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Genre : fantastique, comédie 
Année : 2016
Durée : 1h57

Synopsis : Nouvelle version de la comédie surnaturelle S.O.S Fantômes avec un casting féminin. Les fantômes n’ont qu’à bien se tenir !             

La critique :

On connaît la propension, voire l'intempérance du cinéma hollywoodien à exhumer ses vieilles figures lucratives de naguère. Même Steven Spielberg s'est laissé appâter et fourvoyer dans cette recette dispendieuse en réalisant et en produisant une quatrième aventure chimérique d'Indiana Jones au cinéma (Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal en 2007). En 1984, Ivan Reitman, un cinéaste qui n'a jamais caché son effervescence pour le cinéma "spielbergien", signe S.O.S. Fantômes, une comédie fantastique et iconoclaste qui joue la carte de la boutade et de la rodomontade sur fond de fantômes et de paranormal. Ivan Reitman laisse parler sa fantaisie au service d'une gaudriole roublarde et perspicace qui triomphe au cinéma.
Mieux, le long-métrage acquiert prestement le statut de film culte et s'impose dans la culture populaire américaine.

Cinq ans plus tard, les producteurs avides et mercantiles exhortent Ivan Reitman à réaliser une suite aux aventures de nos chasseurs de fantômes. Bienvenue dans S.O.S. Fantômes 2, sorti en 1989 ! Le quatuor formé par Dan Aykroyd, Bill Murray, Harold Ramis et Ernie Hudson répond doctement à l'appel. De surcroît, certains trublions du premier volet viennent s'agréger aux animosités. Ainsi, Rick Moranis joue toujours les intellectuels funambulesques pendant que Sigourney Weaver campe une mère de famille aux tendances un brin libidineuses. Mais peu importe.
Bien que désuète, la formule fonctionne encore. Mieux, Ivan Reitman s'ébaudit du phénomène en tournant en dérision notre petite escouade de scientifiques à la dérive et désormais obligés de participer à des anniversaires, une manière comme une autre de survivre via quelques maigres subsides !

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A contrario, S.O.S. Fantômes 2 se solde par des scores mitigés lors sa sortie au cinéma et ne réalise pas les performances escomptées. De son propre aveu, Ivan Reitman était plutôt réticent à l'idée de tourner un second chapitre putatif. Pour le cinéaste et producteur, pas question de dévoyer le diptyque vers une trilogie hypothétique ! Pourtant, cette idée saugrenue refait surface vers le milieu des années 2000. De prime abord, c'est l'acteur Dan Aykroyd qui annonce dogmatiquement un film d'animation, mais le projet est finalement prorogé. Que soit.
Dan Aykroyd avalise, derechef, le projet de se coaliser une troisième et ultime fois pour un nouvel épisode qui serait d'ores et déjà en préparation.
Désappointé, Ivan Reitman se désiste finalement d'un éventuel S.O.S. Fantômes 3.

Plusieurs noms sont alors scandés par Hollywood pour tenter de le suppléer. Des réalisateurs tels que Chris Miller et Ruben Fleischer sont sérieusement envisagés, mais peu ou prou de nouvelles des intéressés qui n'ont pas l'air spécialement emballés ! De surcroît, le comédien Rick Moranis décède en 2014, laissant la franchise orpheline de l'un de ses plus fidèles prosélytes. Quelques mois plus tard, la firme omnipotente Sony Pictures Entertainment annonce sa volonté de produire un reboot éponyme sous l'égide de Paul Feig. Toutefois, pas question de reprendre Bill Murray et sa clique surannée !
Nos joyeux drilles sont donc évincés au profit d'un casting féminin, soit le nouvel apanage du cinéma hollywoodien. Au nom de l'égalitarisme à tous crins, hommes et femmes doivent se partager autant de fois la vedette sur le haut des oriflammes, et tant pis pour le scénario et la piètre qualité narrative ! Une lapalissade ! 

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Peu enthousiaste, Ivan Reitman participe, de façon élusive, à la production du film. Paradoxalement, l'identité même de S.O.S. Fantômes, sorti en 2016, manque singulièrement de limpidité. Reboot ? Relance ? Séquelle ? Ou remake ? Un peu tout cela à la fois déclame péremptoirement un Ivan Reitman qui ne souhaite guère s'exprimer sur ce troisième opus. Le public médusé ne s'y trompera pas et boudera unanimement cette nouvelle version déjà obsolescente. Non seulement, S.O.S. Fantômes version 2016 se solde par une rebuffade commerciale, mais reçoit des critiques unanimement sarcastiques. Reste à savoir si ce remake (Relance ? Séquelle ?) mérite de telles acrimonies.
Réponse dans les lignes à venir dans cette chronique... La distribution du film se compose de Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones, Chris Hemsworth, Andy Garcia, Cecily Strong et Charles Dance.

