Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans ou aux - 18 ans selon les sites)
Année : 2006
Durée : 1h15
Synopsis : Trois étudiants ont prévu d'aller à un concert. En arrivant, ils découvrent le centre-ville désert et silencieux. Ils se rendent compte que la ville est habitée par des morts vivants avides de chair humaine. Dans ce chaos apocalyptique, ils tentent de survivre en combattant des zombies affamés, anéantissant et dévorant tout sur leur passage.
La critique :
Pendant longtemps et surtout après La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), les zombies putrescents et claudicants seront presque exclusivement abordés, sondés et décryptés sous les angles à la fois politiques, sociologiques et idéologiques. C'est probablement l'idée la plus astucieuse de George Romero qui perçoit, à travers ces dépouilles anthropophages, tous les travers de notre société hédoniste, consumériste et cosmopolite. Pour le célèbre réalisateur thaumaturgique, les morts-vivants ne sont que l'incarnation moribonde d'une société encore plus exsangue, atone et pusillanime ; à la fois victime de son eudémonisme ad nauseam, de sa xénophobie latente et de la couardise de ses propres édiles politiques. Telle est par ailleurs la rhétorique eschatologique de la trilogie des Morts.
Ainsi, Zombie (George A. Romero, 1978) et Le Jour des Morts-Vivants (George A. Romero, 1985) succèderont à La Nuit des Morts-Vivants.
A contrario, Le Jour des Morts-Vivants est supplanté, corrélativement, par la sortie de Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985). Contrairement à George A. Romero, Dan O'Bannon n'a pas pour aspérité d'imprégner sa production pittoresque d'un discours politique et/ou sociologique. Cette fois-ci, l'horreur doit s'imprégner d'hâbleries et de truculences gore, le tout corseté dans une morgue confrontée à l'arrivée massive de macchabées aussi carnassiers que sénescents. Le Retour des Morts-Vivants rompt donc avec le didactisme ânonné par la trilogie des Morts.
George Romero n'est donc plus ce démiurge adulé, encensé et divinisé par toute une pléthore de thuriféraires patentés. Son style âpre et rédhibitoire est évincé par un humour potache et des séries B horrifiques aux accents funambulesques.
Par exemple, Re-Animator (Stuart Gordon, 1985) et Braindead (Peter Jackson, 1992) sonnent le tocsin de la satire, des railleries et de la dérision, tout en jouant savamment la carte du gore et de l'érubescence. Bien des années plus tard, Edgar Wright versera à son tour dans les épigrammes et la parodie ubuesque avec Shaun of the Dead (2004). Les zombies ne sont plus ces créatures méphitiques et abominables de La Nuit des Morts-Vivants. Ces monstres aux frusques dilacérés ont eux aussi été avalés par le consumérisme. Un joli oxymore pour un George Romero dépité qui apprécie néanmoins le travail et la diligence de tous ses fidèles continuateurs.
Indubitablement, Automaton Transfusion, réalisé par les soins de Steven C. Miller en 2006, n'a pas vraiment pour velléité de marcher dans le sillage et le continuum du chef d'oeuvre mortifère de George Romero.
Steven C. Miller fait partie de ces honnêtes artisans du cinéma bis. En outre, Automaton Transfusion constitue sa toute première réalisation. Par la suite, le metteur en scène enchaînera avec The Banshee (2011), Silent Night (2012), Under the Bed (2012), Extraction (2015), Marauders (2016), First Kill (2017) et Evasion 2 - Le Labyrinthe d'Hadès (2018). Parallèlement, Steven C. Miller a toujours annoncé sa volonté de signer une suite à Automaton Transfusion, mais le projet a été maintes fois prorogé depuis une dizaine d'années, laissant les fans du premier volet pantois.
