2001-l-odyssee-de-l-espace

Genre : science-fiction, expérimental
Année : 1968
Durée : 2h21

Synopsis : A l'aube de l'Humanité, dans le désert africain, une tribu de primates subit les assauts répétés d'une bande rivale, qui lui dispute un point d'eau. La découverte d'un monolithe noir inspire au chef des singes assiégés un geste inédit et décisif. Brandissant un os, il passe à l'attaque et massacre ses adversaires. Le premier instrument est né. En 2001, quatre millions d'années plus tard, un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". A son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux vers Jupiter. Dix-huit mois plus tard, les astronautes David Bowman et Frank Poole font route vers Jupiter à bord du Discovery. Les deux hommes vaquent sereinement à leurs tâches quotidiennes sous le contrôle de HAL 9000, un ordinateur exceptionnel doué d'intelligence et de parole. Cependant, HAL, sans doute plus humain que ses maîtres, commence à donner des signes d'inquiétude : à quoi rime cette mission et que risque-t-on de découvrir sur Jupiter ?          

La critique :

En l'espace d'un petit siècle, l'astronomie a connu de nombreux bouleversements fatidiques et rédhibitoires. Via sa célèbre équation, E=MC2, Albert Einstein émet la première formule mathématique sur notre vaste univers et ratiocine sur la loi de la relativité générale ; à savoir que l'énergie correspond à une masse et inversement. Cette loi de la physique va chambouler à son tour les connaissances scientifiques puisqu'elle va permettre la fusion nucléaire et donc la création de la bombe atomique.
En reprenant les travaux et les introspections d'Isaac Newton en son temps, Albert Einstein réflexionne sur les lois de la gravité. Le génie scientifique est persuadé, à l'époque, que l'univers est appelé à se condenser... Inexorablement... Or, Edwin Powell Hubble découvre l'existence d'une autre galaxie, Andromède, dans notre univers.

Mieux, notre cosmos serait peuplé de milliers, de millions voire de milliards de galaxies titanesques. L'univers serait même en expansion, défiant par là même les lois de la gravité ainsi que celles de la relativité générale. De facto, beaucoup de théoriciens aguerris perçoivent notre cosmos comme un révélateur et un catalyseur de la conscience humaine. Telle la rhétorique dogmatique de la littérature et du cinéma de science-fiction dès la fin des années 1960 avec 2001, L'Odyssée de l'Espace, réalisé par les soins de Stanley Kubrick en 1968. Inutile de procéder à l'exégèse de ce cinéaste, photographe, producteur et scénariste émérite et que l'on ne présente plus.
A l'époque, le metteur en scène a déjà culminé à maintes reprises au sommet du box-office via plusieurs classiques incontournables.  

2001_0

Les thuriféraires de Stanley Kubrick citeront aisément Les Sentiers de la Gloire (1957), Spartacus (1960), Docteur Folamour (1964). 2001, L'Odyssée de l'Espace est aussi l'adaptation libre d'une nouvelle, Les Sentinelles, d'Arthur C. Clarke, un auteur éminent dans la littérature de SF. Aujourd'hui encore, il est difficile de déterminer l'influence et l'impact de 2001, L'Odyssée de l'Espace sur la culture en général et le Septième Art en particulier.
Coutumier des fausses rumeurs et des galéjades, Stanley Kubrick sera derechef suspecté d'avoir collaboré avec la NASA et d'avoir ourdi de savants complots. La plus célèbre rumeur accuse le réalisateur d'avoir tourné des séquences de faux alunissages, une théorie qui trouvera son apanage l'année suivante avec le périple lunaire de Neil Armstrong et de ses deux acolytes, Buzz Aldrin et Michael Collins.

En réalité, 2001, L'Odyssée de L'Espace propose une épopée à la fois cosmologique, initiatique et philosophique sur la vastité de notre cosmos ; thématique sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. Toujours est-il que le film aura non seulement une influence considérable sur plusieurs générations de cinéastes, mais sur la propre filmographie de Stanley Kubrick. A l'aune de ce chef d'oeuvre du space opera, on pourra paradoxalement relever de nombreuses assonances avec d'autres films à priori antagonistes, entre autres Orange Mécanique (1971) et Shining (1980) ; notamment dans cette façon si particulière de filmer l'espace, le temps qui passe, ainsi que leurs incidences sur les individus qui les entourent. Corrélativement, Kubrick affectionne aussi des thèmes tels que la déshumanisation, la technologie exponentielle, une intelligence artificielle capable de contrarier l'hégémonie humaine et l'existence d'une entité suprême qui serait à l'origine de la Genèse et donc de la Création.  

3379221-4855227

Plus que cette obsession de la conquête spatiale, 2001, l'Odyssée de l'Espace tente de résoudre cette question ontologique : qui sommes-nous ? Au moment de sa sortie, le long-métrage se solde par un succès phénoménal dans les salles obscures. 2001, L'Odyssée de l'Espace s'octroie plusieurs récompenses prédominantes, notamment l'Oscar des meilleurs effets spéciaux, le prix David Di Donatello de la meilleure production étrangère, ou encore le British Academy Film Awards dans la section meilleure direction artistique et meilleure bande originale (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/2001,_l%27Odyss%C3%A9e_de_l%27espace). Reste à savoir si 2001, l'Odyssée de l'Espace mérite de telles flagorneries... Bon, autant l'annoncer de suite. La réponse est évidemment positive.

