Genre : Pornographie, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2016
Durée : 1h01
Synopsis :
Sept représentations infernales de l'esprit torturé de son réalisateur ayant perdu tout espoir envers le genre humain. A travers ces tableaux surréalistes, Luigi Zanuso met en scène ses fantasmes et ses craintes sur la condition humaine en nous plongeant en plein cauchemar sanglant où la viande n'aura jamais été utilisée à des fins aussi dégueulasses. Bienvenue dans Oltre la Follia !
La critique :
J'ai un secret à vous confier. Je pense bel et bien avoir basculé du côté obscur depuis ma découverte du blog Naveton Cinéma dans les derniers mois avant sa fermeture. Même si ça restait encore en superficie, Cinéma Choc fut le catalyseur pour revoir ma définition du cinéma et découvrir l'innommable. Découvrir le genre de métrage que je pensais ne voir sortir que du petit bijou 8MM. Suis-je devenu fou ? Je pense que nous le sommes tous un peu à notre manière. Dans tous les cas, je crois que le peuple ne peut nier qu'il y a une niche underground où la violence en est telle qu'elle pourrait être sujet à nous hanter, à broyer notre âme et à nous sentir désappointé, voire même gêné. Ma mère fut l'une de ces malheureuses victimes, non pas qu'elle ait visionné une seule seconde du cinéma extrême. Non, elle réalisa l'envers du décor du Septième Art ! Pourquoi je vous parle de ça ?
Laissez-moi vous expliquer la situation, je dirais, plutôt cocasse (pas pour elle mais pour moi). Les habitués du blog se souviennent tous du célèbre et désormais retraité Inthemoodforgore ayant tragiquement quitté son rôle de chroniqueur le 2 juillet 2018 et avec lui une myriade de chroniques de pellicules propres à vous faire régurgiter votre dernier repas. Son dernier coup de maître fut le fameux top 200 malfaisant pour les cinéphiles les plus réfractaires à cette fraction, j'en conviens, très difficile d'accès. Ayant eu mon esprit malmené depuis un certain temps, je m'intéressais à certaines pellicules qui n'avaient pas été chroniquées. Parmi celles-ci Oltre la Follia aka Beyond Madness pour les anglophones. Tout un programme au vu du titre.
Me renseignant un peu sur la chose, je découvris une esthétique plaisante. Enfin tout est relatif... Il y a des métrages comme ça qui titillent votre curiosité sans que vous ne sachiez mettre une explication tangible dessus. Me lançant dans un périple pour ne fut ce qu'espérer le visionner en streaming, je me rendis vite compte que c'était impossible. Résigné, je me rendis à l'évidence que je ne pourrais bousculer une fois de plus l'ordre établi sur le blog après mes derniers exploits de haut niveau (Violée par un Nain, Contre-Oeil et Savage Sadists entre autres). Puis Inthemoodforgore, avec qui j'ai pu, avec fierté, nouer des liens d'amitié, bien qu'il ait le double de mon âge, arriva et me proposa de s'arranger pour que je puisse visionner ce DVD au vu de mon entrain.
Ainsi, arriva l'oeuvre maudite chez moi, 442ème exemplaire sur 500 commercialisés visiblement. Evitant d'exposer la pochette fièrement sur mon bureau, je la laissais dans son colis. Un incident malencontreux avec mon chat fit que ma mère découvrit ce qu'il y avait dans le colis (je te rassure Inthemood, tout est nickel. Tu peux me faire confiance !). Arrivant d'une journée harassante du labo où je faisais mon avancée dans mon mémoire, ma mère commença à me questionner sur le pourquoi du comment j'ai ça sur mon bureau. J'essayais de m'expliquer mais je sentais qu'elle émettait des doutes sur ma santé mentale. Se lançant dans la litanie d'un monde qui devient fou, elle m'interdit de visionner ça chez elle. Rapport à des ondes négatives et ce genre de conneries paranoïaques. Borné comme pas deux, ma mère ayant été se coucher tôt, je pris le soin d'introduire le DVD dans mon PC pour visionner la chose. Mon âme, déjà désorientée par le passé, me mit en garde. En vain...
ATTENTION SPOILERS : Sept représentations infernales de l'esprit torturé de son réalisateur ayant perdu tout espoir envers le genre humain. A travers ces tableaux surréalistes, Luigi Zanuso met en scène ses fantasmes et ses craintes sur la condition humaine en nous plongeant en plein cauchemar sanglant où la viande n'aura jamais été utilisée à des fins aussi dégueulasses. Bienvenue dans Oltre la Follia !
