Genre : horreur, comédie horrifique (interdit aux - 12 ans)
Année : 2012
Durée : 1h28
Synopsis : Deux frangins de l’East End londonien décident de braquer une banque afin de sauver de la destruction la maison de retraite de leur grand-père, et éviter ainsi que ses amis et lui ne soient envoyés loin de leur quartier chéri, qu’ils n’ont jamais quitté. Mais quand des promoteurs immobiliers véreux déterrent un caveau ancestral, les morts se réveillent et tout l’est de Londres se retrouve rapidement infesté de zombies. Réfugiée dans la maison de retraite, la petite équipe se retrouve en compagnie de vieux durs-à-cuire prêts à en découdre. Entre Cockneys et Zombies, l’affrontement s’annonce sanglant…
La critique :
Toujours la même ritournelle... Dans le petit monde étriqué des zombies décrépits, les productions tergiversent entre le discours idéologique et sociétal via une critique acerbe de nos réflexes hédonistes et consuméristes, la série Z gore et dégingandée ou la comédie truculente qui lutine parfois avec la noirceur et le nihilisme de la série télévisée The Walking Dead. La première catégorie est représentée par une bonne partie de la filmographie de George A. Romero, le célèbre démiurge de la trilogie des Morts (La Nuits des Morts-Vivants en 1968, Zombie en 1978 et Le Jour des Morts-Vivants en 1985). Pour Romero, les morts-vivants symbolisent à la fois la faillite et le déclin d'une société capitaliste, globalisée et ravagée par ses tropismes eudémonistes.
Impression corroborée par ses trois derniers films en date, Le Territoire des Morts (2005), Chronique des morts-vivants (2008) et Le Vestige des Morts-Vivants (2009).
Hélas, avant d'exhaler son dernier soupir en 2017 à l'âge de 77 ans, George A. Romero n'était plus ce réalisateur impudent de naguère. Mais le cinéaste iconoclaste peut partir et reposer en paix. Il laisse derrière lui une filmographie plutôt prestigieuse. Ses zombies claudicants et anthropophages ont inspiré de nombreux épigones, le premier et pas des moindres se nomme Shaun of The Dead (Edgar Wright, 2004). Cette production britannique est pensée, conçue et ratiocinée à la fois comme une parodie et un hommage au cinéma horrifique de Romero.
Toutefois, le film d'Edgar Wright partage peu d'accointances avec Zombie et ses nombreux succédanés. A travers les péripéties de Shaun et de ses fidèles acolytes, Edgar Wright semonce et vilipende un territoire britannique atone qui tente d'oublier son quotidien morose dans un bar contristé de la banlieue de Londres.
Son nom ? Le Winchester. Hâbleur, Edgar Wright réalise une comédie horrifique tonitruante qui estourbit durablement les persistances rétiniennes. Il n'en faut pas davantage pour inspirer et engendrer moult avatars du même acabit. Ainsi, des films tels que Black Sheep (Jonathan King, 2008), Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009), Dead Snow (Tommy Wirkola, 2009), Doghouse (Jake West, 2009), Dead Heads (Brett et Drew Pierce, 2012), ou encore Fido (Andrew Currie, 2006) sont autant de tentatives, peu ou prou éloquentes, d'exhumer le genre "zombie" de son état d'apathie.
Vient également s'agréger Cockneys Vs Zombies, réalisé et coproduit par les soins de Matthias Hoene en 2012. Et devinez quoi ? Cockneys Vs Zombies s'auréole à son tour du monogramme de comédie horrifique britannique.
Le film de Matthias Hoene marche donc dans le sillage et le continuum de Shaun of The Dead. Cette série B espiègle pourra-t-elle détrôner la couronne hiératique du film d'Edgar Wright ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Mais comme nous l'avons déjà indiqué, de nombreuses productions, peu ou prou analogiques, ont tenté de faire ciller l'hégémonie de Shaun of the Dead. Une hérésie. Il faut se rendre sur le site IMDb et en particulier sur le lien suivant : https://www.imdb.com/name/nm2775497/ pour déceler quelques informations élusives sur Matthias Hoene.
