Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2002
Durée : 1h34
Synopsis : Trois jeunes hommes et deux jeunes filles ont loué une cabane dans la forêt pour y fêter la fin de leurs études et profiter des derniers jours de liberté avant d'entrer dans le monde du travail. Mais la fiesta tourne au cauchemar quand un ermite infecté par un mystérieux virus fait son apparition. Les cinq jeunes gens vont devoir faire face à ce terrible virus qui dévore les chairs de ses victimes...
La critique :
Désormais, tout le milieu artistique et cinéphilique connaît l'intempérance d'Eli Roth pour les grivoiseries et l'irrévérence. A la fois producteur, acteur, scénariste et réalisateur, Eli Roth n'a jamais caché sa dilection ni son effervescence pour le cinéma d'horreur. Ses références ? Toujours la même ritournelle... Enfant, Eli Roth s'égayait et s'enthousiasmait déjà devant toute une panoplie de séries B érubescentes, ainsi que pour toute une ribambelle de classiques sérénissimes, parmi lesquels on citera Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Blood Feast (Herschell Gordon Lewis, 1963), Délivrance (John Boorman, 1972), Les Chiens de Paille (Sam Peckinpah, 1974), La Colline a des Yeux (Wes Craven, 1977), ou encore La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972).
Alors qu'il n'est qu'un jeune éphèbe, Eli Roth s'amuse déjà à tourmenter et à supplicier son propre frère via une toute première création artistique, Splatter on the Linoleum.
Vers le milieu des années 1990, il suit des cours de cinéma à l'université de New York. C'est dans ce contexte qu'il participe et confectionne plusieurs courts-métrages d'animation. Corrélativement, Eli Roth s'accointe et s'acoquine avec David Lynch. C'est à la même époque qu'il griffonne les premières lignes scénaristiques de Cabin Fever, mais le film ne sortira qu'en 2002. La trame narrative évolue au fil des années. En outre, Eli Roth est accablé depuis sa tendre enfance par des troubles inflammatoires de la peau, plus connus sous le nom de psoriasis.
De facto, ce tout premier long-métrage se pare d'une allégorie sur les écueils et les corolaires de la maladie en termes d'effroi, d'angoisse, de chronicité et de réverbération sur l'entourage. Sur le fond comme sur la forme, Cabin Fever s'apparente donc à un ixième film de contamination, dans la grande tradition d'un The Thing (John Carpenter, 1982).
Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là. On peut presque considérer cette série B horrifique et rutilante comme une oeuvre estudiantine, qui préfigure néanmoins le didactisme gore et égrillard d'Hostel (2006). A l'époque, beaucoup de thuriféraires louangent les qualités (entre autres de mise en scène) d'Eli Roth, ainsi que son goût immodéré pour l'outrecuidance. Certains d'entre eux font même preuve de prescience et lui prédisent une illustre carrière dans le petit monde étriqué d'Hollywood. Certes, par la suite, Eli Roth corroborera partiellement aux espoirs placés en lui avec Hostel - Chapitre 2 (2007) et The Green Inferno (2013), le remake de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) ; avant de se fourvoyer dans des productions ineptes et stériles.
En l'occurrence, le metteur en scène désappointera ses laudateurs de longue date avec Knock Knock (2015) et Death Wish, le remake (encore une fois...) d'Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974).
Si encore une fois, Cabin Fever fait office de série B impécunieuse (pléonasme !), le long-métrage s'est pourtant octroyé le statut de film culte avec les années, au point de devenir une référence proéminente et populaire aux Etats-Unis. Un remake éponyme sera tourné par Travis Zariwny en 2016, toujours avec la complicité béate d'Eli Roth en tant que producteur. Deux suites, Cabin Fever : Spring Fever (Ti West, 2009) et Cabin Fever : Patient Zero (Kaare Andrews, 2012), seront également réalisées dans la foulée. Le phénomène engendré par Cabin Fever premier du nom n'est pas prêt de s'estomper, pour le plus grand désarroi de certains cinéphiles avisés et bien conscients de l'anomie du cinéma d'horreur actuel... Mais ceci est un autre sujet...