Musique stridente d'emblée et découverte du physique du malade derrière ce projet. Un petit vieux portant des lunettes de soleil, cheveux blancs plaqués à la gomina et rigolant de manière malsaine. Le genre de gars que l'on croirait avoir des cadavres enterrés au fond de son jardin. L'apparition d'un texte soulignant la condition humaine de manière pessimiste se pointe avant que ne s'enclenche le premier segment d'une anthologie de sept chapitres. Sur une image au filtre rouge, une femme nue se contorsionne alors qu'une galerie de personnages tant hommes que femmes et un transsexuel y assistent. La jouissance de sa frénétique danse fait qu'elle atteint un orgasme digne d'une femme fontaine que les individus s'amuseront à récolter dans des verres de vin avec en fond une musique de Gioachino Rossini. Elle en profitera aussi pour uriner dans un réceptacle afin d'y plonger sa tête et faire des bulles (on s'amuse comme on peut..). Clap de fin pour passer à la suite.
Un deuxième segment où une femme se délecte d'organes d'animaux crus et lèche goulûment le sang de l'assiette. Scène précise d'un râle involontaire de ma part. Se frottant avec un foie, elle se touchera le vagin avec insistance avec des tripes mises à sa disposition.
Troisième segment nettement plus sage : la même femme qu'avant se trouve devant un miroir et est sujette à des visions cauchemardesques. Chapitre tout bonnement inutile mais idéal pour soulager l'estomac des plus fragiles. Quatrième segment : un groupe de 3 femmes s'amusent à dévorer et à forniquer avec de la viande crue et des organes en émettant des rires et bruits d'animaux. Certainement le chapitre m'ayant le plus tétanisé avec cette impression de ne pas me retrouver devant des êtres humains. Cinquième segment : une orgie malsaine où l'orgasme des personnages coïncidera avec leur mort. Ces mêmes personnages se masturbant, les femmes étant pénétrées.
Un homme est pris à partie pour une fellation exécutée par le transsexuel. Le sixième segment, aussi surréaliste que glauque, remet en scène la même femme blonde dont les yeux sont masqués par des yeux de cochons (ou de vaches, ou de chevaux. Bref !) manger une soupe enduite de sperme fraîchement sorti du phallus d'un homme. Elle s'amusera à remplir son vagin des yeux d'animaux mis à sa disposition. Zanuso finira enfin le calvaire moral sans faire preuve de douceur : un homme d'un certain âge subissant un fist fucking et des attouchements malfaisants entre la femme blonde et une tête de cochon qu'elle rira à planter son museau droit dans son vagin. L'épilogue de fin verra le cinéaste se faire applaudir par une troupe de spectateurs invisibles.
Aaah que vous me semblez bien loin Monsieur Fellini et consorts avec le raffinement italien que vous avez fondé. Qui aurait pu croire qu'une telle dépravation viendrait du pays de la romance ? Certainement très peu après avoir eu connaissance du titre original. Durant l'heureuse durée démocratique de 1h, Zanuso se plaît à bombarder le rare spectateur de ses tortures cérébrales proprement indescriptibles et propres à bousculer le cinéphile le plus endurci. Convaincu que l'humanité est vouée à sa propre perte, il met en exergue la folie humaine ne semblant pas avoir de limites dans l'abjection. Chaque segment subit une transition avec ce réalisateur affalé dans son fauteuil, pris de rictus louches pour laisser place à ses pensées profondes inscrites sur un écran noir. Parfois, on aura une citation d'un philosophe également. A ses yeux, le monde n'est que neurasthénie et dépravation. La civilisation entretient des rapports très étroits avec la violence et le sang dont elle se délecte abondamment et surtout joyeusement.
Se plaisant à massacrer les êtres plus fragiles, peut-être, dans un but d'affirmer sa supériorité et de combler ses bas instincts, elle répand le sang partout, même sur elle sans qu'elle n'en soit choquée. Il ne fait aucun doute que Oltre la Follia évolue en dehors de notre espace-temps et prêterait à causer une réaction en chaîne d'infarctus chez les vegan se retrouvant devant une viande n'ayant probablement jamais été aussi malmenée que devant la caméra voyeuriste de Zanuso, filmant ces animaux tués dont la finalité de leurs entrailles ont servi d'exutoire à ses acteurs grotesques et maléfiques.
