Genre : action (interdit aux - 12 ans à sa sortie, simple avertissement aujourd'hui)
Année : 2006
Durée : 1h41
Synopsis : La mission de l'agent spécial Neville Flynn est simple : il doit escorter un témoin essentiel sur un avion de ligne de Hawaï à Los Angeles. L'homme va permettre de faire tomber l'un des piliers de la mafia, après qui Flynn court depuis longtemps. Toutes les précautions ont été prises, mais ce n'est pas assez... Décidé à ce que le témoin n'arrive jamais au tribunal, le criminel met au point un lâcher de serpents venimeux à bord de l'avion. Ils sont partout, silencieux et mortels. Entre un équipage et des passagers paniqués et un témoin qu'il faut protéger à tout prix, Flynn va devoir se battre pour que l'avion ait une chance d'arriver...
La critique :
Le genre agression animale coalise à lui tout seul plusieurs registres du cinéma d'exploitation horrifique. Ainsi, la faune animalière est parfois convoquée pour mettre l'homme à rude épreuve et à retourner, au moins le temps d'un film, tout en bas de la chaîne alimentaire. Requins et crocodiles sont régulièrement érigés en haut des oriflammes des productions horrifiques. Il ne manquait donc plus que les serpents pour festoyer dignement parmi les convives et les inimitiés.
En l'occurrence, il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Les_serpents_au_cinema/138473 pour déceler la liste foisonnante et exhaustive des films qui mettent en exergue des Ophidiens à l'appétit pantagruélique.
Les thuriféraires du genre citeront aisément la saga Anaconda, Snake Island (Wayne Crawford, 2002), Mega Snake (Tibor Takacs, 2007), Boa Vs Python (David Flores, 2004), ou encore SSSSnake (Bernard L. Kowalski, 1973) parmi les séries B notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger Des Serpents dans l'Avion, réalisé par les soins de David R. Ellis en 2006. Le cinéaste est un véritable spécialiste de la série B goguenarde. Sa carrière cinématographique démarre vers le milieu des années 1970. De prime abord, David Richard Ellis s'oriente vers une carrière de comédien, en particulier de cascadeur. Il apparaît notamment comme figurant dans Rocky 3 (Sylvester Stallone, 1983), Scarface (Brian de Palma, 1983) et L'Arme Fatale (Richard Donner, 1987). Hélas, le futur metteur en scène ne parvient pas vraiment à imposer sa stature dans un cinéma hollywoodien étriqué et corseté. C'est dans ce contexte et notamment sous les précieuses instigations de Richard Donner que David R. Ellis embrasse une carrière de réalisateur.
Les laudateurs du cinéaste ne manqueront de notifier des pellicules telles que L'Incroyable Voyage 2 : à San Francisco (1996), Destination Finale 2 (2003), Cellular (2004), Destination Finale 4 (2009), ou encore Shark 3D (2011) dans une filmographie erratique et assez soporifique dans l'ensemble.
En 2013, David R. Ellis décède dans des circonstances qui restent énigmatiques. Inutile de préciser que ce n'est pas Des Serpents dans l'Avion qui laissera de lui un souvenir indélébile. En outre, le métrage fait office de série B dispendieuse et nantie d'un budget plutôt confortable (35 millions de dollars tout de même !). Paradoxalement, le film peut s'enorgueillir de coaliser un casting de prestige via les présences concomitantes de Samuel L. Jackson, Julianna Margulies, Nathan Phillips, Rachel Blanchard, Flex Alexander, Kenan Thompson, Lin Shaye et Elsa Pataky.
Le film devait initialement échoir entre les mains avisées de Ronny Yu, un autre parangon de la série B, mais le réalisateur émérite vaque déjà sur d'autres projets cinématographiques. Même remarque concernant Shia Labeouf qui devait s'immiscer dans le casting.
Le comédien peu enthousiaste déclinera poliment l'invitation. Au moment de sa sortie en France, Des Serpents dans l'Avion écopera d'une interdiction aux moins de 12 ans. Mais la réprobation sera euphémisée par la suite pour passer à un simple avertissement. A contrario, aux Etats-Unis, le film de David R. Ellis échappe de peu à une classification "R", ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 18 ans dans nos contrées hexagonales. On croit fabuler...
