Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 1984
Durée : 1h35
Synopsis : Un soir, dans une maison isolée au milieu du désert australien, un vieil homme, Jake Cullen, et son petit-fils Scotty sont attaqués par un sanglier monstrueux. L'enfant disparaît et le grand-père, amputé d'une jambe, est un moment accusé du meurtre. Deux ans plus tard, Beth Winters, journaliste américaine, débarque dans la région pour enquêter sur un massacre de kangourous...
La critique :
Tout d'abord clippeur, Russell Mulcahy s'est rapidement tourné vers le noble Septième Art et en particulier vers l'univers épars de la série B. Sa carrière cinématographique débute vers la fin des années 1970 avec Derek and Clive Get The Horn (1979), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. Puis, il enchaîne avec une autre bisserie impécunieuse, Razorback (1984), soit le film qui nous intéresse aujourd'hui. Russell Mulcahy connaîtra enfin les affres de la notoriété avec son métrage suivant, Highlander, une pellicule à la fois épique et fantastique qui propulse le cinéaste au firmament de la gloire et du box-office américain.
Hélas, le metteur en scène ne réitérera pas une telle fulgurance promotionnelle. Pis, il se fourvoiera dans une suite prosaïque et présomptueuse, Highlander, le retour (1991), qui essuie les foudres et les quolibets de critiques unanimement sarcastiques.
Dépité, Russell Mulcahy refusera de poursuivre l'aventure Highlander sans néanmoins retrouver sa fougue de jadis. Impression corroborée par ses longs-métrages suivants, que ce soit Ricochet (1991), Blue Ice (1992), L'affaire Karen McCoy (1993), The Shadow (1994), La Malédiction de la Momie (1998), Résurrection (1999), Resident Evil : Extinction (2007), ou encore Le Roi Scorpion 2 (2008). Toutes ces productions seront au mieux des échecs artistiques, au pis des fours commerciaux. Bien conscient de son maigre potentiel, le metteur en scène se consacre désormais au domaine de la série télévisé avec Teen Wolf depuis 2010.
A l'époque du tournage de Razorback, Russell Mulcahy croit farouchement en son talent et en son potentiel. Le cinéaste aspire à renouveler le genre "agression animale".
Une gageure qu'il maîtrise avec parcimonie puisque cette série B parviendra même à s'expatrier en dehors de ses frontières australiennes. Mieux, Razorback va inscrire carrément son monogramme parmi les figures emblématiques du genre "agression animale", un registre cinématographique qui contient tout un florilège de références, que ce soit Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1960) en passant évidemment par Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975). Toujours la même ritournelle...
En vérité, Razorback a peu de chance de contrarier l'omnipotence de ces deux classiques de l'épouvante. A contrario, le métrage se solde par un succès commercial dans les vidéoclubs et s'arroge plusieurs récompenses, notamment le prix de la meilleure photographie lors de l'Australian Cinematographers Society et le prix du meilleur montage de l'Australian Film Institute (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Razorback_(film).
Reste à savoir si Razorback mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de cette série B horrifique se compose de Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood, David Argue et Judy Morris. Attention, SPOILERS ! (1) Un grondement lointain s'amplifie dangereusement, le sol tremble et soudain, une puissante forme noire défonce les murs de la maison de Jack Cullen. Lorsque le vieux Jack peut enfin pénétrer dans ce qui reste de sa maison, son petit-fils a disparu.
Personne ne croit l'histoire du vieil homme qui dit avoir reconnu un énorme razorback sanguinaire et particulièrement friand de chair humaine. Il est inculpé pour la disparition de son petit-fils mais relaxé faute de preuve.
Il n'a de cesse alors de traquer cet affreux animal pour prouver sa bonne foi. Deux ans plus tard, une journaliste new-yorkaise, militante d'une association pour la protection des animaux, Beth Winters arrive à Gamulla pour un reportage sur les dérives de la chasse au kangourou, disparaît dans des conditions étranges, la plupart des habitants raconte qu'elle est tombée dans un puits. Son mari, Carl Winters, décide de partir à la recherche de sa femme et rencontre le vieux Jack qui met en cause le razorback. Mais Carl préfère suivre la piste de deux chasseurs de kangourou dérangés de la conserverie Petpak, Benny et Dicko Baker. Carl prend un autre nom, Bill.
Carl fait la connaissance de Sarah Camerron une paysanne en chasse du razorback (1). En vérité, Razorback avait pour vocation d'ériger et même d'adouber l'érudition de Russell Mulcahy derrière la mise en scène.
Une autre époque en somme, celle où Russell Mulcahy n'avait pas encore réalisé le tout premier Highlander. Opiniâtre, le cinéaste n'a pas vraiment pour velléité de toiser les hauts des oriflammes et préfère besogner sur des séries B probes et efficaces, encore imprégnées par le spectre de Les Oiseaux et de Les Dents de la Mer. Bis repetita... Mais Russell Mulcahy sait qu'il n'est pas Alfred Hitchcock, ni Steven Spielberg. En l'occurrence, le metteur en scène australien provient du monde irisé et débridé du clip musical. C'est sûrement la raison pour laquelle Razorback se nimbe de véritables aspérités stylistiques et de mise en scène. Impression accréditée dès le préambule du film avec cet assaut mené tambour battant par un mammifère irascible qui emporte tout sur son passage.
Malicieux, Russell Mulcahy possède de solides arguties dans sa besace. Le réalisateur ne se contente pas seulement de citer le cinéma horrifique d'Alfred Hitchcock et de Steven Spielberg.
Par certaines accointances, Razorback n'est pas sans évoquer ce vieux cinéma de science-fiction et d'épouvante de naguère, celui qui voyait poindre une menace indicible provenant du vide, d'un désert ineffable ou d'un néant béant et inextricable. On pense parfois à Tarantula ! (Jack Arnold, 1955). Cérémonieux, Russell Mulcahy nous gratifie de plusieurs saynètes de frousse et d'action se déroulant dans un endroit désertique et claustré au beau milieu de nulle part.
La peur ne provient pas seulement de cette créature presque mutante et dolichocéphale, mais de cette impression de solitude et de vide intersidéral. C'est probablement pour cette raison que Razorback s'est octroyé le statut de film culte au fil des années. Surtout, le long-métrage repose sur cette curieuse dichotomie entre le chasseur et le chassé, en sachant que cette didactique peut aisément s'intervertir, ramenant l'homme - ce chasseur et ce prédateur - tout en bas de l'échelle alimentaire.
Certes, à raison, les contempteurs pourront maronner et clabauder après la complexion (un tantinet) ubuesque de la créature, visiblement réalisée en animatronique. Certes, les protagonistes (en particulier le héros du film et sa nouvelle dulcinée) manquent singulièrement d'éloquence et de charisme pour emporter totalement l'adhésion. Mais, en dépit de ses menus détails, Razorback reste une série B horrifique correcte et tout à fait recommandable, à condition de phagocyter certaines séquences funambulesques, et notamment l'épilogue final, un peu trop guilleret pour convaincre réellement sur la durée. De facto, le statut de film culte nous paraît un brin usurpé.
Toutefois, Razorback demeure une pellicule plutôt fréquentable à l'aune de la filmographie erratique et monotone de son célèbre démiurge. Une bisserie à réserver aux fans irréductibles du genre, donc.
Note : 12/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Razorback_(film)