12 monkeys saison 1

Genre : science-fiction
Année : 2015
Durée : 13 épisodes de 45 minutes environ

Synopsis : En 2043, les quelques milliers d'habitants de la Terre sont obligés de vivre dans les sous-sols. La surface est devenue inhabitable en raison d'un virus ayant décimé 99 % de la population. Les rares survivants placent tous leurs espoirs dans un voyage dans le temps, afin de découvrir les causes de la catastrophe et de l'empêcher. James Cole est alors choisi pour mener à bien cette mission. 

La critique :

Evidemment, tout le monde se souvient (ou presque) du film L'Armée des 12 Singes, réalisé par les soins de Terry Gilliam en 1995, un cinéaste toujours affilié à la série des Monty Python et surtout à Brazil, souvent considéré comme son oeuvre de science-fiction charnière. Pourtant, à l'origine, L'Armée des 12 Singes est le remake de La Jetée (Chris Marker, 1962). Selon le propre aveu de Terry Gilliam, le cinéaste a volontairement omis le visionnage du court-métrage de Chris Marker afin de ne pas être trop influencé par ce chef d'oeuvre nihiliste et eschatologique.
Petite piqûre de rappel. La Jetée se déroulait dans une capitale parisienne tuméfiée et atrophiée de toute forme de vie suite à une Troisième Guerre mondiale. Le film est aussi réalisé dans un contexte de belligérances et de Guerre Froide entre le bloc capitaliste (Les Etats-Unis) et le bloc communiste (l'U.R.S.S.).

La menace d'une guerre des missiles n'est pas simplement putative, mais bien et bien une réalité. La Jetée clame haut et fort son regard contristé sur un monde atomisé et alangui par les armes nucléaires. Dès lors, La Jetée prend la forme d'une succession de photographies de couleurs d'albâtre. Ce court-métrage science-fictionnel narre le périple temporel d'un homme anonyme transporté dans le passé afin de rapporter des vivres, des médicaments et des sources d'énergie dans son époque en déshérence. Mais La Jetée, c'est avant tout la rémanence et la réminiscence d'un héros traumatisé par un souvenir d'enfance et par un meurtre commis dans un aéroport.
En l'état, difficile d'en dire davantage. A l'origine, La Jetée s'inspire déjà de Sueurs Froides (Alfred Hitchcock, 1958), soit Vertigo dans la langue de Shakespeare. 

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Autre influence primordiale du court-métrage : Traité de bave et d'éternité (Isidore Isou, 1951), un long-métrage français qui se caractérise par son amphigourisme et ses accointances avec l'art de la pataphysique. En outre, pour L'Armée des 12 Singes, Chris Marker ne conservera que le scénario épars de La Jetée et des directions spinescentes de Vertigo, le thriller vertigineux (c'est le cas de le dire) du maître du suspense. Voilà pour les velléités ! En résulte un film de science-fiction retors, curieusement nimbé par l'opulence hollywoodienne, mais qui parvient à se départir de ses stars proéminentes (Bruce Willis et Brad Pitt, entre autres) pour agencer un scénario particulièrement audacieux.
A l'instar de Chris Marker en son temps, Terry Gilliam réussit à déployer une trame narrative complexe et marquée par l'essence de la mémoire, l'avènement d'une science auréolée par le Complexe d'Icare et une humanité condamnée à dépérir sous le joug d'une boucle temporelle incoercible.

Pas question de sauver le passé. Plusieurs milliards d'individus sont donc priés d'exhumer leur dernier soupir via l'inoculation d'un virus irréfragable. En revanche, il est peut-être possible de sauver l'avenir, de revenir à la surface de la Terre et de reprendre, le temps de quelques balbutiements, la place de nouvelle espèce dominante après plusieurs décennies de purgatoire. Via L'Armée des 12 Singes, Terry Gilliam réalise un remake à la fois nébuleux et perspicace, ainsi qu'une introspection désenchantée sur le devenir de notre Humanité, victime de son arrogance et condamnée à croupir dans des geôles infernales et souterraines. L'idée de réaliser une adaptation télévisée de L'Armée des 12 Singes remonte à l'année 2013. Pour griffonner le nouveau scénario, les cacographes hollywoodiens décident de phagocyter les lignes schématiques de Vertigo et de La Jetée pour se polariser sur une série, 12 Monkeys, qui serait l'adaptation, plus ou moins dévote, du film éponyme de Terry Gilliam.  

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La série télévisée, réalisée par les soins de Terry Matalas et Travis Fickett entre 2015 et 2018, comprend quatre saisons, ni plus ni moins. Pour les scénaristes et les producteurs, pas question de céder au lucre et à une quête chimérique d'audience (n'est-ce pas The Walking Dead...). En outre, 12 Monkeys se parachève bel et bien sur le 47e et dernier épisode. Aujourd'hui, nous vous proposons donc la chronique de la première saison dans nos colonnes. Dire que la série télévisée était attendue au tournant tient du doux euphémisme. Dans une moindre mesure, cette adaptation télévisuelle doit soutenir la comparaison avec le film de Terry Gilliam. Terry Matalas et Travis Frickett sauront-ils relever une telle gageure ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
Dans l'ensemble, 12 Monkeys a plutôt reçu des concerts de louanges et des torrents de flagorneries de la part des critiques et d'une presse unanimement panégyrique.

