le monde perdu jurassic park

Genre : fantastique, aventure 
Année : 1997
Durée : 2h09

Synopsis : Quatre ans après le terrible fiasco de son Jurassic Park, le milliardaire John Hammond rappelle le Dr Ian Malcolm pour l'informer de son nouveau projet. Sur une île déserte, voisine du parc, vivent en liberté des centaines de dinosaures de toutes tailles et de toutes espèces. Ce sont des descendants des animaux clonés en laboratoire. D'abord réticent, Ian se décide à rejoindre le docteur quand il apprend que sa fiancée fait partie de l'expédition scientifique. Il ignore qu'une autre expédition qui n'a pas les mêmes buts est également en route.   

La critique :

Steven Spielberg est un cinéaste à la fois prolifique et éclectique qui n'a jamais caché son engouement pour le cinéma de divertissement. Après le succès colossal de Les Dents de la Mer en 1975, le réalisateur s'ingénie dans des productions beaucoup plus avenantes et familiales. Impression corroborée par ce goût immodéré pour la comédie potache (le film 1941 sorti en 1980 et qui se soldera par un bide commercial), l'aventure semée d'embûches (la tétralogie consacrée aux tribulations d'Indiana Jones) et la science-fiction bienveillante via une rencontre inopinée entre des êtres humains et des extraterrestres amènes et aux intentions pacifistes (Rencontres du Troisième Type en 1977 et E.T. L'Extra-Terrestre en 1982). Corrélativement, Steven Spielberg parachève aussi des oeuvres beaucoup plus personnelles sur fond d'Holocauste et de peste concentrationnaire.

Tel était, par ailleurs, l'apanage de La Liste de Schindler en 1993, un chef d'oeuvre bouleversant qui n'est pas sans rappeler Nuit et Brouillard (Alain Resnais, 1955). Mais avant de se consacrer totalement à cette tragédie historique et peu ordinaire, Steven Spielberg vient à peine de finaliser le tournage de Jurassic Park premier du nom. Le metteur en scène est un thuriféraire du roman Le Monde Perdu de Sir Arthur Conan Doyle, le célèbre démiurge de Sherlock Holmes.
De surcroît, "Spielby" affectionne tout particulièrement King Kong (Ernest B. Shoedsack et Merian C. Cooper, 1933) et ses nombreux avatars. En ce sens, Jurassic Park apparaît comme un vibrant hommage à ces vieux films fantastiques de jadis, ceux qui ont fait tressaillir le public dans les salles en exhumant les dinosaures de l'ère paléontologique via la technique de la stop motion (image par image). 

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Roublard, Steven Spielberg oblique dans une toute autre direction. Le réalisateur décide de ressusciter ces créatures antédiluviennes via la science moderne et surtout par le biais d'un milliardaire, John Hammond, atteint par le Complexe d'Icare. Mais gare à ne pas enfreindre les lois de la nature et de ne pas intervertir cette didactique darwinienne, soit celle qui a éradiqué les dinosaures de la surface de la planète ! Tel est l'aphorisme dogmatique, sur fond de saynètes spectaculaires, de Jurassic Park premier du nom. Grisé par ce succès planétaire, "Spielberg" accorde immédiatement son assentiment pour un second chapitre, Le Monde Perdu : Jurassic Park, sorti en 1997.
Conjointement, le cinéaste ressort éreinté du tournage de La Liste de Schindler. Surtout, Steven Spielberg désapprouve cette décision un peu trop hâtive de naguère.

Le réalisateur dépité ne souhaite pas vraiment rempiler pour un divertissement tout public surtout après une oeuvre aussi personnelle et mortifère. Que soit. Peu enthousiaste, Steven Spielberg s'attelle tout de même à la tâche et donc au tournage de Le Monde Perdu : Jurassic ParkL'intitulé de ce second volet est évidemment une référence au fameux roman d'Arthur Conan Doyle. A l'instar de son auguste devancier, Le Monde Perdu : Jurassic Park est aussi l'adaptation d'un opuscule de Michael Crichton. C'est donc un Steven Spielberg désenchanté qui officie derrière la caméra de ce deuxième opus. Visiblement, le public a lui aussi pressenti ce désaveu ostensible puisque le long-métrage rencontrera un accueil mitigé, que ce soit au box-office américain ou de la part des critiques beaucoup plus pondérées. 
Pis, certains adulateurs du matériau originel (donc le livre de Michael Crichton, au cas où vous n'auriez pas suivi...) vilipendent et admonestent une oeuvre qui contient de nombreuses dissimilitudes avec l'exemplaire du célèbre grimaud.

