meutres_en_3D_grd

 

Genre : horreur, slasher (interdit aux - 12 ans en France, interdit aux - 16 ans au Québec)
Année : 1982
Durée : 1h35

Synopsis : Jason Voorhes, le célèbre tueur au masque de hockey est de retour, plus décidé que jamais à semer la terreur, cette fois-ci dans une petite ferme où se rend un groupe de jeunes gens. Le tueur se trouve également aux prises avec un gang de motards.       

La critique :

Il faut sans doute remonter à l'orée des années 1960 pour déceler les tous premiers relents du slasher avec Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et Le Voyeur, aka Peeping Tom (Michael Powell, 1960), deux thrillers horrifiques et psychopathiques qui sortent dans la foulée. Hélas, pour Michael Powell, son Peeping Tom se fera chiper la vedette par le thriller anxiogène du maître du suspense. En créant la figure hébéphrénique de Norman Bates, Alfred Hitchcock invente une nouvelle forme de terreur au cinéma, le psychopathe atteint de tensions libidineuses et de pulsions irréfragables.
Bien des années plus tard, Bob Clark s'emparera à son tour de cette figure criminelle pour la transmuter en un abominable boogeyman dans Black Christmas en 1974. Pour les thuriféraires du cinéma d'épouvante, Black Christmas apparaît comme le tout premier slasher du genre.

Mais le succès populaire sonnera quatre ans plus tard avec la sortie d'Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978). Le maître de l'épouvante n'a jamais tari d'éloges ni caché son effervescence pour le même Black Christmas. John Carpenter reprend même les arguties de ce slasher âpre et véhément. Seul bémol et pas des moindres, les animosités se déroulent le soir d'Halloween, une fête proverbiale aux Etats-Unis. En sus, Carpenter crée une nouvelle figure d'épouvante, d'effroi et de scélératesse. Son nom ? Michael Myers, un boogeyman surgi du passé, claustré pendant des années dans un hôpital psychiatrique, et désormais en liberté.
"Le mal est en liberté !" s'écrie le docteur Loomis, un psychiatre émérite qui a suivi le cheminement sociopathique du croquemitaine échevelé. 

vendredi-13-chapitre-3-meurtres-en-3-dimensions-2

Lors de sa sortie en salles, Halloween, la nuit des masques se solde par un succès colossal au cinéma. Pour les producteurs avides et mercantiles, c'est un argument suffisant pour transmuer le premier chapitre en une saga lucrative et interminable. Mieux, Halloween, la nuit des masques inspire et engendre de nombreux épigones, qu'ils se nomment Freddy Krueger avec la saga A Nightmare on Elm Street, ou Jason Voorhees avec la saga Vendredi 13. Cette dernière franchise est née de l'imagination débridée de Sean S. Cunningham. A l'époque, ce dernier n'est qu'un modeste artisan du cinéma bis qui a néanmoins officié sur le tournage de La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972).
Opportuniste, Sean S. Cunningham reprend la formule anomique et éculée d'Halloween, la nuit des masques pour réaliser le tout premier Vendredi 13 (1980).

La presse et les critiques dubitatives renâclent l'habile subterfuge. Au mieux, Vendredi 13 apparaît comme une copie éhontée de son auguste devancier. Vendredi 13 est donc persiflé, semoncé et anathématisé par des critiques unanimement sarcastiques. A contrario, le premier chapitre se solde par un immense succès commercial. Les jeunes éphèbes en manque de sensations sanguinolentes se précipitent dans les salles obscures pour assister aux abominables forfaitures de Jason Voorhees. La réussite de Vendredi 13 tient presque uniquement sur son boogeyman hideux, muni d'un opinel et assaillant ses victimes à la lisière de Crystal Lake.
Succès oblige, le premier volet va donc se métamorphoser en une dodécalogie, soit douze films réalisés à ce jour et de qualité erratique. 