Pourtant, la première saison, à contrario, fait figure d'exception puisqu'elle s'est soldée par un certain scepticisme ; la série confirmant cette impression de désuétude vis-à-vis du matériel original. La distribution de 12 Monkeys (saison 1) se compose d'Aaron Stanford, Amanda Schull, Kirk Acevedo, Barbara Sukowa, Noah Bean, Emily Hampshire, Todd Stashwick et Tom Noonan. Attention, SPOILERS ! (1) 2043 : au cours du XXIe siècle, une épidémie a ravagé la Terre et décimé 93,6 % de l'humanité. Alors que les derniers humains tentent de survivre à la faim et aux bandes, une équipe de scientifiques rassemblée autour du Docteur Katarina Jones mène un projet : renvoyer un homme dans le passé afin qu'il empêche la propagation du virus. James Cole est donc renvoyé en 2013 pour y trouver le Docteur Cassandra Railly, qu'ils ont identifié comme indispensable, grâce à un message audio découvert après sa mort. 

 

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Les deux se retrouvent ensuite en 2015 et mènent ensemble l'enquête pour découvrir les origines du virus. Ils apprennent alors l'existence d'un groupe, qui souhaite que le virus soit diffusé, nommé « l'Armée des 12 singes » (1). Certes, dans le cas de certaines séries, les contempteurs jugeront qu'il n'est pas nécessaire de comparer le nouveau matériel avec le long-métrage originel. Exempte La Jetée de Chris Marker, un court-métrage volontairement escamoté par les producteurs, il est néanmoins difficile de ne pas confronter le métrage de Terry Gilliam aux choix narratifs de la série 12 Monkeys.
Autant l'annoncer sans fard. Si la série est - encore une fois - adoubée et encensée par les critiques, la première saison est vraiment décevante et souffre (derechef) de la comparaison avec L'Armée des 12 Singes.

Certes, on n'attendait pas forcément autant de lucidité, voire d'extravagance dans un scénario volontairement alambiqué, protéiforme et promenant son héros d'infortune - James Cole - dans les affres et les intempérances d'une boucle corporelle intarissable. Certes, on retrouve, par instants, le bon vieil adage du film de Terry Gilliam : "La science n'est pas une science exacte". Mais les dissimilitudes entre la série et le film sont beaucoup trop profondes, presque antagonistes pour poursuivre les analogies intrinsèques. Les thuriféraires de L'Armée des 12 Singes seront probablement décontenancés par les choix spinescents de la série 12 Monkeys.
En résumé, la série s'adresse avant tout aux néophytes, ainsi qu'à un public noviciat qui n'a pas vraiment pour aspérité de découvrir La Jetée et ses influences pléthoriques. 

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Bien triste constat. En l'occurrence, 12 Monkeys s'acheminerait plutôt sur la scansion suivante : "Nous ne pouvons pas prédire l'avenir, mais nous pouvons au moins nous y préparer". De facto, 12 Monkeys - Saison 1 se caractérise par cette scission infrangible entre ceux qui veulent à tout prix juguler les complots fomentés par les véritables détenteurs du virus et ceux qui aspirent à un avenir plus pérenne tout en omettant le passé, et donc la genèse du virus. Pour ces derniers, pas question de sauver le passé. Le présent reste une priorité pour ériger un nouvel avenir.
Pour y parvenir, il faut éradiquer le virus et ses nouvelles capacités de mutation en 2043. Vous l'avez donc compris. 12 Monkeys la série ne partage presque aucune accointance avec L'Armée des 12 Singes à l'exception de quelques protagonistes désormais populaires, à savoir James Coles (bien sûr), Cassandra Railly, Katarina Jones et Jennifer Goines (donc le "pendant" féminin de Jeffrey Goines).

Hélas, les adulateurs de Vertigo et de La Jetée risquent de crier haro sur cette adaptation télévisuelle, finalement formatée pour flagorner un plus large audimat. A aucun moment, on ne retrouve cette empreinte mémorielle et consubstantielle à un passé immémorial. James Cole n'est plus cet enfant traumatisé par sa propre enfance et par la vision de cet aéroport, ce lieu inconscient de sa dernière absoute. James Cole enfile ici les oripeaux d'un vulgaire cobaye consentant et prêt à se sacrifier pour une cause qu'il ne comprend guère. Ça tombe bien, nous non plus.
De surcroît, la mélancolie inhérente de L'Armée des 12 Singes est ici galvaudée et falsifiée par une enquête policière souvent nébuleuse. Nonobstant toutes ses carences et ses impondérables, 12 Monkeys n'est pas non plus ce "naveton" avarié et décrié dans cette chronique. A fortiori, la série se pare de nouvelles solennités dans les saisons suivantes et soumet le spectateur désormais avisé à d'autres introspections temporelles et métaphysiques. Donc, affaire à suivre... Ou pas...

 

 

Note : 10/20

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Synopsis de la série TV sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/12_Monkeys_(série_télévisée)