jurassic world fallen kingdom

Genre : fantastique, aventure, action
Année : 2018
Durée : 2h08

Synopsis : Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l'île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction.  Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l'île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.      

La critique :

On n'a pas fini de parler de la saga Jurassic Park, transmutée récemment en Jurassic World. Amorcée en 1993 sous l'égide de Steven Spielberg, la franchise débutait sous les meilleurs auspices via cette introspection sur la science, et en particulier sur la génétique. Sous la caméra vétilleuse de "Spielby", les dinosaures ressuscitaient grâce à l'avènement de l'ère numérique. Jadis, le cinéaste, Harry O. Hoyt avait réalisé peu ou prou la même prouesse avec la technologie de l'époque dans Le Monde Perdu (1925). Le cinéma découvrait alors hébété la technique de la stop-motion.
Les spectateurs hagards assistaient alors au grand retour de l'ère paléontologique avec son armada de raptors, de tricératops et surtout sa star prédominante : le tyrannosaure Rex. Presque dix années plus tard, la créature cyclopéenne se fera chiper la vedette par un monstre tout aussi gigantesque avec King Kong (Ernest B. Schoedsack, 1933).

Steven Spielberg n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour cet univers aventureux et fantastique. Ce "monde perdu" était destiné à renaître, un jour ou l'autre, de ses cendres. Telle était la promesse ânonnée par Jurassic Park premier du nom. Promotion et succès pharaonique obligent, le premier volet devait se transmuer en un second chapitre, Le Monde Perdu : Jurassic Park, toujours sous la houlette de Steven Spielberg en 1997. Cette fois-ci, peu ou prou de surprise au programme. Le metteur en scène avisé se contente de psalmodier une recette famélique avec néanmoins quelques fulgurances techniques et visuelles.
"Le soldat" Jurassic Park corroborera cet état de convalescence via un troisième opus, cette fois-ci sous la férule de Joe Johnston. 

images8VYFV5BB

On ne reverra plus Steven Spielberg derrière la caméra de la franchise préhistorique. En outre, le cinéaste s'affairera à la production des nouveaux chapitres. Bien des années après Jurassic Park 3, le cinéma hollywoodien relance la saga de naguère. Ce sera Jurassic World, réalisé par les soins de Colin Trevorrow en 2015. Opportuniste, le cinéaste rend largement hommage au cinéma sagace et spectaculaire de Steven Spielberg. Toutefois, Colin Tevorrow vient apporter sa modeste pierre à l'édifice en s'appropriant la franchise. En l'occurrence, il est toujours question de ce Complexe d'Icare, à la fois fourvoyé par des scientifiques peu scrupuleux et un capitalisme faraud et harangueur.
Il n'est plus seulement question d'exhumer les dinosaures de l'ère paléontologique pour ameuter les foules dans un parc, mais de les métamorphoser en créatures hybrides et dolichocéphales.

Malicieux, Colin Trevorrow confirme déjà que de nouveaux scénarii sont en préparation et même en cours d'écriture, mais le metteur en scène émet un refus poli pour la réalisation de Jurassic World - Fallen Kingdom, sorti en 2018 et désormais sous l'égide Juan Antonio Bayona. Ce cinquième chapitre de la franchise revêt les oripeaux d'un blockbuster estival qui doit tout emporter sur son passage. Mission réussie en l'occurrence puisque cette suite s'érige à la première place du box-office américain et impose son hégémonie irréfragable à travers le monde entier.
Quant à Juan Antonio Bayona, le cinéaste ibérique s'est déjà illustré par le passé avec L'Orphelinat (2007), The Impossible (2012) et Quelques Minutes Après Minuit (2016). A fortiori, le style du réalisateur espagnol ne colle pas trop à l'esprit homérique d'un nouveau Jurassic Park (enfin... Jurassic World). 

sans-titre12

Juan Antonio Bayona affectionne davantage les ambiances putrides et des films un peu plus introspectifs. Reste à savoir si le "bonhomme" (si j'ose dire...) est le cinéaste de la situation. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Juan Antonio Bayona peut toujours compter sur les précieuses instigations de Steven Spielberg et de son fidèle subordonné, Frank Marshall, derechef derrière la production de ce second épisode. Si le succès est immédiat pour Jurassic World - Fallen Kingdom, les avis sont beaucoup plus pondérés. Certaines critiques circonspectes admonestent et sermonnent cette suite qu'elles jugent au mieux prosaïque. La saga Jurassic Word est-elle prédestinée à connaître le même sort que la franchise Star Wars, dévoyée par sa pléthore de suites et de séquelles ?
Encore une fois, c'est ce que nous allons tenter de décrypter à travers cette chronique.