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En sus, d'autres contempteurs répondent eux aussi doctement à l'appel et vitupèrent à leur tour une suite qu'ils jugent inepte et fastidieuse. Au mieux, Le Monde Perdu : Jurassic Park serait une sorte de série B dispendieuse qui tente malhabilement de marcher dans le continuum et le sillage de son illustre homologue. Reste à savoir si cette suite mérite une telle rebuffade. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlethwaite, Arliss Howard, Vince Vaughn, Richard Attenborough, Vanessa Lee Chester et Peter Stormare.
A noter également l'apparition furtive d'Eli Roth dans le rôle d'un homme lisant dans le métro. Attention, SPOILERS ! Quatre ans après le terrible fiasco de son Jurassic Park, le milliardaire John Hammond rappelle le Dr Ian Malcolm pour l'informer de son nouveau projet.

Sur une île déserte, voisine du parc, vivent en liberté des centaines de dinosaures de toutes tailles et de toutes espèces. Ce sont des descendants des animaux clonés en laboratoire. D'abord réticent, Ian se décide à rejoindre le docteur quand il apprend que sa fiancée fait partie de l'expédition scientifique. Il ignore qu'une autre expédition qui n'a pas les mêmes buts est également en route. Ingénument, on se demandait ce qu'allait bien pouvoir nous raconter Steven Spielberg avec cette suite aventureuse. Le metteur en scène peut néanmoins s'enhardir de l'érudition de David Koepp en tant que scénariste du film. En l'occurrence, ce dernier respecte les grandes lignes de l'opuscule original même si on relèvera, çà et là, de nombreuses divergences avec l'oeuvre littéraire de Michael Crichton.
En l'état, Le Monde Perdu : Jurassic Park fait presque office de production de commande pour Steven Spielberg qui s'est peu à peu évaporé en cours de tournage, se contentant de réaliser un honnête divertissement d'aventure.

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Ce que Le Monde Perdu : Jurassic Park gagne en action, il le perd en sagacité et en réflexion. Visiblement peu enthousiaste, "Spielby" ne cherche même plus à ratiociner ou à proposer la moindre once d'analyse sur cette dialectique darwinienne et sur cet eugénisme qui consiste à jouer avec les lois irréfragables de Dame Nature. En réalité, Le Monde Perdu : Jurassic Park s'apparente presque à un nouveau volet d'Indiana Jones, le lasso et les situations pittoresques en moins.
Seul bémol, Harrison Ford est ici supplanté par le visage lunetté de Jeff Goldblum, le comédien se contentant du minimum syndical. A sa décharge, les autres comédiens, Julianne Moore en tête, ne font pas beaucoup mieux. Leurs personnages respectifs auraient mérité un bien meilleur étayage. Cérémonieux, Steven Spielberg possède néanmoins de solides arguties dans sa besace et parvient encore à nous offrir plusieurs saynètes éloquentes, à l'image de ce véhicule qui manque de tomber dans un précipice pendant que ses occupants doivent se débattre avec deux tyrannosaures gargantuesques.

A contrario, d'autres séquences sombrent parfois dans l'excès de ridicule, à l'image de cette jeune jouvencelle qui donne des leçons de gymnastique à un vélociraptor un peu trop intrépide. Certes, par sa fougue et sa tonitruance, Le Monde Perdu : Jurassic Park pourra éventuellement convaincre un public peu exigeant en matière de qualité cinématographique. Cependant, à l'aune de cette production dantesque, on comprend mieux pourquoi Le Monde Perdu : Jurassic Park apparaît comme une oeuvre mineure dans la filmographie de "Spielby".
Par le passé, le metteur en scène ne nous avait pas forcément habitués à une pellicule aussi pompière, certes plutôt bien troussée. Mais il manque à cette suite cette petite dose de perspicacité et de nonchalance qui seyait si bien au premier chapitre. Bref, un blockbuster plutôt probe et recommandable, d'autant plus que la saga ne se poursuivra pas forcément sous les meilleurs auspices avec Jurassic Park 3, cette fois-ci réalisé par les soins de Joe Johnston en 2001.

Note : 12/20

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