Genre : horreur, gore (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 2007
Durée : 1h31
Synopsis : Durant le 17e siècle, un groupe de soldats est chargé de mettre des cadavres en terre. Durant cette opération, l'un des morts se ranime et sème la terreur. Il dévore l'ensemble de l'équipage qui se transforme à son tour en zombies rachitiques. 400 ans plus tard, un bateau, après avoir traversé une épaisse nappe de brouillard, aborde une île inconnue, qui n'apparaît sous aucune carte. Intrigué, le capitaine Kirk décide de descendre à terre avec un petit groupe d'hommes pour explorer l'île. Mais l'endroit est habité par des zombies carnassiers...
La critique :
Il y avait bien longtemps que l'on n'avait plus parlé de Bruno Mattei sur ce blog. Pour mémoire, ce metteur en scène, producteur et monteur italien est souvent considéré comme le ou l'un des pires réalisateurs de toute l'histoire du cinéma, une première place qu'il se dispute encore avec Ed Wood (le précurseur du cinéma Z) et Cetin Inanç (à qui l'on doit l'inénarrable Turkish Star Wars). Le nom de Bruno Mattei rime invariablement avec le cinéma d'exploitation. Son crédo ? Reprendre à sa sauce (le plus souvent du temps avariée) certaines grandes productions à succès et les transformer en bisseries protéiformes et dégingandées. Ainsi, Bruno Mattei marchera dans le sillage et le continuum de certains succès horrifiques, notamment Zombie (George A. Romero, 1978) et Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) pour les dévoyer en pellicules gore, truculentes et captieuses.
Le cinéaste transaplin flirtera allègrement avec l'érotisme de comptoir (Emmanuelle et Françoise, 1975), ainsi qu'avec la Nazixploitation (Hotel du plaisir pour SS, 1977). Toutefois, c'est vraiment la sortie de Virus Cannibale (1980) qui va ériger et asseoir sa notoriété dans le petit monde étriqué du cinéma bis. Via cette pellicule pittoresque, Bruno Mattei ne recule devant aucune excentricité et réalise un maelström fuligineux entre Cannibal Holocaust, Zombie et Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971) ! Le film horrifique de Steven Spielberg, Les Dents de la Mer (1975), aura lui aussi le droit à son modeste succédané avec Cruel Jaws (1995).
Opportuniste, Bruno Mattei profitera du phénomène amorcé par Mad Max (George Miller, 1979) et se tournera vers le genre post-apocalyptique avec Les Rats de Manhattan (1984).
Après une période peu prolifique entre le milieu des années 1990 et le début des années 2000, Bruno Mattei reprend ses activités cinéphiliques. Le metteur en scène peut désormais s'enhardir de compter plusieurs milliers de thuriféraires à travers le monde. Désormais, son monogramme résonne avec celui de Joe d'Amato, un autre parangon du cinéma bis. Les années 2000 marquent le grand retour des zombies claudicants et décrépits pour Bruno Mattei. Après s'être de nouveau polarisé sur les anthropophages (le diptyque Horror Cannibale en 2003), le cinéaste aspire à produire, puis à réaliser une trilogie mortifère. Cette triade se compose chronologiquement de La Tombe (2004), L'Île des Morts-Vivants (2007) et Zombie - La Création (2008).
En outre, le dernier film mentionné signera - hélas - l'ultime absoute de Bruno Mattei au Septième Art.
Le réalisateur décédera d'une tumeur au cerveau la même année. Une trajectoire pour le moins insolite, surtout pour un cinéaste qui aura marqué de son empreinte très personnelle tout un pan du cinéma bis. Aujourd'hui, c'est le cas de L'Île des Morts-Vivants qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes. Le film constitue donc l'une des ultimes révérences du "pape" (si j'ose dire...) du cinéma Z. Autant l'annoncer de suite. Le long-métrage est fabuleusement mauvais et d'une cancrerie insondable. Pas de doute, nous sommes bien en présence d'un film de Bruno Mattei.
