nuit des morts vivants 1990

Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 1990
Durée : 1h32

Synopsis : Une nuit, Barbara visite un cimetière et tombe nez à nez avec des morts vivants, assoiffés de sang ! La jeune s'enfuit et trouve refuge dans une ferme, auprès de Ben, un inconnu se cachant comme elle. Ils ne tardent pas à être rejoints par d'autres survivants qui s'étaient déjà protégés en investissant la cave. Peu à peu, la tension monte dans le groupe et les zombies parviennent peu à peu à pénétrer dans la maison.  

La critique :

Dans le petit univers exigu des zombies décrépits, La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968) fait évidemment office de bréviaire proéminent. Petite piqûre de rappel. Au moment de sa sortie, Night of the Living Dead fait figure d'oeuvre pionnière, même si selon le propre aveu de son auguste démiurge, ce film eschatologique et morbide s'inspire en grande partie de Le Carnaval des Âmes (Herk Harvey, 1962). Grisé par ce succès inopiné, George A. Romero transmutera La Nuit des Morts-Vivants en triptyque putride avec Zombie (1978) et Le Jour des Morts-Vivants (1985). Aux yeux de Romero, les macchabées claudicants préfigurent des temps funestes et réactivent nos instincts primitifs, ainsi que nos réflexes eudémonistes.
Ses oeuvres s'imbriquent donc sur des rhétoriques politiques et idéologiques.

En outre, La Nuit des Morts-Vivants va inspirer et engendrer de nombreux épigones. Parmi les références, les thuriféraires de ce registre cinématographique méphitique citeront aisément des oeuvres telles que L'Armée des Morts (Zack Snyder, 2004) le remake officiel de Zombie par ailleurs, 28 Jours Plus Tard (Danny Boyle, 2002), Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2004), L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1979), ou encore Le Massacre des Morts-Vivants (Jorge Grau, 1974). Souvent imité, mais jamais égalé, tel semble être l'adage qui sied le mieux à La Nuit des Morts-Vivants.
Ce film d'épouvante est nimbé par cette xénophobie latente, encore prééminente dans les années 1960 aux Etats-Unis. Night of the Living Dead met en exergue un acteur Afro-Américain (Duane Jones) qui doit se colleter avec une armada de zombies anthropophages.

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Pour y parvenir, ce dernier devra se coaliser avec des Américains lambdas et réfréner les assauts répétés de créatures sanguinaires. On pouvait donc légitimement se montrer légitimement dubitatif à l'annonce d'un remake éponyme, cette fois-ci réalisé par les soins de Tom Savini en 1990. A la fois comédien, cinéaste et maquilleur, Tom Savini est un fidèle dévot de George A. Romero. Ensemble, les deux hommes ont déjà collaboré ensemble à maintes reprises.
En sus, Tom Savini n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour le genre horrifique et en particulier pour les zombies ignominieux. En tant que metteur en scène, Tom Savini peut s'enhardir de quatre réalisations notables et éventuellement notoires avec Les Contes des Ténèbres (1985), Deadtime Stories (2011), le segment "Wet Dreams" pour The Theatre Bizarre (2011) et bien sûr La Nuit des Morts-Vivants, la version 1990.

Reste à savoir si ce remake sera apte (ou non) à contrarier l'hégémonie presque arrogante de son illustre devancier. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Pour Tom Savini, une telle gageure s'avère plutôt compliquée même si le film est produit par George A. Romero "himself" et par un Menahem Golan toujours aussi opportuniste. Pourtant, cette nouvelle version est plutôt bien accueillie par les critiques, unanimement panégyriques. La presse spécialisée salue et encense à son tour ce remake qu'elle juge probe et cérémonieux.
La distribution du film se compose de Tony Todd, Patricia Tallman, Tom Towles, McKee Anderson, William Butler, Katie Finneran, Bill Moseley et Heather Mazur. Attention, SPOILERS ! (1) Johnnie et Barbara, frère et sœur, se rendent sur la tombe de leur mère. 

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À peine sont-ils arrivés que Barbara est attaquée par un zombie. Johnnie parvient à arracher Barbara des griffes de son agresseur mais chute pendant la lutte, se fracassant le crâne sous les yeux médusés de sa sœur. Barbara réussit à s'enfuir et trouve refuge dans une maison non loin de là. À peine entrée, elle se rend compte que des zombies cernent la maison. Arrive alors Ben, un Afro-Américain dans son 4X4 en passe de tomber en panne d'essence, qui veut se cloisonner dans la maison en attendant du secours. Ayant entendu du bruit à l'intérieur, ils découvrent qu'ils ne sont pas seuls dans la maison. En effet, cinq autres personnes se sont réfugiées dans la cave.
Il s'agit de Tom, le neveu du propriétaire de la maison, sa femme Judy-Rose, Harry, sa femme Helen et leur fille Sarah qui est blessée.

Dès lors, ils vont essayer de trouver un moyen de survivre en empêchant les zombies d'entrer la maison tout en espérant que les secours arriveront vite... (1) Evidemment, à l'aune de cette exégèse, on pouvait derechef se montrer circonspect sur l'intérêt et l'utilité de réaliser un tel remake, même plus de vingt ans après (22 ans pour être précis...) la sortie de son auguste homologue. Année 1990 et modernisme obligent, cette nouvelle version n'est plus nimbée par des tonalités crépusculaires et donc teintées de noir et blanc. Pis, La Nuit des Morts-Vivants (1990) démarre sous de biens piètres auspices en rééditant le préambule de l'oeuvre originelle.
Ainsi, les inimitiés débutent dans un cimetière et se centrent sur les pérégrinations de Barbara, subrepticement claustrée dans une maisonnée et obligée de se colleter avec une armada de macchabées.

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Pour s'en sortir, la trentenaire chétive devra se hâter, se démener et collaborer avec un Afro-Américain (Ben), un jeune couple et une famille en berne. A fortiori, rien n'a vraiment changé depuis la version assénée par George A. Romero en des temps immémoriaux. Changement d'époque oblige, Tom Savini n'a cure de la xénophobie ostentatoire et inhérente à l'Amérique de la décennie 1960. Les moeurs de notre société hédoniste ont radicalement changé. En outre, le metteur en scène orfèvre choisit de se polariser sur Barbara et s'achemine davantage sur une dialectique féministe.
Le temps de quelques belligérances, la jeune femme, en apparence frêle et gracile, se métamorphose en guerroyeuse effarouchée. Elle est finalement la parfaite antithèse d'un patriarche pusillanime qui choisit de se tapir avec sa famille dans la pénombre. Ben, l'Afro-Américain, devient presque un protagoniste mineur et subalterne. Il n'est plus cet intercesseur de naguère, ni cette préfiguration des opprimés, qui exhorte les blancs débonnaires à prendre les armes pour se départir d'une situation alarmante. Au moins, Tom Savini fait montre de roublardise et se débarrasse du carcan, à priori incoercible, de la version de 1968 pour proposer une nouvelle lecture.
La conclusion, elle aussi en apothéose, finira de parachever les intentions matoises de ce remake sagace et d'une redoutable efficacité. S'il ne retrouve que par instants les fulgurances de son illustre épigone, La Nuit des Morts-Vivants (1990) reste un remake scrupuleux et tout à fait recommandable qui ravira à la fois les néophytes et les thuriféraires de longue date.

Note : 15/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_des_morts-vivants_(film,_1990)