur ouvert (c'est le cas de le dire...) et plusieurs morceaux de cervelles savamment éparpillés...
Toujours la même antienne... En l'état, Faces Of Gore n'a donc pas usurpé son interdiciton aux moins de 18 ans. A l'instar de Faces of Death en son temps, le long-métrage sera lui aussi banni et interdit dans plusieurs pays. Toutefois, rien de neuf à l'horizon si ce n'est que ce "documenteur" (documentaire ?) réitère les mêmes fulgurances sanglantes que son auguste épigone. Les fans invétérés du genre apprécieront peut-être ce remake officieux. Les autres, qu'ils soient néophytes ou éventuellement des fans du cinéma trash, maronneront à raison contre la vacuité et l'inanité d'une telle production.
Note : 08/20
Alice In Oliver