Genre : action, sport
Année : 1987
Durée : 1h33
Synopsis : Chauffeur routier solitaire, Lincoln Hawk est rongé par un divorce et par la culpabilité d'avoir abandonné un fils qu'il n'a jamais vu, Michael. Lorsque Lincoln - sur les conseils de son ex-femme - part chercher son fils à l'Académie Militaire, il se cogne à l'agressivité de ce dernier. Pour Lincoln, le seul moyen de prouver à son fils - et à lui-même - qui il est réellement, c'est de remporter le championnat du monde de Bras de fer de Las Vegas !
La critique :
Le nom de Menahem Golan reste indissociable du cinéma bis, que ce soit en tant que producteur, scénariste et réalisateur. Ainsi, la carrière cinématographique du metteur en scène débute vers le milieu des années 1960 avec La Fille de la Mer Morte (1966), une oeuvre inconnue au bataillon et inédite dans nos contrées hexagonales. Mais dès les années 1970, Mehahem Golan va faire du cinéma d'action son véritable apanage via plusieurs longs-métrages aux titres évocateurs, notamment Opération Thunderbolt (1977), L'Implacable Ninja (1981), Un Justicier dans la Ville 2 (Michael Winner, 1982), Le Justicier de Minuit (J. Lee Thompson, 1983), Portés Disparus 2 (Lance Hool, 1985), Invasion U.S.A. (Joseph Zito, 1985), ou encore Superman 4 (Sidney J. Furie, 1987).
Sa spécialité ? Le cinéma d'exploitation avec des comédiens musculeux et athlétiques.
Il n'est donc pas surprenant de retrouver Menahem Golan derrière la caméra d'Over The Top - Le Bras de Fer, sorti en 1987. Pour ce nouveau film d'action, Menahem Golan retrouve son fidèle cousin, un certain Yoram Globus, un autre nom bien connu du cinéma bis. Pour Over The Top, les deux comparses requièrent le talent et l'érudition de Sylvester Stallone, un acteur en pleine ascension à l'époque, d'autant plus que le comédien ressort du tournage harassant de Rocky 4 (1985).
Corrélativement, Sylvester Stallone vient de parachever le tournage de Cobra (George Cosmatos, 1986), un nanar d'action qui essuie un camouflet au box-office américain. A contrario, le film se solde par un succès pharaonique dans les vidéoclubs, en particulier en France, ce qui permet de rembourser le budget imparti. Toutefois, selon le propre aveu de Sylvester Stallone, sa longue traversée du désert débute réellement avec Over The Top.
A ce sujet, l'acteur déclarera péremptoirement : « Le pire, c'est quand j'ai fait "Over the Top". Parce que je l'ai fait pour l'argent. Et le jour de la sortie du film, au Chinese Theater qui peut contenir 1500 personnes, il y en avait 40 ! Et encore ! Des gens qui étaient venus là par hasard : une mère allaitant son enfant, des gens parlant tout haut et disant : "Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ?!" J'ai pensé : "C'est mon karma ! Ça m'apprendra à juste faire un film pour l'argent !!!"
C'était le début de beaucoup de problèmes... » (source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-overthetop-over-the-top.html). C'est vrai que par la suite Stallone enchaînera avec Haute Sécurité (John Flynn, 1989), Rambo 3 (Peter MacDonald, 1988) et Tango et Cash (Andrei Konchalowsky, 1989) ; ou comment exhumer définitivement (ou presque...) sa carrière en trois étapes successives...
La quatrième sera mortifère puisqu'elle se nommera Rocky 5 (John G. Avildsen, 1990), corroborant l'état lymphatique de Stallone... A l'instar de Cobra, Over The Top se solde derechef par un bide commercial, surtout aux Etats-Unis. A contrario, en France et à l'étranger, le film rapporte suffisamment de pécune et de bénéfices pour rembourser ses frais de production. Reste à savoir si cette pellicule mérite de tels anathèmes et donc de figurer parmi les nanars avariés.
