Genre : fantastique, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h29
Synopsis : Le jour où une étrange brume mortelle submerge Paris, des survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, une petite famille tente de survivre à cette catastrophe... Mais les heures passent et un constat s'impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans la brume...
La critique :
Si dans le domaine horrifique, le cinéma français a toujours fait montre de frilosité, c'est un peu moins vrai dans les registres fantastiques et science-fictionnels, une assertion qu'il faut tout de même minorer, voire relativiser. Certes, les thuriféraires du fantastique et de la science-fiction (voire de l'anticipation...) notifieront à raison les oeuvres de Georges Méliès, en particulier Le Voyage dans La Lune en 1902, mais aussi des films tels que Paris Qui Dort (René Clair, 1924), La Fin du Monde (Abel Gance, 1931), La Jetée (Chris Maker, 1962), Farenheit 451 (François Truffaut, 1966), Barbarella (Roger Vadim, 1968),Les Soleils de l'Île de Pâques (Pierre Kast, 1971), ou encore La Mort en Direct (Bertrand Tavernier, 1980) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Un peu plus récemment, des cinéastes comme Julien Leclercq (Chrysalis en 2007), Franck Vestiel (Eden Log en 2007), Mathieu Kassovitz (Babylon A.D. en 2008), Marc Caro (Dante 01 en 2008), ou encore Luc Besson (Lucy en 2014) se sont eux aussi immiscés vers des relents anticipationnels avec plus ou moins de probité.
Luc Besson réitérera par ailleurs les inimitiés avec Valerian et la cité des mille planètes en 2017. Certes, nos chers cinéastes hexagonaux lutinent et s'acoquinent parfois avec le cinéma hollywoodien pour s'expatrier sur la scène internationale. Toutefois, plus d'un siècle après la sortie de Le Voyage dans la Lune (précédemment mentionné), le Septième Art est toujours à la recherche de cette oeuvre française capable de susciter l'émerveillement et l'extatisme d'un véritable audimat.
A fortiori, avec Dans la Brume sorti en 2018, Daniel Roby n'a pas forcément de telles aspérités d'autant plus que le film est une production franco-québécoise. Nanti des oripeaux de réalisateur, de producteur et de directeur de la photographie, Daniel Roby a démarré sa carrière cinématographique à l'orée des années 2000.
Sa seconde réalisation, La Peau Blanche (2004), lui permet d'ériger ses première prémisses de notoriété sur ses terres canadiennes puisque le métrage est primé lors du Festival international du film de Toronto et vient carrément s'incrire parmi les 10 meilleurs films Canadiens de l'année 2004 (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Roby). Daniel Roby enchaîne alors avec Funkytown (2011), Louis Cyr : l'homme le plus fort du monde (2013) et la série télévisée Versailles (2015). Le projet de réaliser Dans la Brume remonte à l'année 2011.
A l'origine, c'est Dominique Rocher qui doit assurer la réalisation du long-métrage. Mais les changements inopinés dans le scénario et la trame narrative ne lui siéent guère. Dominique Rocher quitte subrepticement le projet et s'attelle à la conception de La Nuit a dévoré le Monde (2018).
Que soit. Guillaume Colboc, Guillaume Lemans et Nicolas Duval se coalisent et s'associent pour poursuivre l'écriture du script de Dans la Brume. Pour réaliser le film, ils optent justement pour Daniel Roby afin d'apporter une touche nord américaine au long-métrage et éventuellement pour l'exporter à l'international. Nanti d'un budget impécunieux (à peine dix millions de dollars), Dans la Brume fait office, en dépit de sa mise en scène méticuleuse, de série B science-fictionnelle.
Certaines critiques dubitatites y voient un curieux maelström entre Cloverfield (Matt Reeves, 2008) et The Mist (Frank Darabont, 2007). Hélas, en raison de son budget famélique, Dans la Brume n'a pas vraiment (du tout...) les mêmes velléités. En sus, les scores anémiques au box-office corroborent cette impression de vacuité puisque le film dépasse péniblement les 250 000 entrées, une rebuffade.
Reste à savoir si Dans la Brume mérite (ou non) qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Romain Duris, Olga Kurylenko, Fantine Harduin, Michel Robin, Anna Gaylor, Réphaël Ghrenassia et Erja Malatier. Attention, SPOILERS ! Mathieu et Anna forment un couple pérenne qui "vit paisiblement à Paris avec sa fille qui est atteinte d'une maladie incurable appelé « la maladie du poisson rouge » qui la contraint d'habiter dans une bulle de verre géante. Un jour, une brume venant des égouts décime les passants.
Ce phénomène inonde toute la capitale, la plupart des survivants étant coincés aux derniers étages des bâtiments et sur les toits. Au jour le jour, ils tentent de survivre malgré le manque de nourriture, d'électricité, de vivres et d'informations.
Le couple fait tout en son pouvoir pour sauver leur fille qui est restée dans la brume…" (Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dans_la_brume_(film,_2018). Pour information, ce n'est pas la première fois que notre cinéma hexagonal plonge notre capitale dans le chaos et les déflagrations eschatologiques. Jadis, Chris Maker proposait déjà un futur post-apocalyptique via La Jetée. Beaucoup plus récemment, c'est Dominique Rocher qui se polarisait sur la claustration d'un Parisien dans son appartement suite à une invasion de zombies dans La Nuit A Dévoré le Monde.
Justement, ce dernier devait besogner sur la réalisation de Dans la Brume. Offusqué par les directions spinescentes du projet, le cinéaste a préféré se centrer sur une nouvelle version putrescente de Le Locataire (Roman Polanski, 1976).
Indubitablement, Dans la Brume souffre de la comparaison avec cet immense bréviaire. De facto, inutile de mettre en exergue le film de Daniel Roby avec une concurrence apoplectique en la matière. Seule petite consolation et pas des moindres, Dans la Brume avalise cette volonté farouche de notre cinéma hexagonal de sortir justement de ce brouillard neurasthénique qui l'a confiné depuis des lustres dans des précipices d'inertie et de pusillanimité. Au moins, Dans la Brume peut s'enhardir de proposer un véritable climax à la fois engoncé par une menace prégnante et des effluves comminatoires et ténébreuses. Magnanime, Romain Duris délaisse, le temps d'un film, son statut de star édifiante du cinéma français, pour s'abandonner corps et âme à une production indépendante.
Malencontreusement, les bonnes intentions ne font pas nécessairement un bon film, loin de là. Faute de moyens et de réel budget, Daniel Roby exploite craintivement son décor opaque pour plonger ses deux principaux protagonistes dans un paysage frugal, un comble pour une histoire censée se dérouler dans les ruelles et les coursives gargantuesques parisiennes. En résulte une production étrangement policée et saccadée, ni géniale (loin de là) ni spécialement honteuse ; finalement à l'aune d'un cinéma fantastique à la française qui se sonde, se recherche et qui gamberge inlassablement sur son incapacité à transcender son sujet. Allez, par courtoisie ou par magnanimité (vous choisirez), nous accorderons une mention passable. C'est vraiment très (trop ?) généreux.
Note : 10/20
Alice In Oliver
Sinon Les Soleils de l'île de Pâques, j'ai pu entendre qu'il s'agissait d'un truc complètement wtf