vendredi-13-chapitre-3-meurtres-en-3-dimensions-3

Dès 1981, Steve Miner supplante Sean S. Cunningham en signant un second opus, Vendredi 13 - Chapitre 2 : Le Tueur du Vendredi. En 1982, il réitère avec Vendredi 13 - Chapitre 3 : Meurtres en 3 Dimensions, connu aussi sous le nom de Le Tueur du Vendredi 2. A l'instar de Sean S. Cunningham, Steve Miner est un honnête besogneux du cinéma bis, en particulier du cinéma horrifique. Les adulateurs du cinéaste citeront aisément House (1986), Warlock (1989), Halloween, 20 ans après (1998), ou encore Lake Placid (1999) parmi ses productions notables et notoires.
Meurtres en 3 Dimensions appartient également à ces productions "en relief", la nouvelle mode cinématographique du début des années 1980. Des films tels que Les Dents de la Mer 3 (Joe Alves, 1983), Amityville 3D : Le Démon (Richard Fleischer, 1983), ou encore Parasite (Charles Band, 1982) s'accaparent elles aussi de la technologie 3D, un gadget qui semble ameuter les réflexes consuméristes, ainsi que les spectateurs dans les salles obscures.

Autre nouveauté, Meurtres en 3 Dimensions permet de voir, pour la toute première fois, Jason Voorhees arborer son fameux masque de hockey. Il n'en séparera plus jamais. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout... Enfin presque... La distribution de ce troisième méfait se compose Dana Kimmell, Paul Kratka, Jeffrey Rogers, Larry Zerner, Catherine Parks, Tracie Savage et Richard Brooker dans le rôle de Jason Voorhees. Attention, SPOILERS ! (1) Jason Voorhees est de retour cette fois-ci dans une petite ferme non loin de Crystal Lake où se rend un groupe d'adolescents.
Parmi eux, la jolie Chris, qui n'était pas revenue ici depuis des années à la suite de son agression avec Jason étant plus jeune, a décidé de revenir pour affronter son passé.
Mais bientôt, son cauchemar ne fera que recommencer lorsqu'elle retrouvera ses amis, mais sauvagement assassinés (1). 

vendredi-13-3-pic2

A l'aune de cette exégèse, difficile de s'extasier devant ce troisième volet de la saga Vendredi 13, et pour cause... Déjà réalisateur sur le précédent chapitre, Steve Miner n'a pas vraiment pour velléité de changer une formule gagnante. En outre, les amoureux de la franchise seront en terrain connu et quasiment conquis. Meurtres en 3 Dimensions démarre donc de la même façon que Le Tueur du Vendredi en rappelant les derniers événements du second film. Pour le reste, Meurtres en 3 Dimensions obéit toujours à la même dialectique et confronte une bande d'étudiants à quelques motards miteux aux abords de Crystal Lake. Evidemment, Jason Voorhees vient se mêler aux inimitiés.
Pourtant, il faudra faire preuve de longanimité et patienter un long moment avant de voir débarquer l'affreux boogeyman.

Fidèle à sa réputation, Jason Voorhees étrille une jeune femme en déveine dans une grange, puis disparaît subrepticement de la circulation... Curieusement, les meurtres sont prestement éludés. De facto, on se demande comment ce troisième film a pu écoper d'une interdiction aux moins de 16 ans au Québec... Mais, à priori, Meurtres en 3 Dimensions aurait été victime des désidératas de la censure. Steve Miner est donc sommé de revoir sa copie et d'évincer certaines saynètes jugées trop érubescentes. Cérémonieux, le metteur en scène accomplit son office sans aucun génie et ne réédite aucunement les fulgurances parfois sanguinaires de Le Tueur du Vendredi.
Plutôt pingre en matière de gore, de tripailles et de barbaque, Meurtres en 3 Dimensions se suit donc avec un ennui poli et annonce déjà une franchise exsangue et incapable de renouveler son sujet. Au menu des tristes réjouissances, il faudra se contenter d'une petite énucléation, puis d'une hache fendant le masque puis le visage de Jason Voorhees, guère plus. Bilieux, le spectateur ulcéré exigera, à juste titre, qu'on lui rende le célèbre croquemitaine, ici curieusement policé. Ce n'est pas un hasard si Meurtres en 3 Dimensions est souvent répertorié parmi les épisodes les plus fastidieux de la série. Pas un navet, mais on s'en rapproche tout de même allègrement...

Note : 07/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Meurtres_en_3_dimensions