Genre : horreur, gore (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 2017
Durée : 16 épisodes de 50 minutes environ
Synopsis : Après une longue période de soumission et d’humiliation, Rick et sa bande déclarent la guerre à Negan et ne reculeront désormais devant rien pour l’emporter.
La critique :
Depuis sa toute première saison, la série The Walking Dead, amorcée par les soins de Frank Darabont à l'orée des années 2010, a conquis son public panégyrique en se polarisant sur les relations qui pouvaient se tisser ou se déliter entre divers protagonistes en déveine, et obligés de s'escarper à cause de l'invasion imminente de zombies décrépits. Bon gré mal gré, ces derniers revêtaient les oripeaux déguenillés de catalyseurs d'une Humanité condamnée à guerroyer, ou éventuellement à pactiser pour connaître des jours un peu plus pérennes.
Il faut le reconnaître et même l'avouer. Au fil des saisons et des épisodes, on s'était pris d'affection pour Rick Grimes, son fils (Karl) et sa petite congrégation de mercenaires. Hélas, plusieurs protagonistes prédominants périront dans de savants complots fomentés par des barbares aux visages humains.
Parfois, ils seront happés, assaillis et dévorés par des morts-vivants carnassiers, exhalant leur dernier soupir dans l'effroi, la solitude et la terreur. Après toutes ces épreuves, Rick Grimes fait donc office de miraculé. Mais un tel prodige a un prix. Au cours de ces pérégrinations, l'ex-flic aventureux verra son épouse enfanter puis dépérir, inexorablement. Rick et sa bande connaîtront même un bref instant de paix et de sérénité en trouvant refuge dans une prison abandonnée. Hélas, pour survivre et triompher, ils devront déjouer les roueries d'un gouverneur obséquieux et fallacieux.
Ils reprendront pourtant espoir en songeant à ce nouvel espoir, nommé le "Terminus", une ultime étape synonyme (à fortiori) de béatitude. Mais après de nouvelles mésaventures et plusieurs guerres interminables, ils tomberont sur les Sauveurs, un groupe de mercenaires diligenté par Negan, un tortionnaire qui lamine avec sa batte plusieurs personnages éminents sous les yeux ébaubis de Rick et de ses fidèles subordonnés.
En résumé, telle est l'exégèse particulièrement lapidaire (je le reconnais) des six premières saisons de The Walking Dead. A priori, dès la saison 7, la série télévisée devait s'agencer sur de nouvelle rhétoriques martiales. Or, depuis la fin de la saison 6, les thuriféraires de The Walking Dead avaient déjà notifié une sérieuse baisse de régime via toute une pléthore de longueurs fastidieuses. En outre, la série s'éternisait parfois... souvent... allègrement sur des menus détails et/ou sur de vulgaires quidams. On pensait alors ingénument que cette période de vaches maigres serait laconique et prestement oblitérée par des scénaristes avisés et bien conscients de certaines facondes narratives.
Hélas, la saison 7, particulièrement lénifiante, corroborera cet état de dysboulie généralisée. Pourtant, la série pouvait s'enhardir d'un nouveau grand méchant, donc Negan, nanti d'une personnalité captieuse et acrimonieuse.
Le chef autocratique a instauré la Terreur et la dictature auprès de différentes factions humaines. L'asservissement ou la mort. Tel est le régime imposé par le leader hiératique. Contre toute attente, la série oubliait - volontairement ou non - ses morts-vivants claudicants au profit de carences scénaristiques, hélas ostentatoires. Au grand dam des producteurs, cette léthargie assourdissante a provoqué la fuite massive de ses plus fervents laudateurs. Les chutes d'audience ont promptement alerté les chaînes de diffusion américaines. En l'espace d'une seule saison, The Walking Dead avait donc perdu sa splendeur de naguère. Certes, par d'habiles subterfuges, les cacographes de la série concluaient la saison 7 sur un effroyable suspense, une façon comme une autre de fidéliser un audimat en sévère déperdition. Que soit. Avec la saison 8, l'objectif était donc de renouer avec cet esprit d'antan.
Retour aux martialités. Après de longs atermoiements, la guerre est enfin déclarée à Negan et ses sbires. Telle est, par ailleurs, l'exégèse de The Walking Dead - Saison 8. Attention, SPOILERS ! Après un phénomène d'origine virale qui a subitement transformé la majeure partie de la population mondiale en « rôdeurs » ou morts-vivants, un groupe d'Américains guidé par Rick Grimes, ancien adjoint de shérif d'un comté de Géorgie, tente de survivre. Après une longue période de soumission et d’humiliation, Rick et sa bande déclarent la guerre à Negan et ne reculeront désormais devant rien pour l’emporter. Vous l'avez donc compris. La trame narrative de la saison 8 est à la fois lapidaire et rudimentaire. En gros, la guerre est déclarée. Il était temps...
Niveau casting, peu ou prou de surprises puisque l'on retrouve les acteurs habitués de la série, notamment Andrew Lincoln, Norman Reedus, Lauren Cohan, Chandler Riggs, Danai Gurira, Melissa McBride, Seth Gilliam et Jeffrey Dean Morgan dans le rôle de Negan.
A l'instar de la précédente section, la saison 8 de The Walking Dead s'est soldée par des scores historiquement bas et décevants, au grand dam des scénaristes et des producteurs. A court d'idées, ces derniers se creusent visiblement les méninges pour réveiller cette fougue immémoriale. Certes, sur la forme, The Walking Dead - Saison 8 est un peu moins lénitif que la saison 7, ce qui n'était pas trop difficile non plus. Mais le soldat "The Walking Dead" est toujours en période de sévère convalescence. Certes, cette huitième saison démarre en apothéose et accumule de nombreux événements d'infortune. Seul bémol et pas des moindres, les scribouilleurs de la série semblent eux-mêmes désarçonnés par les nouvelles didactiques de la série horrifique.
Pour appâter et ameuter derechef leur ancien public, ces derniers se perdent dans des fariboles digressives.
En outre, pour flagorner son audimat, la série s'oriente vers la mort ou l'exécution de personnages prééminents. Une chimère. Dans la saison 8, c'est un protagoniste fondamental et présent depuis la première saison qui décède. Par déférence, nous ne dévoilerons pas l'identité de ce personnage... Mais cette mort coïncide, in fine, avec ce sentiment de série décharnée et tuméfiée de sa substance primordiale : les zombies. Jadis flamboyants, ces derniers n'émaillent même plus les relations entre les divers protagonistes. Désormais, la série se centre sur un personnage absolutiste en la personne de Negan. Hélas, le tyran n'est que la caricature de lui-même.
On ne finit plus de compter les aberrations, les carences et les bourdes lacunaires de la série télévisuelle. The Walking Dead continue lourdement de s'appesantir sur des détails prosaïques. Le coeur n'y est plus. Le public non plus. L'épisode final de la saison 8 finira de parachever une série atone et agonisante. Autant dire que l'on n'attend plus rien ou presque de la saison 9. Au mieux, on exhortera les scénaristes à conclure rapidement une série télévisée autrefois resplendissante et aujourd'hui exsangue. "Tout le monde se transforme" scande Karl, le fils de Rick Grimes, The Walking Dead aussi. Pas sûr, hélas, que ces nouvelles permutations soient de bon aloi pour une série désormais moribonde.
Note : 08/20
Alice In Oliver