Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1994
Durée : 1h35
Synopsis : Barry, Heather, Sean et Jenny rentrent de leur soirée de promotion quand un accident de la route les contraint à chercher du secours en pleine forêt. Leur détresse attire l'attention d'une famille de meurtriers qui vit dans la région et leur soirée de bal se transforme alors en une sanglante chasse à l'homme.
La critique :
Toujours la même ritournelle. En 1974, la sortie de Massacre à la Tronçonneuse, réalisé par les soins de Tobe Hooper, marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans le cinéma trash, choc, gore et horrifique de la décennie 1970. Si le long-métrage est directement inspiré des exactions perpétrées par un serial killer tristement notoire, un certain Ed Gein, bientôt surnommé le boucher de Plainfield ; le film se pare avant tout d'une allégorie sur cette Amérique esseulée, atrophiée et contristée à la fois par le scandale du Watergate et la guerre du Vietnam.
Le succès pharaonique du film dépasse même son propre démiurge. A raison, Tobe Hooper jubile. A l'époque, Massacre à la Tronçonneuse écope carrément d'une classification "X", ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 18 ans chez nous.
Corrélativement, le film essuie les réprobations de moult pays à travers le monde. A contrario, toutes ces acrimonies assoient la réputation de Texas Chainsaw Massacre, soit le titre original du film. Si Massacre à la Tronçonneuse constitue aussi la toute première réalisation de Tobe Hooper, le cinéaste émérite ne réitérera pas de telles prouesses sanguinolentes à postériori. Certes, parmi les oeuvres notables et proverbiales, les thuriféraires du metteur en scène citeront aisément Le Crocodile de la Mort (1977), Massacres dans le train fantômes (1981), ou encore Poltergeist (1982) parmi les chocs cinéphiliques qui ont estourbi durablement les persistances rétiniennes.
Mais aucune de ces productions ne rééditeront les performances érubescentes de Texas Chainsaw Massacre.
Pis, Tobe Hooper s'enlisera dans certaines productions stériles et absconses, entre autres L'Invasion vient de Mars (1986), The Mangler (1995), Crocodile (2000), ou encore Mortuary (2005). Bien conscient du phénomène et de l'engouement suscité par cette oeuvre méphitique, Tobe Hooper décide finalement de revenir à Leatherface et ses sbires anthropophages via Massacre à la Tronçonneuse 2 en 1986, soit plus de dix ans après la polémique suscitée par son auguste épigone. Changement de tonalité avec cette suite qui joue la carte du trash et de la truculence.
Certes, par instants, ce second chapitre retrouve la tonitruance de jadis, mais se révèle assez futile. Tobe Hooper décide d'interrompre définitivement avec cette frénésie étouffante du Texas. Pas les producteurs. C'est dans ce contexte que sort Massacre à la Tronçonneuse 3 (Jeff Burr, 1990). Cette fois-ci, peu ou prou de surprises au programme des inimitiés.
En honnête artisan du genre, Jeff Burr se contente d'ânonner la recette famélique des slashers sortis durant les années 1980 tout en rendant une copie probe et plutôt recommandable, toutefois à des années-lumière du film originel. De facto, on pouvait légitimement s'interroger, clabauder et grommeler sur la nécessité de s'ingénier dans cette direction spinescente avec un inévitable Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération, réalisé par les soins de Kim Henkel en 1994. Le cinéaste de ce quatrième opus est avant tout un scénariste qui a déjà officié par le passé sur les scripts de Le Crocodile de la Mort (précédemment mentionné) et de Massacre à la Tronçonneuse premier du nom.
A priori, le cacographe dévot est censé connaître parfaitement sa copie. Mais le scribouilleur n'est pas vraiment un réalisateur orfèvre, ni un esthète dans la production ni dans la mise en scène.
Nonobstant ces apparences, parviendra-t-il à renouer avec cette âpreté de naguère ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Autant l'annoncer de suite. Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération est souvent considéré comme le volet le plus faible de la franchise. Reste à savoir si ce quatrième méfait mérite (ou non) de tels anathèmes. En outre, Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération ne se soldera pas des scores décevants lors de sa sortie en salles. Texas Chainsaw Massacre n'est donc plus cette franchise flambloyante de jadis et s'est donc transmuté en une longue faconde fastidieuse et interminable, finalement à l'instar de certains slashers lucratifs des années 1980 (Halloween et Vendredi 13, entre autres).
La distribution de ce quatrième chapitre se compose de Renée Zellweger, Matthew McConnaughey, Robert Jacks, Tonie Perensky, Joe Stevens, Lisa Marie Newmeyer, John Harrison et Marilyn Burns.
Attention, SPOILERS ! (1) Un groupe de jeunes adolescents revenant de leur soirée de promotion de fin d'étude se retrouvent perdus en plein Texas à la suite d'un accident de voiture dans les bois, dont le conducteur de la seconde voiture se fait tuer. Ils partent chercher de l'aide mais attirent bien vite la convoitise de la famille cannibale Sawyer et c'est Ainsi que leurs nuit de bal va se transformer en véritable cauchemar (1). A l'aune de cette exégèse, difficile, à fortiori, de s'enthousiasmer pour les nouvelles aventures anthropophagiques de Leatherface et ses fidèles prosélytes.
Le scénario ? Toujours la même antienne... Des étudiants malencontreusement égarés sur une route esseulée du Texas, une rencontre inopinée avec une famille de psychopathes cannibales, puis toute une série d'exactions, de forfaitures et supplices commis dans les cris d'orfraie et dans les tintinnabulations.
Ce quatrième opus fait donc office de vulgaire séquelle, voire de remake officieux du film de Tobe Hooper, le talent et l'érudition en moins. Et ce n'est pas l'apparition élusive de Marilyn Burns, l'héroïne courroucée du premier volet, qui changera cette rhétorique incoercible. Leatherface n'est plus cette figure terrifiante de naguère. Par le passé, le sociopathe arborait une tronçonneuse rutilante pour mieux éparpiller les membres de ses nombreuses victimes. Certes, la tronçonneuse est toujours présente. Hélas, Kim Henkel transmue son criminel en un travesti et en une figure féminisée qui passe son temps à geindre et à sangloter. On croit fabuler... Sur la forme, Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération s'apparente donc à un slasher de facture basique et conventionnelle.
Certes, on décèle, çà et là, quelques saynètes gore et putrides, dans la grande tradition d'un Massacre à la Tronçonneuse, mais guère davantage. En vérité, la seule surprise provient de l'affrontement entre un Matthew McConaughey en mode histrionique et une Renée Zellweger plutôt éloquente. La comédienne aux oripeaux dilacérés lutte comme une forcenée, à la fois contre ses assaillants et contre ses propres producteurs, pour sauver le film de l'indigence et du néant intégral. Mission presque réussie en l'occurrence surtout lorsque le métrage se conclut peu ou prou de la même manière que celui de Tobe Hooper en son temps, toutefois avec beaucoup moins de raffinement et d'élégance. Pas un "naveton", mais on s'en rapproche tout de même allègrement.
Note : 06.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_à_la_tronçonneuse_:_La_Nouvelle_Génération