Le film va même se transmuter en diptyque avec 2010 : l'année du premier contact (Peter Hyams, 1984) et engendrer de nombreux épigones, dont Solaris (Andreï Tarkovski, 1972), Interstellar (Christopher Nolan, 2014) et A.I. Intelligence Artificielle (Steven Spielberg, 2001) font partie. Dans le cas de A.I., le projet est diligenté par Stanley Kubrick lui-même. Si ce dernier scénarise et griffonne les premières prémices narratives, le film doit néanmoins échoir entre les mains de "Spielby" à posteriori. Mais Kubrick décédera en 1999 suite au tournage du sulfureux Eyes Wide Shut.
Le cinéma est orphelin de l'un de ses plus illustres thaumaturges. Que soit. Steven Spielberg lui rendra un vibrant hommage avec le même A.I. Intelligence Artificielle en 2001. 
Sur la forme comme sur le fond, 2001, l'Odyssée de l'Espace brasse de nombreuses thématiques et s'apparente, de facto, à un film ésotérique et expérimental sondant les anfractuosités de notre cosmos de notre inconscience ; tout en proposant une lecture emprunte de théologisme et de mysticisme. 

SPO

Oui, 2001 L'Odyssée de l'Espace est un peu tout cela à la fois.  On peut aisément qualifier ce film d'oeuvre polymorphique contenant par ailleurs toutes les obsessions (l'enfermement, le psychisme des divers protagonistes en déshérence, le huis clos anxiogène, une nature humaine vouée à la néantisation...) de Stanley Kubrick. La distribution du film se compose de Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Daniel Richter, Leonard Rossiter, Margaret Tysack, Robert Beatty et Sean Sullivan. Attention, SPOILERS ! A l'aube de l'Humanité, dans le désert africain, une tribu de primates subit les assauts répétés d'une bande rivale, qui lui dispute un point d'eau. 
La découverte d'un monolithe noir inspire au chef des singes assiégés un geste inédit et décisif. Brandissant un os, il passe à l'attaque et massacre ses adversaires.

Le premier instrument est né. En 2001, quatre millions d'années plus tard, un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". A son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux vers Jupiter. Dix-huit mois plus tard, les astronautes David Bowman et Frank Poole font route vers Jupiter à bord du Discovery. Les deux hommes vaquent sereinement à leurs tâches quotidiennes sous le contrôle de HAL 9000, un ordinateur exceptionnel doué d'intelligence et de parole.
Cependant, HAL, sans doute plus humain que ses maîtres, commence à donner des signes d'inquiétude : à quoi rime cette mission et que risque-t-on de découvrir sur Jupiter ? 
En vérité, difficile d'analyser et de décrypter une oeuvre aussi hétéroclite et de la trempe de 2001, l'Odyssée de l'Espace

tumblr_mt6kscFU931stefv5o2_r1_1280-900x427

Impression avalisée par un Stanley Kubrick roublard : "J'ai tenté de créer une expérience visuelle qui aille au-delà des références verbales habituelles et qui pénètre directement le subconscient de son contenu émotionnel et philosophique. J’ai eu l’intention de faire de mon film une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur au niveau le plus intérieur de sa conscience juste comme le fait la musique. Vous avez la liberté de spéculer à votre gré sur la signification philosophique et allégorique de ce film" (source : http://www.dvdclassik.com/critique/2001-l-odyssee-de-l-espace-kubrick). Certes, on peut considérer 2001, l'Odyssée de l'Espace comme une oeuvre intellectuelle engageant de nombreux processus mentaux et inconscients. 
Pourtant, sur le fond, 2001, L'Odyssée de l'Espace reste avant tout un opéra lyrique se déroulant dans un néant abyssal.

Pour Stanley Kubrick, les futurs spationautes, appelés à coloniser notre astre sélénite ainsi que diverses planètes attenantes, voyageront dans des vaisseaux spatiaux, défiant les lois de la gravité. Le cinéaste ingénieux insiste alors lourdement sur les déplacements corporels. Les astronautes sillonnent de haut en bas des coursives élaborées sur trois dimensions. Dès lors, Stanley Kubrick analyse la relation que l'homme entretient avec notre propre cosmos et surtout avec le temps et l'espace qui le conditionnent perpétuellement. Déjà à l'époque, Kubrick est convaincu de la prééminence de la machine, et plus particulièrement d'une intelligence artificielle appelée à se regimber contre l'impérium humain. Alors que les hommes circulent de façon disparate et semblent condamnés à disparaître de façon inéluctable ; les machines, à l'inverse, s'humanisent pour prendre leurs propres décisions et régenter de nouvelles philosophies. 

 

2001-vieux

Evidemment, la séquence finale, à la fois emprunte de lyrisme et de spiritualité, ne manquera pas de tarauder les esprits les plus dubitatifs. Pour certains, il s'agit d'une allégorie sur la cosmogénèse et l'essence même du Big Bang. Pour d'autres, il s'agit d'une parabole, voire d'une hyperbole sur ce cheminement inverse, celui qui doit conduire vers ce retour à cette membrane foetale (une allusion à l'univers infinitésimal ?). Cette impression de bassesse ineffable est étayée par les mélodies syntones et philharmoniques de Johann Strauss et de son Beau Danube Bleu... 
Vous l'avez donc compris. Pour apprécier 2001, l'Odyssée de l'Espace à sa juste valeur, il faut sans doute visionner et revoir le film plusieurs fois pour discerner toute son onctuosité, ainsi que ses différents niveaux de lecture. Indubitablement, Stanley Kubrick perçoit le cosmos comme une étendue infinie, insondable et impénétrable ; et sur laquelle nous n'avons aucun impact. Dix ans plus tard, le cinéma de science-fiction proposera une dialectique antagoniste en métamorphosant l'univers en un lieu de belligérances et de batailles spatiales, à travers les tribulations de Luke Skywalker en chevalier Jedi...

 

Note : 19/20

sparklehorse2 Alice In Oliver