Genre : anticipation, action, guerre, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2003
Durée : 2h14
Synopsis : L'histoire se déroule un an après le premier film. On y suit les deux survivants rentrer chez eux et tenter d'alerter l'opinion publique sur ce qui s'est passé sur l'île. Leurs déclarations provoquent un chaos sur tout le pays, violemment réprimé par le pouvoir militaire. Ce dernier décide alors de faire participer les deux opposants à la deuxième session de Battle Royale en compagnie d'une classe beaucoup moins tendre que la précédente.
La critique :
La société asiatique (en particulier le Japon) reste encore très marquée par les bombardements des villes de Nagasaki et d'Hiroshima entre le 6 août et le 9 août 1945. Cette atomisation massive a laissé des cicatrices indélébiles plongeant le Japon et sa population hébétée dans un état de déréliction. Le Japon devra supporter une longue période de convalescence. Cette néantisation exponentielle marque plusieurs générations de Japonais. En outre, Kinji Fukasaku a connu les horreurs et la violence de la Seconde Guerre Mondiale, tout d'abord en travaillant dans une usine d'armes (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kinji_Fukasaku), puis en ayant scruté au plus près les effets délétères de la bombe atomique.
A jamais, sa filmographie, à la fois foisonnante et exhaustive, sera marquée par cette introspection sur les vicissitudes de l'âme humaine.
La carrière de Kinji Fukasaku débute dès l'orée des années 1960 avec Du Rififi chez les truands (1961). Il enchaîne par la suite avec La Société des Gangsters (1963), Kamikaze Club (1968), La Bataille au-delà des Etoiles (1968), Tora! Tora! Tora! (1970) - un film de guerre qu'il coréalise avec Richard Fleischer et Toshio Masuda, Sous les drapeaux, l'enfer (1972), Le Cimetière de la Morale (1975), Les Evadés de l'Espace (1978), ou encore Virus (1980).
Mais son long-métrage le plus proverbial se nomme Battle Royale, sorti en 2001, un film qui constitue aussi son ultime révérence puisque Kinji Fukasaku décède d'un cancer de la prostate en 2003 et durant le tournage de Battle Royale 2 - Requiem, soit le métrage qui nous intéresse aujourd'hui. Le premier Battle Royale fait partie de ces productions asiatiques qui sont parvenues à s'expatrier en dehors de leurs frontières.
Mieux, le premier chapitre marque et estourbit durablement les persistances rétiniennes. A l'origine, le film est l'adaptation d'un manga éponyme de Koshun Takami. L'adaptation cinématographique impressionne à la fois par son scénario retors, son âpreté et un futur dicté par une guerre sans merci entre deux générations antagonistes. Afin de réfréner les ardeurs dissidentes de leur propre progéniture, les Japonais ont inventé un nouveau jeu de télévision à succès : Battle Royale.
L'objectif ? Les jouvenceaux sont sommés de s'affronter et de lutter jusqu'à la mort sur une île contrôlée par l'armée. La moindre répression ou contestation est immédiatement sanctionnée par la mort. Un collier électronique permet de savoir où se situe chaque protagoniste et éventuellement de l'exécuter en cas d'insurrection inopinée.
Malicieux, Kinji Fukasaku massacre ses divers personnages avec une véritable jubilation. Mais, au-delà de ses saynètes érubescentes, Battle Royale affine des thématiques spinescentes telles que le chaos, la destruction et surtout cette dichotomie générationnelle qui s'est peu à peu instaurée entre les adultes et leurs jeunes éphèbes. Rapidement, Battle Royale a érigé sa notoriété, que ce soit au Pays du Soleil Levant, et dans nos contrées occidentales. Cérémonieux, Kinji Fukasaku besogne déjà sur la trame scénaristique d'un second chapitre. Sous les précieuses instigations de son fils, Kinta Fukasaku, le cinéaste avisé ratiocine sur plusieurs scénarii possibles.
Néanmoins, le metteur en scène nippon souhaite davantage s'orienter sur des belligérances et sur la dialectique du terrorisme, la nouvelle grande tare de nos sociétés eudémonistes incapables d'endiguer ce phénomène criminel et exponentiel.
Hélas, pour des raisons de santé, Kinji Fukasaku doit céder la réalisation de Battle Royale 2 - Requiem à son fiston en déveine. De facto, la trame narrative de cette suite est, à moult reprises, prorogée, corrigée, modifiée, rectifiée... Pis, Kinji Fukasaku exhale son dernier soupir et ne voit pas le tournage aboutir. Depuis les pugilats et les invectives sanguinolentes du premier volet, la scène internationale a vu poindre une menace de plus en plus prégnante : le terrorisme (toujours la même antienne...). Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sur les deux tours jumelles du World Trade Center situées aux Etats-Unis ont changé la face du monde. Le scénario de Battle Royale 2 - Requiem sera donc dicté par cette rhétorique fatidique. A fortiori, cette suite part donc sous les meilleurs auspices.
A contrario, Battle Royale 2 - Requiem sera unanimement conspué et semoncé par les thuriféraires du premier volet.
Indubitablement, cette nouvelle aventure pâtit de la comparaison avec son auguste devancier. Pis, certains contempteurs qualifient même Battle Royale 2 de "navet insipide" et abhorrent une suite qu'ils jugent amphigourique. Reste à savoir si le long-métrage mérite des saillies aussi rédhibitoires. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Tatsuya Fujiwara, Ai Maeda, Shugo Oshinari, Ayana Sakai, Haruka Suenaga, Yuma Ishigaki, Miyuki Kanbe, Masaya Kikawada et Takeshi Kitano.
Attention, SPOILERS !
(1) Shûya Nanahara, le survivant de la dernière édition du BR (Battle Royale), a déclaré la guerre aux adultes et créé un groupe qui s’est nommé l’armée des Wildseven. Sa stratégie : le terrorisme. Le gouvernement japonais kidnappe alors une nouvelle classe de jeunes à problèmes afin de l’envoyer combattre l’armée de Shûya qui est à ce moment repliée sur une île éloignée.
Tout comme dans les précédents BR, ces jeunes ont autour du cou un collier qui explosera dans 72 heures s’ils n’ont pas vaincus avant, mais avec la nouveauté qu’ils sont tous associés par pairs — la mort de l’un déclenchant automatiquement l’explosion du collier du partenaire. Ils ne combattent donc que sous la contrainte et la force, d’autant plus que peu d’entre eux sont motivés à venger les crimes des Wildseven (1). Durant sa première demi-heure, Battle Royale 2 - Requiem fait vaguement illusion. Pourtant, lors de cette première section, le film de Kenta Fukasaku s'apparente à un remake, à peine déguisé, de son illustre homologue. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence...
Seule dissimilitude et pas des moindres, les jouvenceaux infortunés ne sont plus sommés de s'entretuer, mais de vaincre Shûya et sa petite armée d'adolescents intrépides.
A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas maronner après l'inanité du scénario proposé. Puisque le but du gouvernement japonais est d'occire Shûya et son aéropage de guerroyeurs, pourquoi ne pas envoyer directement l'armée sur place et ne pas utiliser les moyens technologiques et militaires à disposition ? Pourquoi, in fine, dépêcher des adolescents non aguerris sur une île solidement gardée ? A ces questions, point de réponse. Indiscutablement, Battle Royale 2 pâtit de l'absence (et même du décès) de son auguste démiurge en la personne de Kinji Fukasaku.
Remplacé au pied levé par son propre fiston, le cinéaste voit son concept dévoyer et obliquer vers des directions spinescentes. Tout ce qui faisait le charme et l'attrait du premier volet est ici supplanté. Finis l'humour noir, les truculences et les exécutions frénétiques au profit de belligérances et de martialités d'une rare indigence.
Sur la forme comme sur le fond, Battle Royale 2 s'apparente à un curieux maelström entre les tonalités véhémentes du premier film et cette volonté farouche de visiter d'autres contrées. De facto, cette suite se perd promptement dans d'interminables facondes, auxquelles s'agrègent de nombreuses ellipses et incohérences scénaristiques. Même le postulat de départ est galvaudé. Si la dichotomie générationnelle était pleinement justifiée dans le premier opus, elle manque sévèrement de pertinence dans cette nouvelle monture et interroge, de facto, sur la nécessité et la justification de telles inimitiés. Reste cette question en suspens : Battle Royale 2 est-il réellement ce navet insipide et décrié par de nombreux réfractaires ? Pas vraiment... A condition de faire fi de son majestueux épigone.
De surcroît, cette suite n'en reste pas moins décevante, saccadée, erratique et finalement chimérique.
Note : 07/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Battle_Royale_2:_Requiem
Hors ici, c'est un gloubi-boulga. Sachant que je n'ai pas aimé le premier (que je dois revoir car j'étais bien trop axé sur une comparaison avec le manga), je me dispenserai largement de celui-ci qui n'apporte, en fin de compte, rien