Nanti d'un budget d'un peu plus d'un million de dollars, Cabin Fever remportera le pactole et se distinguera dans divers festivals (entre autres, le festival de Gérardmer en 2003).
Le film érigera le nom d'Eli Roth dans le monde entier et lui ouvrira définitivement les portes d'Hollywood. Reste à savoir si Cabin Fever premier du nom mérite (ou pas...) de figurer parmi le bréviaire des oeuvres horrifiques et référentielles. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Rider Strong, James DeBello, Jordan Ladd, Cerina Vincent, Joey Kern et Giuseppe Andrews. Pour l'anecdote futile, Eli Roth vient lui aussi s'agréger parmi les animosités en se parant des frusques dilacérés d'un toxicomane.
Attention, SPOILERS ! (1) Trois garçons (Paul, Bert et Jeff) et deux filles (Karen et Marcy) ont loué une cabane dans la forêt pour y fêter la fin de leurs études et profiter des derniers jours de liberté avant d'entrer dans le monde du travail.
Mais la fête tourne au cauchemar quand un ermite infecté par un mystérieux virus fait son apparition. Les cinq jeunes gens vont devoir faire face à ce terrible virus qui dévore les chairs de ses victimes (1). Autant l'annoncer sans ambages. Contrairement aux apparences matoises, Cabin Fever n'est pas cet uppercut décrié par certains amateurs un peu trop patentés. En vérité, le film porte le sceau d'Eli Roth et annonce, sans sourciller, le reste de la filmographie du cinéaste fougueux et tempétueux. Mais l'impertinence n'est pas toujours synonyme de qualité ni de bienséance, loin de là.
Ainsi, la première partie, un brin lénifiante, s'appesantit largement sur les divers protagonistes. Durant cette première demi-heure, Eli Roth n'élude pas les archétypes habituels en réitérant cette bonne vieille rhétorique estudiantine.
Il faudra, en outre, composer avec un jeune homme pusillanime entiché de la belle Marcy, d'un adulescent trublion et pétomane et d'un couple particulièrement libidineux. Nos héros d'infortune ne pourront escompter sur l'aide de personne, pas même la police représentée par un agent sévèrement imbibé. Dès lors, Cabin Fever bouffe un peu... beaucoup... énormément à tous les râteliers. Tour à tour, le film se nimbe d'un humour lourdaud et égrillard pour se transmuter à postériori en huis clos gore et horrifique. Eli Roth s'acheminera sur le même syllogisme lors du tournage d'Hostel... Et c'est bien dommage tant Cabin Fever arbore un véritable potentiel.
Le film n'est jamais aussi passionnant lorsqu'il se polarise sur sa fièvre noire et sur son anamnèse, recélant par instants quelques moments de frousse et de fulgurance savamment déployés à l'écran.
Seul bémol et pas des moindres, Eli Roth opte pour les goujateries et les fariboles estudiantines. Le cinéaste phagocyte sciemment sa contamination exponentielle et omet son scénario en cours de route. Dommage aussi que le cadre bucolique et aux tonalités rougeoyantes soit traité avec autant de parcimonie. Même en termes d'exactions et autres éructations glaireuses et sanguinolentes, Eli Roth se montre curieusement policé ; d'où un certain embarras lors du générique final, celui d'une oeuvre éparse, inachevée et révélant à la fois toutes les failles et les lacunes du metteur en scène.
Pourtant, nonobstant certaines subterfuges roublards, Cabin Fever n'en demeure pas moins une oeuvre plutôt sympathique et attachante, à condition de la visionner pour ce qu'elle est ; une série B horrifique et subsidiaire.
Note : 11.5/20
Alice In Oliver