Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2012
Durée : 1h26
Synopsis : Une bande de tueurs sans merci kidnappe un riche couple en voyage à travers le pays et découvre que les choses ne sont pas telles qu'elles paraissent.
La critique :
Toujours la même ritournelle... Si Saw (James Wan, 2004) et Hostel (Eli Roth, 2006) signent l'avènement du torture porn durant les années 2000, ce registre cinématographique acte véritablement sa naissance dès l'orée des années 1960 avec Blood Feast, aka Orgie Sanglante (Herschell Gordon Lewis, 1963). A l'époque, le film d'Herschell Gordon Lewis suscite les anathèmes et les quolibets pour sa violence rédhibitoire, ses parties d'agapes et de priapées et son anthropophagie "joyeusement" déversée à l'écran. A raison, certains spectateurs et contempteurs ulcérés fulminent. Au moment de sa sortie, Blood Feast est logiquement interdit aux moins de 18 ans.
Paradoxalement, le métrage d'Herschell Gordon Lewis s'arroge le titre de film culte. Il est aussi considéré comme le tout premier film gore de l'histoire du noble Septième Art.
Evidemment, de telles forfaitures sanguinolentes ne manqueront pas d'effaroucher les esprits les plus réfractaires. A contrario, Blood Freak va influencer de nombreux épigones et estourbir durablement les persistances rétiniennes. C'est dans ce contexte de tortures, de supplications et de belligérances que des réalisateurs tels que Wes Craven et Tobe Hooper réalisent respectivement La Dernière Maison sur la Gauche (1972) et Massacre à la Tronçonneuse (1974).
A leur tour, ces deux classiques incontournables du cinéma gore et extrême s'octroient la couronne hiératique de films cultes et déclenchent, derechef, les invectives d'une presse courroucée par tant d'âpreté et de morbidité affichée sur pellicule. En ce sens, Saw et Hostel (précédemment mentionnés) ne sont que de modestes épigones qui tentent de mimer et de marcher dans le sillage de Blood Feast, Massacre à la Tronçonneuse et consorts.
Eli Roth et James Wan n'ont donc rien inventé et se contentent de psalmodier à satiété une recette éculée et déjà en vogue entre l'orée des années 1960 et la décennie 1970. Néanmoins, Saw et Hostel ont au moins le mérite de relancer cette appétence pour le torture porn et influencent à leur tour de nombreux homologues. Les thuriféraires de ce registre cinématographique ne manqueront pas de stipuler des oeuvres telles que The Collector (Marcus Dunstan, 2009), La Maison des 1000 Morts (Rob Zombie, 2003), Torched (Ray Nicholson, 2004), Wolf Creek (Greg McLean, 2006), Hoboken Hollow (Glen Stephens, 2006), A l'intérieur (Julien Maury et Alexandre Bustillo, 2007), ou encore See No Evil (Gregory Dark, 2006) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger No One Lives, réalisé par les soins de Ryühei Kitamura en 2012.
Le cinéaste asiatique n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence à la fois pour les films d'arts martiaux, ainsi que pour le cinéma gore et extrême. Il suffit de prendre sa filmographie pour s'en convaincre. Les laudateurs du metteur en scène notifieront des films tels que Versus, l'ultime guerrier (2000), Aragami (2003), Azumi (2003), Godzilla : Final Wars (2004), ou encore The Midnight Meat Train (2008) parmi les longs-métrages les plus populaires de Ryühei Kitamura. Depuis la sortie de No One Lives, le réalisateur s'est montré plutôt timoré et semble avoir subrepticement disparu des écrans radars. Contrairement à la majorité des torture porn décérébrés, No One Lives a connu une exploitation cachectique dans les salles de cinéma, tout du moins aux Etats-Unis où il recueille l'ultime réprobation, soit une interdiction aux moins de 18 ans.
En France, le film est "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans. A l'instar de Train (Gideon Raff, 2010) et de Live Animals (Jeremy Benson, 2008), No One Lives fait partie de ces rares torture porn à s'auréoler de cette même animadversion. Reste à savoir si No One Lives mérite (ou non) de telles fadaises rédhibitoires. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... En l'occurrence, le film de Ryühei Kitamura va essentiellement recueillir des critiques mitigées. La presse spécialisée tance et vitupère un torture porn certes décérébrée, mais dénuée de la moindre cohérence scénaristique. La distribution de No One Lives se compose de Luke Evans, Adelaide Clemens, Derek Magyar, America Olivo, Beau Knapp, Lindsey Shaw et Lee Tergesen.
Autant l'annoncer sans fard. Le script de No One Lives est plutôt élusif.
Attention, SPOILERS ! Un gang de criminels sans pitié prend un jeune couple en otage et le séquestre dans une maison abandonnée, au milieu de nulle part. Mais lorsque la jeune femme est sauvagement assassinée, son fiancé révèle une toute autre personnalité...Les rôles s’intervertissent et le gang se retrouve face à un tueur redoutable qui n’a toujours respecté qu’une seule règle : tout le monde meurt... Difficile de s'égayer, voire de s'enthousiasmer à l'aune de cette exégèse, pour le moins succincte. En résumé, No One Lives devrait logiquement flagorner les amateurs de tripailles et de barbaques généreusement déployées sur la caméra ensanglantée de Ryühei Kitamura.
Sur ce dernier point, le metteur en scène asiatique se montre particulièrement magnanime. Philanthrope, Ryühei Kitamura se polarise sur un sociopathe à la fois sagace et invulnérable, dans la grande tradition d'Hitcher (Robert Harmon, 1986), de Wolf Creek et du diptyque formé par The Collector et The Collection.
Les thuriféraires les plus acharnés seront donc en terrain connu et quasiment conquis. A contrario, les autres spectateurs risquent de se montrer beaucoup plus circonspects à l'aune de cette bisserie aussi munificente que débile. Sur la forme, le sociopathe de No One Lives n'est qu'un énième avatar de Jigsaw. Certes, Luke Evans badine à merveille et semble prendre un malin plaisir à jouer du scalpel et du bistouri. Certes, le reste du casting tient la route, sans réellement convaincre pour autant. En vérité, No One Lives tient sa ligne directrice en proposant un concept plutôt perspicace qui repose sur cette dichotomie en trompe-l'oeil. Les tueurs sanguinaires ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Dès lors, le film fonctionne comme une sorte de traquenard, vaguement roublard, qui happe littéralement les divers protagonistes à la gorge... et le spectateur avec.
Certes, les différents personnages n'échappent pas aux archétypes habituels avec son lot de bellâtres et de jolies demoiselles débauchées d'une agence de mannequinat. A ce sujet, Ryühei Kitamura nous inflige et nous afflige de jolies protubérances, savamment arborées lors de plusieurs séquences de douche ou de striptease, dans la grande tradition de tous ces torture porn outranciers et licencieux du genre. Et peu importe si la ligne narrative brille par son amphigourisme et ses choix scénaristiques pour le moins discutables. L'horreur, le gore et la violence l'emportent (pour une fois) sur le pragmatisme et la bienséance. Au moins, No One Lives a le mérite de ne pas péter plus haut que son derrière et se révèle (légèrement) supérieur à la moyenne des DTV (direct-to-video) habituels.
Ma note finale fera donc preuve d'une incroyable mansuétude.
Note : 12/20
Alice In Oliver