Le cinéaste semble avoir délaissé l'épouvante et le gore au profit d'un cinéma d'action beaucoup plus rentable et surtout synonyme de pécune et de prébendes. Inutile de le préciser, mais Automaton Transfusion fait partie de ce circuit indépendant et n'a donc pas bénéficié d'une sortie en salles, tout du moins dans nos contrées hexagonales.
Le long-métrage est donc sorti directement en vidéo via la firme Dimension Extreme. A fortiori, l'interdiction (aux moins de 16 ans ou aux moins de 18 ans) est modulable selon les sites ou les pays dans lesquels le film est répertorié. Toujours est-il que Steven C. Miller doit se départir avec un budget étriqué, à peine 30 000 dollars. Toutefois, le budget imparti sera largement remboursé. Dans l'ensemble, Automaton Transfusion est plutôt apprécié, voire encensé par les laudateurs du cinéma bis en général et du cinéma gore et extrême en particulier.
Reste à savoir si le film mérite (ou non) de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Inutile aussi de mentionner le casting du film, à moins que vous connaissiez les noms de Garrett Jones, Juliet Reeves, William Howard Bowman, Kendra Farner, John Youmans, Joel Hebner et Larry Miller ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Trois étudiants ont prévu d'aller à un concert. En arrivant, ils découvrent le centre-ville désert et silencieux. Ils se rendent compte que la ville est habitée par des morts vivants avides de chair humaine. Dans ce chaos apocalyptique, ils tentent de survivre en combattant des zombies affamés, anéantissant et dévorant tout sur leur passage. Vous l'avez donc compris. Le scénario est plutôt lapidaire et ne constitue pas le principal leitmotiv de cette production impécunieuse. Sur le fond, Automaton Transfusion incarne donc la principale antithèse de la trilogie des Morts. Ici, peu ou prou de discours politique et idéologique au profit d'une série B (série Z...) aseptisée et jubilatoire, qui opte pour l'action frénétique, les cris d'orfraie et les saynètes de gore et de tripailles.
Sur ce dernier point, Automaton Transfusion remplit doctement son office et s'adresse à un public juvénile.
De surcroît, Steven C. Miller se montre particulièrement magnanime. Dans Automaton Transfusion, les zombies se montrent étonnamment graciles et se précipitent sur leurs proies qu'ils dévorent avec un appétit pantagruélique. C'est paradoxalement le principal écueil d'Automaton Transfusion. Afin de palier à l'inanité de son scénario, le métrage gage et recourt continûment à la profusion d'action et de séquences sanguinolentes. L'extraction d'un foetus du ventre d'une parturiente par un zombie furibond explique sans doute l'ultime réprobation (donc, une interdiction aux moins de 18 ans). Mais pour le reste, Automaton Transfusion brille essentiellement par sa vacuité narrative, hélas ostensible sur sa durée pourtant élusive (à peine une heure et 15 minutes de bobine, générique y compris).
En l'occurrence, Automaton Transfusion contient toutes les bévues, les tares et les carences d'une première réalisation.
Visiblement, Steven C. Miller opte pour une réalisation quasi documentaire et filme les diverses exactions la caméra sur l'épaule, se focalisant expressément sur des protagonistes exsangues. Automaton Transfusion ne peut pas non plus escompter sur son casting de bras cassés. Certes, les interprètes anonymes font le job, mais constituent au mieux du menu fretin pour nos morts-vivants allègres. De facto, difficile de s'égayer, voire de s'enthousiasmer pour les tribulations de notre escouade estudiantine. La mise en scène est loin d'être irréprochable.
On note, çà et là, quelques fautes de raccord, ainsi que de nombreuses approximations. Bref, Automaton Transfusion s'apparente à un mauvais film sympathique que l'on éludera de qualifier de "nanar", sans doute par pure courtoisie. Le métrage rattrape en partie ses déficiences et ses impondérables par sa hargne (presque) communicative. Derechef, nous ferons preuve de bienséance et de mansuétude en accordant à cette faribole une mention passable.
Note : 10/20
Alice In Oliver