Réponse à venir dans la chronique... Hormis la présence de Stallone dans le rôle principal, la distribution du film se compose de Robert Loggia, Susan Blakely, Rick Zumwalt et David Mendenhall. Attention, SPOILERS ! (1) Lincoln Hawk est un très modeste routier pratiquant le bras de fer. Son ex-femme Christina Cutler-Hawk est issue d'une famille bourgeoise ayant rejeté Lincoln.
Gravement malade, cette dernière lui demande de s'occuper de leur fils Michael qu'il n'a pas vu depuis dix ans. Michael, dont l'enfance a été marquée par une éducation stricte et bourgeoise transmise par son grand-père, va découvrir son père en faisant la route avec lui dans son camion. Au départ, une vaste frontière idéologique sépare le père et le fils. Mais à travers les étendues désertiques, les deux finissent par se rapprocher. Mais le grand-père de Michael, jugeant Lincoln indigne et craignant pour son petit-fils décide de tout faire pour le récupérer.
Parallèlement à tout cela, Lincoln a l'intention de participer au tournoi international de bras de fer se déroulant prochainement à Las Vegas, dont le vainqueur remportera 100 000 dollars et un camion flambant neuf... (1)
A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas s'esclaffer devant un synopsis aussi farfelu et funambulesque. Par le passé, le cinéma d'action s'était déjà focalisé sur plusieurs sports de combat (notamment le kung-fu, le kickboxing et la boxe anglaise, entre autres), mais pas encore des tournois de bras de fer, un sport qui semble uniquement passionner un public américain transi par la sudation et la testostérone. A l'époque, Stallone avoisine déjà la quarantaine bedonnante et aspire à épouser des rôles un peu plus complexes. A fortiori, Over The Top doit lui permettre d'obliquer dans cette nouvelle direction en jouant à la fois les durs à cuire et les patriarches au grand coeur.
De facto, le film de Menahem Golan fonctionne sur un duo pour le moins impromptu, l'association entre un Sylvester Stallone en chauffeur routier et son fiston pudibond.
A priori, ces deux personnages antagonistes devraient logiquement se maudire puisque Stallone est issu de la plèbe alors que le jeune éphèbe vit dans la soie et dans une demeure cossue. Mais peu importe, le fils finit par apprivoiser ce paternel, surtout lorsque le grand-père s'en mêle et fait arrêter le père par la police. Vous avez baillé durant ces longues explications fastidieuses ? Rassurez-vous, c'est normal ! A aucun moment, l'alchimie entre Sylvester Stallone et son jeune partenaire (un certain David Mendenhall) ne parvient à transporter ce film d'action faussement dramatique vers une once ou un semblant de sagacité. L'intérêt (vraiment un terme à guillemeter et à minorer...) d'Over The Top se situe bien évidemment dans ce tournoi final de bras de fer, qui doit conclure le film en apothéose.
Dès lors, Menahem Golan ne se refuse aucune excentricité et nous gratifie de portraits de sportifs débauchés et hurlant frénétiquement sur leurs adversaires. D'ailleurs, Stallone le reconnaît lui-même. Pour gagner, il tourne sa casquette, fait le vide dans son esprit (ce qui n'a pas l'air trop difficile) et laisse parler la testostérone. Que le comédien en déveine se rassérène. Ses déboires familiaux seront bientôt résolus après sa victoire attendue au tournoi de bras de fer et surtout après avoir remporté la coquette somme de deux millions de dollars.
Conjointement, le film n'élude pas les poncifs et les bonnes vieilles moralines habituelles ; à tel point qu'Over The Top ferait presque passer Rocky 4 pour un chef d'oeuvre de pragmatisme, de réflexion et de perspicacité. Après le générique final, on comprend mieux pourquoi Stallone a autant clabaudé et fulminé après cette production indigente qui a bien mérité le titre peu glorieux de nanar azimuté.
Côte : Nanar
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bras_de_fer