A fortiori, Cockneys Vs Zombies constitue son tout premier long-métrage. Depuis la sortie de cette bisserie impécunieuse, Matthias Hoene s'est montré plutôt timoré puisqu'il a réalisé un autre film, The Warriors Gate (2016), ainsi qu'une vidéo, Rusty Pipes pour le groupe Eels.
Sinon, rien de plus. Pour le reste, Cockneys Vs Zombies n'a évidemment pas bénéficié d'une exploitation dans les salles dans nos contrées hexagonales. A l'instar de toutes ces séries B (séries Z...) désargentées, Cockneys Vs Zombies est donc condamné à écumer les bacs à dvd et à disparaître subrepticement des écrans radars. A contrario, le long-métrage s'est distingué dans divers festivals et s'est octroyé "le prix du public au Toronto After Dark Film Festival ainsi qu'au festival de cinéma fantastique et d'horreur de San Sebastian" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cockneys_vs_Zombies).
Sur la Toile et les réseaux sociaux, Cockneys Vs Zombies s'est arrogé des torrents de flagorneries de la part des thuriféraires de pitreries "zombiesques". Reste à savoir (encore une fois...) si Cockneys Vs Zombies mérite de telles courtisaneries...
La distribution du film ne réunit aucune vedette proverbiale, à moins que vous connaissiez les noms d'Harry Treadaway, Rasmus Hardiker, Michelle Ryan, Alan Ford, Georgia King, Ashley Thomas, Jack Doolan et Tony Gardner ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Deux frangins de l’East End londonien décident de braquer une banque afin de sauver de la destruction la maison de retraite de leur grand-père, et éviter ainsi que ses amis et lui ne soient envoyés loin de leur quartier chéri, qu’ils n’ont jamais quitté. Mais quand des promoteurs immobiliers véreux déterrent un caveau ancestral, les morts se réveillent et tout l’est de Londres se retrouve rapidement infesté de zombies.
Réfugiée dans la maison de retraite, la petite équipe se retrouve en compagnie de vieux durs-à-cuire prêts à en découdre.
Entre Cockneys et Zombies, l’affrontement s’annonce sanglant… A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas ressentir la moindre empathie pour cette production humble et avenante qui n'a aucune prétention, même pas celle (finalement...) de contrarier l'omnipotence de Shaun of the Dead dans la catégorie des comédies "zombiesques", un genre toujours en expansion... dans l'univers corseté des cadavres putrescents... En l'occurrence, il faudrait davantage évoquer une comédie sénescente. A travers les braquages, les tribulations et les pérégrinations d'Andy et de sa bande, Matthias Hoene nous propose une petite introspection sur le troisième âge et leur sentiment de solitude, voire de résipiscence, dans une société soudainement atomisée, atrophiée et surtout envahie par des morts-vivants carnassiers.
Matthias Hoene a le mérite d'étayer ses divers protagonistes, même si certains n'échappent pas aux stéréotypes habituels.
Indubitablement, le cinéaste noviciat mise sur les séquences d'action et se montre plutôt magnanime en termes de gore, de viscères et de tripailles. Roublard, le metteur en scène britannique nous offre, avec beaucoup de mansuétude, une multitude de saynètes pittoresques qui devraient ravir les laudateurs du genre. Toutefois, nonobstant certaines apparences et son immense philanthropie, Cockneys Vs Zombies n'en demeure pas moins assez redondant, voire rébarbatif sur sa durée élusive (même pas une heure et demie de bobine). En sus, le scénario reste beaucoup trop stéréotypé et conventionnel pour susciter entièrement l'adhésion.
C'est à peine si on ne devine pas dans quel ordre certains protagonistes vont être décimés, voire tortorés par des zombies évidemment affamés. In fine, en dépit de certains débordements gore, le film se montre curieusement policé. Ainsi, Matthias Hoene élude de massacrer ses personnages les plus proéminents. Même notre public du troisième âge s'en sortira indemne. Mieux, le prologue final se conclut dans la bonhommie et sous les risettes circonstanciées. On croit fabuler...
Mais ne soyons pas trop vachard. Pour une production de cet acabit, Cockneys Vs Zombies remplit largement son office. Par pure miséricorde, nous lui accorderons donc une mention "assez bien", ni plus ni moins.
Note : 12.5/20
Alice In Oliver