Genre : action (interdit aux - 18 ans à sa sortie, interdit aux - 16 ans par la suite, puis interdit aux - 12 ans aujourd'hui)
Année : 1979
Durée : 1h24
Synopsis : A New York, où une centaine de gangs se partagent les rues, les combats font rage. La bande la plus puissante, les Gramercy Riffs dirigés par Cyrus, désirent unifier les forces et convoquent tous les gangs à un rassemblement pacifique. Mais la réunion dérape et finit dans le sang : Cyrus est assassiné. Ce meurtre, attribué par erreur aux Warriors, déclenche sur eux la vengeance de tous les autres. La lutte pour la survie commence, le long du trajet de 40 kilomètres qui les relie à leur quartier général...
La critique :
Réalisateur, producteur et scénariste américain, Walter Hill démarre sa carrière cinématographique vers le milieu des années 1960. Il participe, de façon concomitante, aux tournages des films L'Affaire Thomas Crown (Norman Jewison, 1968) et de Bullitt (Peter Yates, 1968) ; deux expériences cinématographiques qui lui permettent de s'aguerrir derrière la caméra. A l'orée des années 1970, il officie derrière le scénario de Guet-Apens (Sam Peckinpah, 1972), un long-métrage qui se solde par un succès plutôt mitigé. Pour Walter Hill, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'en 1975 pour signer son tout premier métrage, Le Bagarreur, un film qui permet d'affiner son affection pour le cinéma d'action et les héros téméraires. Mais Walter Hill possède d'autres arguties dans sa besace et révère également les registres du western, du polar, du film noir et du genre policier.
Impression corroborée par une filmographie erratique, parfois ponctuée par quelques fulgurances, notamment Sans Retour (1981), 48 Heures (1982), Les Rues de Feu (1984), Crossroads (1986), Extrême Préjudice (1987), Double Détente (1988), ou encore Johnny Belle Gueule (1989). Corrélativement, les thuriféraires du cinéaste notifieront quelques impondérables, hélas inhérents à n'importe quelle filmographie. Des longs-métrages tels que Supernova (2000), Un Seul Deviendra Invincible (2002), ou encore Du plomb dans la tête (2012) ne laisseront pas un souvenir indélébile, loin de là. En outre, Walter Hill devra patienter jusqu'à la fin des années 1970 pour susciter les anathèmes et les quolibets avec The Warriors, en français Les Guerriers de la Nuit, et sorti en 1979, une polémique d'infortune dont le réalisateur se serait aisément dispensé.
A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'un opuscule éponyme de Sol Yurick, "lui-même inspiré de l'Anabase, œuvre historique et autobiographique de l’Athénien Xénophon" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Guerriers_de_la_nuit). Durant les années 1970, l'Amérique doit affronter les dissidences de plusieurs factions urbaines, en particulier new-yorkaises, qui ont cédé aux meurtres, aux exactions, aux divers trafics et au grand banditisme. Petite piqûre de rappel. A la même époque, l'Amérique est frappée d'anathèmes par le scandale du Watergate et la guerre du Vietnam qui perdure. Le pays envoie de jeunes soldats américains vers une mort certaine, ce qui ne manque de courroucer certains mouvements prônant le pacifisme et l'hédonisme ad nauseam. Conjointement, la Nation atone est en pleine révolution sociologique, culturelle et sexuelle.
Le mouvement hippie proclame l'émancipation et la béatitude contre les méfaits d'un capitalisme patriarcal et réfractaire. Une autre guerre est en marche. Elle a lieu dans New York, mais aussi dans les rues et dans les grandes périphéries urbaines, ainsi que dans les bas quartiers oubliés et ostracisés par nos hiérarques politiques. Pour la première fois au cinéma, une oeuvre cinématographique met en exergue cette populace marginale décriée et admonestée par une oligachie peu soucieuse de cette violence et de cette impécuniosité exponentielle. A l'origine, Walter Hill souhaitait transposer son scénario dans un futur proche et indéterminé. Au dernier moment, le metteur en scène opte pour une histoire contemporaine. De surcroît, Walter Hill souhaite uniquement engager des acteurs Afro-Américains et hispaniques afin d'attribuer davantage de crédibilité à ces gangs atrabilaires.
C'est probablement la raison pour laquelle la trame narrative de The Warriors est conçue comme un story board, voire un comic book déployé en fonction des animosités. On comprend mieux alors pourquoi Les Guerriers de la Nuit s'est nimbé par un parfum de souffre et de scandale, à l'instar de son affiche qui scande hargneusement : "These are the armies of the night. They are 100,000 strong. They outnumber the cops five to one. They could run New York City" (Source : toujours Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Guerriers_de_la_nuit). En raison de son incitation à la sédition contre le pouvoir établi, Les Guerriers de la Nuit écopera, au moment de sa sortie, d'une interdiction aux moins de 18 ans.