A contrario, ce nouveau nanar des familles exerce une sorte de fascination indicible. Mais telle est la recette, curieusement amphigourique, de Monsieur Bruno Mattei, qui sévit ici sous le pseudonyme de Vincent Dawn, son cryptonyme de prédilection.
La distribution de Island of the Living Dead (titre original du film) se compose d'Yvette Yzon, Alvin Anson, Gaetano Russo, Ydalia Suarez, Jim Gaines et Miguel Franco. Dans ce casting funambulesque, difficile de déceler la moindre star un tant soit peu proverbiale. A la rigueur et à condition de faire preuve de mansuétude, seule la jolie Yvette Yzon, de son vrai nom Maria Aurora Yvette Chio Dimao, fait figure d'exception... Enfin... Exception... Voilà un terme à minorer et à guillemeter puisqu'on reverra la comédienne l'année suivante dans Zombie - La Création.
Depuis, peu ou prou de nouvelles de l'intéressée. Il est vrai que cette dernière dénote par sa vénusté, ses imposantes protubérances et surtout par l'insondable nullité de son jeu d'actrice. Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse de L'Île des Morts-Vivants.
Attention, SPOILERS ! Durant le 17e siècle, un groupe de soldats est chargé de mettre des cadavres en terre. Durant cette opération, l'un des morts se ranime et sème la terreur. Il dévore l'ensemble de l'équipage qui se transforme à son tour en zombies rachitiques. 400 ans plus tard, un bateau, après avoir traversé une épaisse nappe de brouillard, aborde une île inconnue, qui n'apparaît sous aucune carte. Intrigué, le capitaine Kirk décide de descendre à terre avec un petit groupe d'hommes pour explorer l'île. Mais l'endroit est habité par des zombies carnassiers...
En vérité, il est très difficile d'évoquer le cas ubuesque et presque pathologique de L'Île des Morts-Vivants, nouveau cru "Matteicien" (je viens d'inventer le terme...). Force est de constater que cette pellicule fantasque ne raconte absolument rien.
Pis, pour une fois, Bruno Mattei ne pille et ne spolie aucun film à succès, même si le scénario laisse songer à une nouvelle variation de L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1980), le talent et la sagacité en moins. Certes, Bruno Mattei (enfin... Vincent Dawn...) s'empare de la rhétorique de George A. Romero dans Zombie (précédemment mentionné) pour la transmuter en scansion mortifère : "Les morts se lèvent pour entraîner les vivants dans leurs tombes". A travers cette pellicule surannée, Bruno Mattei réalise - en quelque sorte - son Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959) à lui.
Cette série B (série Z...) s'apparente à une sorte de salmigondis filmique qui mélange allègrement le film de pirates, les zombies putrescents, le cannibalisme ad nauseam, le huis clos de pacotille, ainsi que certaines saynètes proprement indescriptibles.
Certes, dans Island of the Living Dead, les zombies sont plutôt prolixes et bavardent avec les divers protagonistes humains. Mais Bruno Mattei invente une nouvelle race de cadavres sénescents : les zombies qui jouent de la guitare et en particulier du flamenco. Rien que pour cette séquence, d'une bêtise presque inégalable, L'Île des Morts-Vivants justifie son visionnage à condition, bien sûr, de faire preuve d'une immense longanimité. Car sur la forme, le film n'est qu'une succession de saynètes retorses, d'approximations scénaristiques et d'acteurs (c'est un bien grand mot...) laissés à la dérive. Cette bisserie suinte l'amateurisme à plein nez et se pare d'une mise en scène au mieux aléatoire. Bruno Mattei poussera même le vice jusqu'à vêtir l'un de ses protagonistes d'un tee-shirt "Snoopy". Il faut voir le bibendum arborer son maillot de corps et se transmuter à son tour en mort-vivant dysboulique. Bref, L'Île des Morts-Vivants s'adresse avant tout aux irréductibles du cinéma apathique de Bruno Mattei, dans tout ce qu'il a de plus "nanar" et de plus mécréant.
Les autres y verront à raison un navet sévèrement ravagé du bulbe. En l'occurrence, l'auteur de ces lignes se situe clairement dans la première catégorie.
Côte : Nanar
Alice In Oliver