La distribution de Jurassic World deuxième du nom se compose de Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Toby Jones, Daniella Pineda, James Cromwell, Ted Levine et B.D. Wong. Attention, SPOILERS ! (1) Trois ans après les événements du parc Jurassic World, Claire Dearing, l'ancienne dirigeante du parc, préside dorénavant une association pour la protection des dinosaures et se bat pour sauver les dinosaures de l'île, menacée par une éruption volcanique. Elle est contactée par Benjamin Lockwood, vieil ami et ancien collègue fortuné de John Hammond.
Celui-ci lui propose d'aller sauver onze espèces de dinosaures sur Isla Nublar et de les amener dans un « sanctuaire » spécialement créé pour les protéger, loin des humains.
Claire a besoin d'Owen Grady pour cette mission et ils se rendent donc sur l'île accompagnés de militaires, du spécialiste en informatique Franklin Webb et de Zia Rodriguez, une paléo-vétérinaire. 

images3

Owen, Claire et leurs compagnons vont vite découvrir qu'ils se sont fait berner par l'associé de Lockwood, Eli Mills, qui a une toute autre vue sur les dinosaures. En effet, ce dernier compte vendre ces derniers aux enchères, mais ce n'est pas la seule menace, un nouvel hybride a été créé : l'Indoraptor. Owen et Claire vont alors tout faire pour stopper cette conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire (1). Alors, quoi de neuf sur l'horizon Jurassic World ? Réponse : pas grand-chose ou alors peu ou prou.
Indubitablement, la saga marche continûment sur ce didactisme du clonage et de la génétique. Désormais, notre science infatuée peut hélas s'enorgueillir de créer des dinosaures protéiformes qui seraient des croisements carnassiers entre le raptor, le vélociraptor et le tyrannosaure Rex.

A la base, l'idée n'est pas forcément si saugrenue. Seul bémol et pas des moindres, difficile de reconnaître le style cérémonieux de Juan Antonio Bayona affligé de supporter les désidératas de la machine hollywoodienne.
Délesté du scénario et probablement de la moindre liberté artistique, ce dernier s'ingénie à diligenter les effets spéciaux et visuels du film, certes très impressionnants. Que soit. C'est aussi ce que l'on attend d'un blockbuster estampillé de plusieurs centaines de millions de dollars. En outre, n'importe quel tâcheron un tant soit peu érudit aurait pu réaliser ce Jurassic World - Fallen Kingdom. Les enjeux animaliers et écologiques de cette suite sont prestement évincés pour mieux se polariser sur les dilections amoureuses du couple formé par Chris Pratt et Bryce Dallas Howard.
Hélas, les oaristys du duo hollywoodien ne passionnent guère, à l'instar des félonies d'un vil capitaliste prétentiard.

Ce dernier voit dans le clonage une nouvelle segmentation d'un capitalisme martial, voire guerroyeur. Quant au prisme animalier, il se résume presque en une seule assertion déclamée par un Chris Pratt en mode cabotinage : "Les dinosaures n'ont pas besoin de notre protection". De facto, difficile d'adhérer aux enjeux de ce Jurassic World - Fallen Kingdom en raison de ses cachexies narratives. En l'état, ce nouveau chapitre flagornera sans doute les thuriféraires les plus irréductibles de la saga, voire le public peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques.
Evidemment, la profusion de séquences d'action permet de fermer les mirettes - voire les esgourdes - sur l'inanité et la vacuité de cette production homérique. Indiscutablement, le scénario (ou plutôt l'absence de trame narrative) reste la principale carence de Jurassic World - Fallen Kingdom. La saga aurait donc tout intérêt à stopper les belligérances et à renâcler vers d'autres rhétoriques scientifiques que celles de la génétique et/ou du clonage, sous peine de s'engoncer dans les affres de l'ineptie et de la fastidiosité.

 

Note : 09/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jurassic_World:_Fallen_Kingdom