Certes, les producteurs exhorteront Walter Hill à euphémiser ses ardeurs. Par exemple, le réalisateur prévoit de jeter l'un de ses protagonistes en pâture à une troupe de dobermans affamés.
Heureusement, Walter Hill abandonne cette saynète virulente. De telles réprobations seront minorées par la suite pour passer à une interdiction aux moins de 16 ans, puis à une simple (si j'ose dire...) interdiction aux moins de 12 ans aujourd'hui. A l'époque, la sortie de Les Guerriers de la Nuit est relativement évasive puisque le film se solde par une rebuffade commerciale. Toutefois, le long-métrage va s'octroyer la couronne de film culte au fil des années et influence plusieurs générations de productions et de cinéastes pour son impudence ostentatoire.
Pendant longtemps, le réalisateur, Tony Scott, évoquera l'idée d'un remake putatif. Mais le projet sera finalement prorogé pour des raisons essentiellement pécuniaires. La distribution de The Warriors se compose de James Remar, Michael Beck, Dorsey Wright, Thomas G. Waites, Brian Taylor, David Harris, Tom McKitterick, Marcelino Sanchez, Terry Michos et Deborah Van Valkenburgh.
Attention, SPOILERS ! (1) Cyrus, le chef charismatique du gang le plus puissant de l’état de New York a réuni l’ensemble des gangs de la ville pour une assemblée nocturne à Centrak Park. Son discours est celui d’un rassembleur qui invite les représentants conviés à déclarer une trêve afin de cesser leurs rivalités territoriales et à s’unir pour s’emparer de la cité et la dominer, insistant sur le fait que leur nombre dépasse de très loin celui des policiers. Mais Cyrus est abattu d’un coup de revolver par un chef d’une bande rivale. Celui-ci accuse les Warriors d’avoir perpétré le crime.
Commence alors pour les huit membres des Warriors une chasse à l’homme, dont ils sont la proie désignée par les Riffs, le gang orphelin de Cyrus. Les Warriors, poursuivis autant par la police que par les gangs, vont devoir traverser New York pour retourner sain et sauf sur leur territoire de Coney Island, en échappant aux multiples dangers qui les attendent à chaque coin de rue (1).
Nanti d'un budget anémique (à peine 7 millions de dollars), Les Guerriers de la Nuit fait avant tout office de série B irrévérencieuse qui abhorre et vilipende une Amérique exsangue et en proie à une criminalité aux multiples collatéraux. A la même époque, d'autres productions harangueuses et véhémentes se soucient elles aussi de ce banditisme croissant, annonçant des temps funestes voire eschatologiques. C'est par exemple le cas de Mad Max (George Miller, 1979), Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974), ou encore de New York 1997 (John Carpenter, 1981).
A son tour, Les Guerriers de la Nuit annonce péremptoirement cette débauche de violence. Si révolution il y a, elle proviendra du prolétariat. Telle est la croyance candide qui claironne aux esgourdes de nos vils oligarques et capitalistes incongrus.
En ce sens, Les Guerriers de la Nuit s'apparente à une pure production d'exploitation de son époque en dissidence. A contrario, ce schisme est atténué par ce même hédonisme qui devient le nouvel apanage d'une mondialisation forcenée. Dans Les Guerriers de la Nuit, la rue est décrite comme une nouvelle jungle urbaine dans laquelle s'admonestent et s'affrontent plusieurs gangs parfaitement agencés. Pour Walter Hill, c'est aussi l'occasion de vitupérer la répression policière, ainsi que les mauvais traitements affligés aux immigrés hispaniques, latinos et Afro-Américains, hélas victimes de cette xénophobie latente. Sur la forme comme sur le fond, Les Guerriers de la Nuit s'apparente également à un curieux maelström entre la Blaxploitation, le vigilante movie et le film d'action débridé.
Ici, la violence est esthétisée pour mieux se polariser sur un gang d'adulescents, porté par les épaules musculeuses de son leader autocratique, un certain Swan. En dépit de sa mise en scène cérémonieuse, The Warriors est victime de son concept et surtout de son scénario famélique. A l'aune de cette pellicule lapidaire (à peine une heure et 25 minutes de bobine), difficile de comprendre les irascibilités de la censure et de la polémique qui ont clabaudé contre les parjures de nos voyous infortunés. Au mieux, The Warriors fait figure aujourd'hui de production joliment surannée qui flagornera sans doute les nostalgiques de l'époque, mais guère davantage.
Note : 12/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.dvdclassik.com/critique/les-guerriers-de-la-nuit-hill