Car le métrage ne contient aucune saynète un tant soit peu repoussante, à moins d'être totalement réfractaire aux reptiles ou d'être atteint d'ophiophobie sévère. Par ailleurs, Samuel L. Jackson avouera avoir accepté le rôle principal sans avoir lu le scénario du film. Hâbleur, le comédien a juste apprécié l'intitulé iconoclaste du long-métrage, soit Snakes on a plane dans la langue de Shakespeare.
Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! (1) À Hawaï, le jeune Sean Jones a assisté au meurtre d'un homme, assassiné par le gangster Edward Kim. Poursuivi par les hommes de Kim, Sean est placé sous la protection de l'agent Neville Flynn du FBI. Il doit retourner sur le continent américain pour témoigner contre Kim, et ils prennent l'avion en première classe. Mais Kim, voulant se débarrasser de Jones, fait embarquer dans la soute à bagages une caisse remplie de serpents venimeux dont la rage sera stimulée par les phéromones contenues dans les colliers de fleurs hawaiiens distribués aux passagers. Après l'ouverture programmée de la caisse en plein vol, les serpents vont semer la mort et la terreur dans l'avion survolant l'océan… (1)
A l'aune de cette exégèse, difficile, à fortiori, de s'enthousiasmer et encore de s'égayer devant cette série B d'action famélique.
Pourtant, au moment de sa sortie, Des Serpents dans l'Avion s'arroge subrepticement la couronne hiératique de film culte. Les geeks s'acharnent à décortiquer la moindre séquence, ainsi que la moindre réplique susceptible de faire "mouche" (si j'ose dire...). Et c'est exactement ce à quoi ressemble Snakes on a plane, à savoir un pur produit marketing censé flagorner un public geek en manque de sensations fortes et peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques. Certes, ces derniers argueront et retorqueront sans doute à raison qu'une telle production requiert l'extinction totale du cerveau humain. Mais tout de même... Etait-il nécessaire de verser dans la gaudriole outrancière ?
Pis, sur la durée, Des Serpents dans l'Avion échoue lamentablement dans sa requête originelle, à savoir faire tressaillir le spectateur de son siège.
Difficile, en effet, de ne pas songer à un film crétin qui prend à son tour son propre audimat pour de vulgaires histrions. Certes, on ne s'attendait pas forcément à un script particulièrement éloquent ni à une production révolutionnaire. Mais rarement, un film d'action n'aura paru aussi conventionnel. Un comble pour une production qui érige une certaine impudence dans sa bande annonce et se révèle, in fine, policée, standardisée et stéréotypée. David R. Ellis ne nous épargne aucune excentricité et accumule tous les archétypes habituels.
Il faudra donc se contenter d'un couple de bellâtres qui copulent libidineusement dans la cabine de l'appareil, d'un passager peu amène, d'un chanteur apollon, d'un champion de surf, d'un garde du corps qui se découvre subrepticement des velléités de pilote d'avion et d'un Samuel L. Jackson en mode cabotinage. Les concepteurs auront beau arguer leurs illustres compétences et avoir utilisé, le temps de quelques séquences, de véritables serpents ; le subterfuge passe mal à l'écran en raison d'effets visuels en CGI sérieusement surannés. A force de mélanger tous les styles (le huis clos, l'action, le thriller, la comédie, le policier et même l'horreur), David R. Ellis finit par perdre ses passagers, et finalement son spectateur ulcéré, en cours de route. Un voyage aérien inepte, galvaudé et d'une rare fastidiosité.
Certes, on aimerait se gausser et répertorier Des Serpents dans l'Avion parmi les nanars avariés. Au mieux, le métrage suscite une indifférence polie. Bref, beaucoup d'esbrouffe pour pas grand-chose.
Note : 06.5/20
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Des_serpents_dans_l%27avion
Alice In Oliver