vertige

Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2009
Durée : 1h24

Synopsis : Poussé par un désir d'aventure et l'envie de se retrouver, un groupe d'amis se lance sur une via ferrata, une voie d'escalade en haute montagne. Pour Chloé, Guillaume, Fred, Karine et Loïc, le vertige des sommets et celui de sentiments enfouis va vite compliquer le voyage, d'autant qu'ils découvrent avec horreur qu'ils ne sont pas seuls... L'expédition va rapidement virer au cauchemar.       

La critique :

L'horreur, l'épouvante, le gore et les festivals de barbaque et de tripailles n'ont jamais été les thèmes de prédilection du cinéma français... Un cinéma plutôt amorphe en comparaison avec ses pays frontaliers, que ce soit l'Espagne ou l'Allemagne, entre autres. Toutefois, cette tendance s'est peu à peu intervertie depuis l'orée des années 2000 et surtout depuis la sortie de Haute Tension (Alexandre Aja, 2003), un slasher qui renâcle du côté de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). Pour son réalisateur, Alexandre Aja, ce petit succès commercial lui vaudra d'être repéré par certains producteurs hollywoodiens, puis d'obtenir son billet pour s'expatrier sur le territoire américain, ce qui lui permettra de réaliser La Colline A Des Yeux en 2006, le remake éponyme du film de Wes Craven.
Puis, en 2009, c'est au tour de Pascal Laugier, avec Martyrs, de susciter les anathèmes et les quolibets.

Rarement, un film d'horreur français aura suscité autant d'invectives de la part des censeurs. Opportunistes, d'autres productions hexagonales tentent, à leur tour, de marcher dans le sillage de Martyrs et de Haute Tension, sans néanmoins rééditer de telles fulgurances. C'est par exemple le cas de Lady Blood (Jean-Marc Vincent, 2009), La Horde (Yannick Dahan, 2009), Sheitan (Kim Shapiron, 2006), A l'intérieur (Julien Maury et Alexandre Bustillo, 2006), Frontière(s) (Xavier Gens, 2007), ou encore de La Meute (Franck Richard, 2009). Autant l'annoncer de suite, toutes ces pellicules, de qualité erratique, n'ont pas laissé un souvenir indélébile, loin de là.
Vient également s'agréger Vertige, réalisé par Abel Ferry en 2009. La carrière du cinéaste débute vers l'orée des années 2000 via plusieurs courts-métrages (Putain la vieille, faut pas l'énerver en 2001 et Le bon, la brute et les zombies en 2004).

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Vertige constitue donc le tout premier long-métrage d'Abel Ferry. Depuis, peu ou prou de nouvelles de l'intéressé si ce n'est une série télévisée (4 Jeunes, Une Voiture de 2013 à 2015) et un téléfilm, Piège Blanc (2014), diffusé sur France 2 en novembre 2014 (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abel_Ferry_(r%C3%A9alisateur). En outre, Vertige a recueilli des avis plutôt mitigé au moment de sa sortie. A fortiori, le métrage d'Abel Ferry serait nanti des meilleures velléités. Mais de bonnes intentions n'ont jamais fait un bon film avertiraient péremptoirement certains esprits dubitatifs. Tel est l'adage qu'aurait dû retenir le cinéaste avisé.
Reste à savoir si Vertige, en dépit de certains esprits chagrins, sera apte ou non à renouveler un genre plutôt moribond dans nos contrées hexagonales.

Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Fanny Valette, Johan Libéreau, Raphaël Lenglet, Nicolas Giraud et Maud Wyler. Attention, SPOILERS ! Poussé par un désir d'aventure et l'envie de se retrouver, un groupe d'amis se lance sur une via ferrata, une voie d'escalade en haute montagne. Pour Chloé, Guillaume, Fred, Karine et Loïc, le vertige des sommets et celui de sentiments enfouis va vite compliquer le voyage, d'autant qu'ils découvrent avec horreur qu'ils ne sont pas seuls... L'expédition va rapidement virer au cauchemar.
A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas songer à The Descent (Neil Marshall, 2005), à la seule différence que la séance de spéléologie dans une grotte des Appalaches s'est transmutée en une partie d'alpinisme dans les montagnes de la Croatie. 

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Sur ce dernier point, l'épilogue final de Vertige indique que les faits présentés seraient inspirés d'une histoire vraie... Voilà une information que nous accueillerons avec circonspection... Indubitablement, Abel Ferry a énormément apprécié The Descent, un peu trop peut-être, à tel point que la partition musicale de Vertige n'est pas sans rappeler le climat malaisant et anxiogène du film de Neil Marshall. Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là.
Cependant, Vertige possède d'autres arguties dans sa besace et s'apparente à un curieux maelström entre Délivrance (John Boorman, 1972), La Colline A Des Yeux (Wes Craven, 1977) et Détour Mortel (Rob Schmidt, 2003). Pourtant, durant ses vingt premières minutes, Vertige fait vaguement illusion. Indiscutablement, la partie d'alpinisme est la section la plus réussie du film via ce sentiment d'acrophobie plutôt bien exploité par Abel Ferry.

Un sentiment qui laissera le spectateur sceptique. Lors du générique final, on se demande pourquoi le cinéaste n'a pas opté pour le film d'action ou le survival montagneux dans la lignée et le continuum de Vertical Limit (Martin Campbell, 2000) ou du célèbre Cliffhanger : traque au sommet (Renny Harlin, 1993). Durant cette première partie, Vertige déploie des paysages magnifiques ainsi que des couleurs chatoyantes. Abel Ferry peut donc s'enhardir de véritables aptitudes derrière la mise en scène, plutôt apprêtée pour l'occasion.
Hélas, pour le réalisateur, les choses se corsent lorsque ce dernier transforme son survival âpre et rédhibitoire en séance horrifique, nos héros d'infortune se retrouvant dare-dare dans la tanière d'un chasseur et d'un prédateur peu amène. 

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Dès lors, Vertige s'engouffrera dans les archétypes habituels. Pis, le film ne retrouvera jamais cette tonitruance de naguère, s'enlisant peu à peu dans un récit exsangue et famélique. Ensuite, Vertige souffre également de la comparaison avec The Descent (précédemment mentionné) et de toutes ces références qu'il cite en catimini. Si les acteurs, Fanny Valette en tête, livrent une partition correcte, leurs divers protagonistes manquent singulièrement d'éloquence.
Impression corroborée par tous ces flashbacks qui ponctuent, çà et là, le long-métrage, et ne justifiant jamais leur utilité. De surcroît, difficile de ne pas se gausser devant le look dégingandé et décrépit du chasseur de service. Lors de cette seconde section, Vertige perd ce qu'il avait gagné en pragmatisme et en cohérence. Vous l'avez donc compris. La seconde partie du film est la parfaite antithèse de la première et aura pour conséquence d'inhumer définitivement cette pellicule apathique. Mais qu'Abel Ferry se rassérène, d'autres cinéastes feront pire et glisseront sur des pentes beaucoup plus funambulesques. Certains se remémoreront (ou pas) les égarements d'Humains (Jacques-Olivier Monon, 2008).

Note : 08.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver