Genre : action, arts martiaux
Année : 1985
Durée : 1h35
Synopsis : Joe Armstrong, un soldat américain, stationne aux Philippines. Il y affronte une organisation de ninjas, qui vole les armes de l'armée.
La critique :
A l'instar de son cousin, un certain Yoram Globus, Menahem Golan peut s'enhardir d'appartenir aux fleurons du cinéma bis. Son nom, très souvent associé à celui du même Yoram Globus (bis repetita...), est synonyme de productions à la fois insipides et impécunieuses. Mais pas seulement... Puisque Menahem Golan participera, en tant que scénariste et/ou producteur, à des pellicules un peu plus ambitieuses et onéreuses ; entre autres Barfly (Barbet Schroeder, 1987), Love Streams (John Cassavetes, 1984), ou encore King Lear (Jean-Luc Godard, 1987, source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Menahem_Golan). En outre, Menahem Golan se polarise presque exclusivement sur le cinéma d'action.
Il suffit de prendre sa filmographie pour s'en rendre compte. Les thuriféraires du metteur en scène citeront aisément Opération Thunderbolt (1977), Enter The Ninja (1981), Delta Force (1986) ou encore Over the Top : le bras de fer (1987) parmi ses nombreuses forfaitures cinématographiques.
Si Menahem Golan se tourne parfois vers des acteurs aguerris en la matière (notamment Chuck Norris, Sylvester Stallone et Charles Bronson), le producteur affectionne également les comédiens et les réalisateurs subsidiaires, les "sous-action men", une catégorie à laquelle appartiennent, indubitablement, Michael Dudikoff et Sam Firstenberg. Ce dernier est aussi une autre figure archétypale du cinéma d'exploitation avec des films tels que Cyborg Cop (1993), Cyborg Cop 2 (1994), Opération Delta Force (1997), Delta Force 3 (1991) et Ninja 3 (1984).
Vient également s'agréger American Warrior, sorti en 1985, à ne pas confondre avec American Ninja (Emmet Alston, 1985). Toutefois, attention car aux Etats-Unis, American Warrior a été justement distribué sous le même nom d'American Ninja, histoire de rajouter un peu plus à la confusion.
Contre toute attente, le premier American Warrior se solde par un succès colossal via le support vidéo. Aux yeux de Menahem Golan et de Yoram Globus, c'est un argument suffisant pour transmuter ce premier chapitre en pentalogie mercantile. Le premier film sera donc suivi par American Warrior 2 ou Le Ninja Blanc (Sam Firstenberg, 1987), American Ninja 3 (Cedric Sundstrom, 1989), American Ninja 4 (Cedric Sundstrom, 1991) et American Ninja 5 (Bobby Jean Leonard, 1993). Vous l'avez donc compris. Il sera beaucoup... énormément... exclusivement question de ninjas dans cette chronique. Quant à Michael Dudikoff, sa carrière cinématographique débute dès l'orée des années 1980 avec L'implacable ninja (Menahem Golan, 1981).
Le comédien enchaîne alors avec Tron (Steven Lisberger, 1982), Retour vers l'enfer (Ted Kotcheff, 1983), La Rivière de la Mort (Steve Carver, 1989), Air America (Roger Spottiswoode, 1990), ou encore Black Thunder : Mission Air Force (Rick Jacobson, 1998).
Michael Dudikoff va donc revêtir les oripeaux de petite vedette d'un cinéma bis et d'action abreuvé par la testostérone. Il tient évidemment le rôle principal, celui de Joe Armstrong (un ninja... bien sûr !), dans American Warrior. Viennent également s'agréger Steve James Richard Norton, Nick Nicholson, Jim Gaines, Judie Aronson, John Fujioka et Tadashi Yamashita. Attention, SPOILERS ! (1) Joe Armstrong est un militaire au passé mystérieux, amnésique de son enfance.
En poste aux Philippines, il va être confronté à une organisation internationale de vendeurs d'armes équipée d'une escouade de ninjas, et qui se fournit auprès de l'armée. Il devra accomplir sa quête de purge militaire accompagné de son fidèle Curtis Jackson (1). A l'aune de cette exégèse, le spectateur sidéré aura aisément subodoré l'habile subterfuge.
Sur la forme, American Warrior premier du nom s'apparente donc à un curieux maelström entre Rambo (Ted Kotcheff, 1982), la guerre du Vietnam en moins, et Delta Force (précédemment mentionné), le film d'arts martiaux décomplexé et les ninjas décérébrés en plus ! De surcroît, American Warrior s'auréole des archétypes habituels et inhérents à ce genre de production désargentée et estampillée "années 1980". Ainsi, Joe Armstrong, le héros prédominant, est un être taciturne et mystérieux, au passé encore plus énigmatique, mais éprouvé aux techniques ninjas, celles qui remontent à des temps immémoriaux. Plus stoïque que jamais, Michael Dudikoff livre une partition étonnante livrant, çà et là, quelques expressions faciales élusives (en gros, ça varie entre l'air mécontent, le visage impavide et un vague sourire évasif ; guère plus).
Et puis, il y a évidemment le "black" jovial, limite salace et abonné aux rôles subsidiaires en la personne de Steven James. En outre, ce dernier interprète un certain Jackson, un militaire émérite. Petite question en filigrane : pourquoi les Afro-Américains se prénomment-ils toujours (ou presque) Jackson (parfois Washington...) dans ce genre de fadaise inconséquente ? A cette interrogation, point de réponse. Mais Steve James, plus égrillard que jamais, chipe presque la vedette à un Michael Dudikoff plus monolithique que jamais. Viennent également s'agréger une jeune femme potiche qui passe son temps à geindre et à se demander où elle a pu fourrer sa trousse à maquillage et qui se sert strictement à rien, des militaires retors et séditieux, un chef d'une organisation crapuleuse et bien sûr... des ninjas !
Mais alors toute une panoplie de ninjas... Des verts, des rouges, des bleus, des noirs, des jaunes... et j'en passe !
Magnanime, Sam Firstenberg ne nous épargne aucune excentricité et pousse le vice jusqu'à proposer un camp d'entraînement de ninjas quasi-attenant à une base militaire ! On croit fabuler... Oui, vous avez bien lu... Sous le nez et la barbe de l'armée, une étrange organisation s'adonne aux exercices de ninjas avec des poutres, des sacs de frappe et même des balançoires (véridique...) ! Dans cette chienlit cinématographique, Sam Firstenberg nous afflige (inflige...) de nombreuses saynètes d'action intrépides avec toute une pléthore de déflagrations, à tel point qu'on ne sait plus très bien qui tire sur qui et pourquoi... Bref, American Warrior, c'est aussi la quintessence d'un cinéma d'action fauché comme les blés et tourné sur les îles des Caraïbes (ou une île peu ou prou analogique).
Par-là, comprenez que les comédiens se dorent la pilule (si j'ose dire...) au soleil ; que le film accumule les séquences les plus amphigouriques. Par exemple, pour une raison que l'on ignore, le véloce Joe Armstrong passe mystérieusement à travers les balles de ses assaillants... Mieux, le ninja aventureux rudoie, malmène et détruit toute une organisation criminelle à lui tout seul... même s'il sera (un peu) aidé par Jackson, son fidèle prosélyte. Voilà pour les animosités !
Certes, American Warrior fait partie de ces pellicules "nanardes" et harangueuses qui estourbissent durablement les persistances rétiniennes. Paradoxalement, ce genre de série B possède un charme indicible et s'adresse, in fine, aux fans invétérés du cinéma bis.
Côte : Nanar
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-americanwarrior-american-warrior.html