Dès lors se pose une question existentielle : Comment se sentir bien devant un métrage aussi abject que Oltre la Follia étant répugnant tant par ce qu'il montre que parce qu'il dénonce ? A lui seul, le quatrième fléau nous cloue à notre siège, nous questionnant si ce qui se retrouve devant nous sont des femmes ou des démones semblant tout droit issue de la mythique Pandemonium. Des acteurs pour le coup tellement investis dans la déviance que l'on en vient à se demander s'ils ne prennent réellement pas plaisir à exécuter leur déchéance dans une joie extravertie.
Zanuso évolue clairement dans la pornographie avec cette amère pellicule ne mettant qu'à basse fréquence les relations normales d'un porno classique. Il triture ce genre et jette la "soft pornographie" à la poubelle pour promouvoir sa déliquescence lorgnant dans une outrancière nécro-zoophilie. Je me permettrai de mettre en garde les âmes sensibles d'éviter le visionnage d'une telle saloperie. Rappelons les joyeusetés proposées : sodomie avec une immense corne, attouchements avec des têtes d'animaux, agapes pervertis d'organes frais, insertions d'yeux de boeuf dans le vagin, urophilie, fist fucking, orgasme féminin dans la tête d'un mannequin, masturbations avec des viscères d'animaux et j'en passe et des meilleurs. Dès lors, le terme de pornographie me semblerait plus juste si nous rajoutions le mot "surréaliste" derrière. Car c'est exactement ça : un porno surréaliste. C'est ce qui définirait le mieux Oltre la Follia dans son approche, je pense, inouïe.
Le fait de tendre autant dans le surréalisme et l'absurde tient pour beaucoup son origine dans l'esthétisme aux influences notoires du giallo. Couleurs criardes, décors baroques avec un grand intérêt pour le raffinement. On observera aussi l'omniprésence de mannequins aux visages plus vrais que nature. On ne peut pas réfuter la superbe image et les cadrages de grande qualité. A cela s'ajoutera une bande sonore lorgnant dans la musique classique grandiloquente. Définitivement, Zanuso est ce réalisateur à la folie des grandeurs dont l'attrait pour le grandiloquent en devient risible au vu de ce qu'il veut montrer à l'écran. De la pornographie élitiste ?
Si tant on peut susciter l'excitation chez le spectateur, ce qui n'est pas gagné pour n'importe qui, qui a encore sa tête. Mais clairement, on ne peut réfuter le trait visuel très intéressant. Si j'ai déjà touché un mot sur les acteurs, on ne peut pas dire que ceux-ci marquent les esprits par leur jeu banal au possible, en plus d'être foncièrement vulgaire. Mention spéciale à la greluche blonde hideuse et d'une bassesse indéboulonnable. De manière générale, je ne supporterais pas être le père de ces gourgandines se baignant avec fierté dans l'insolence sanguine. Une laideur se dégageant d'elles de par leurs pulsions primaires qu'elles accordent à merveille avec les dénonciations du cinéaste. Paradoxalement, des dénonciations qui, si elles sont intelligentes, ne servent au final juste qu'à mettre en scène l'immoralité de son géniteur.
En d'autres termes, on ne ressort pas d'Oltre la Follia avec notre âme intacte. Comme je l'ai dit un nombre incalculable de fois et comme ma mère a si bien su le marteler : le monde devient fou. Comment parvenir à rassembler cette constatation des progrès technologiques toujours plus époustouflants avec les pulsions morbides d'une population en manque d'adrénaline dont le voyeurisme et l'intérêt pour la violence en sont dans son for intérieur depuis la nuit des temps. Rien ne sépare l'homme de la bête, pas même le concept abstrait de civilisation qu'il a érigé en fer de lance pour se convaincre qu'il est plus évolué. Où est l'homme et où est la bête dans Oltre la Follia ?
Difficile d'y répondre. L'actrice blonde dira à la tête de cochon qu'il est mort de la folie des hommes mais mort à quel prix ? Mort pour voir sa tête servir de simili-gode géant pour une pétasse graveleuse ? On pourra cataloguer la pellicule de prétentieuse, de se servir de sa philosophie comme d'une simple toile de fond juste pour excuser ce qu'il se passe à l'écran, mais elle pose un constat perturbant. Un constat qui nous rappelle chaque jour que l'être humain ne perdra jamais sa violence interne, même s'il tente de s'en auto-persuader. Vomitif pour les plus fragiles estomacs, absolument scandaleux graphiquement, Oltre la Follia pourrait être apparentée comme l'incarnation de l'horreur italienne où toute la folie des hommes semble s'être concentrée pour péter à la gueule d'un cinéphile médusé.
PS : encore merci à toi Inthemood pour m'avoir prêté avec confiance ce DVD et effrité ce qu'il reste de mon innocence.
Note : Sans commentaire