On notifiera également les participations de Bill Murray, Dan Aykroyd, Sigourney Weaver, Ernie Hudson, Annie Potts et Ozzy Osbourne. Pour l'anecdote, Emma Stone et Jennifer Lawrence seront longtemps envisagées pour tenir les rôles principaux, mais les deux actrices, peu convaincues par le scénario, déclineront poliment l'invitation. Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! (1) À New York, Erin, une ancienne spécialiste du paranormal, est contactée par le responsable d’un célèbre musée qui serait la proie d’un fantôme.
Ne prenant pas du tout au sérieux la chose, elle contacte Abby, une ancienne collègue, elle aussi très portée sur l’étude des phénomènes extraordinaires et accepte à contre-courant de l’accompagner sur place afin de mener l’enquête.

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Épaulées par Jillian, une pro du bidouillage, les deux ex-amies sont alors confrontées à une entité particulièrement agressive, qui remet en cause toutes les croyances d’Erin et réveille en elle une passion éteinte depuis longtemps. C’est alors que la ville devient le théâtre d’une succession d’événements du même genre. Totalement galvanisées, les jeunes femmes décident de créer une escouade spécialisée dans la chasse aux fantômes… (1). A l'aune de ce synopsis, difficile de s'enthousiasmer pour les phrasés narratifs de ce reboot (Remake ? Relance ? Oui, je sais... C'est lourd !).
Certes, par d'habiles subterfuges, Paul Feig, un spécialiste de la comédie goguenarde (Mes Meilleures Amies en 2011, Les Flingueuses en 2013 et Spy en 2015, entre autres), tente de rééditer cette jubilation de naguère, celle qui seyait si bien à Ivan Reitman, Bill Murray et les autres en leur temps.

Mais peut-on réellement exhumer les années 1980 de leur sépulcre ? Telle est la question qui se pose en filigrane lors de ce remake... Dès sa genèse, S.O.S. Fantômes s'est laissé dévoyer par des directions spinescentes et protéiformes, n'assumant pas son propre statut. En l'état, difficile de qualifier cette production hollywoodienne de séquelle, de relance ou de remake puisque le film ne ressemble finalement à rien ; si ce n'est à une pellicule standardisée, soit le nouveau leitmotiv d'Hollywood, une oligarchie peu exigeante en termes de qualités cinéphiliques.
Un oxymore. En outre, les absences de Rick Moranis (et pour cause... hélas...), de Dan Aykroyd et de leurs fidèles subordonnés se font furieusement sentir en dépit de la présence évasive et miséricordieuse de la fine équipe de jadis, un clin d'oeil plutôt bien venu mais finalement stérile ; à l'image du film... 

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Après une introduction poussive, S.O.S. Fantômes (2016) prend du temps à démarrer et à présenter ses héroïnes faméliques. Certes, ces dernières palabrent, s'invectivent et s'agonisent copieusement d'injures, le tout dans une bonhommie parfois communicative. Hélas, rien n'y fait. Bien conscient de l'inanité de son casting féminin, Paul Feig tente d'apporter une once de folie via la participation impromptue de Chris Hemsworth. Le comédien, pourtant en mode cabotinage, est bien le seul à transparaître et à surnager dans cette production au mieux indigeste.
Visiblement, l'interprète hâbleur a parfaitement cerné l'hérésie de l'entreprise. Ca tombe bien, nous aussi. Pis, dans cette chienlit cinématographique, le film tombe dans le piège de l'humour pétomane et scatophile servi par un casting féminin en pleine déroute artistique.

A fortiori, aux yeux de Paul Feig, le féminisme rime avec histrionisme. De facto, le casting essentiellement féminin est condamné à verser dans d'interminables logorrhées et des balourdises d'une rare indigence. Mention spéciale à Leslie Jones qui nous livre une parodie, version féminine, d'Ernie Hudson en son temps, en mimant la nana "black" facétieuse. La dernière demi-heure, évidemment en apothéose, tente de sauver un peu les meubles. Là aussi, une chimère. C'est tout le problème de S.O.S. Fantômes version 2016. Rarement, un blockbuster de cette trempe n'aura autant ressemblé à une production aseptisée, dénuée du moindre enjeu scénaristique, de la moindre trouvaille un tant soit peu ingénieuse et dépourvue d'un casting peu ou prou crédible.
En résumé, l’engouement et la sagacité de jadis ont été troqués contre un humour licencieux et des répliques roturières. Voici un parfait condensé du cinéma hollywoodien actuel, pour le plus grand désarroi du spectateur en déveine. Ne parlons même pas des thuriféraires de longue date qui ne reconnaîtront sûrement pas, nonobstant quelques clins d’œil élusifs, la franchise de naguère. Certes, Paul Feig évoque des "casseuses de fantômes", une assertion qui aura le don de courroucer nos héroïnes évidemment volubiles. En l'état et au risque de verser dans la trivialité, on pencherait davantage pour des "casseuses de couill...". Par courtoisie, nous resterons un minimum décent envers ce "naveton" sérieusement avarié. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...

Côte : Navet

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(1) Synopsis du film sur : http://www.onrembobine.fr/critiques/critique-s-o-s-fantomes-2016/