Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2004
Durée : 1h42
Synopsis : Alex est atteint d'une maladie des os, et va mourir. Pour tenter de le sauver, son meilleur ami (qui travaille dans une morgue) décide de prélever des os et des organes sur des cadavres. Cela s'avérant insuffisant, il décidera de tuer pour obtenir des organes frais...
La critique :
Lors de la publication du Top 200 des films trash, extrêmes et scandaleux du 2 juillet 2018, l'auteur Inthemoodforgore mentionnait, dans son omniscience teintée de panégyrisme, des films à la fois gore, déviants, outrecuidants et rarissimes. Ainsi, des oeuvres telles qu'Orozco The Embalmer (Kiyotaka Tsurisaki, 2001), Squirmfest (Susumu Saegosa, 1989), Banned From Television (Joe Francis, 1998), Tumbling Doll Of Flesh (Tamakishi Anaru, 1998), ou encore Faces Of Snuff (Shane Ryan, 2016) caracolaient parmi les trente premières places d'un classement certes subjectif (une lapalissade...), mais d'une rare exhaustivité.
Néanmoins, certains esprits chagrins et probablement vétilleux gloseront et péroreront contre quelques omissions subsidiaires, entre autres les absences concomitantes de Hate Crime (James Cullen Bressac, 2012), Kinatay (Brillante Mendoza, 2009), ou encore Sorgoï Prakov - My European Dream (Rafael Cherkaski, 2013), pour ne citer que ces exemples sérénissimes.
Vient également s'agréger un autre parangon du cinéma gore, trash et extrême. J'ai nommé Bone Sickness, réalisé par les soins de Brian Paulin en 2004. Si cette production rutilante ne mérite probablement pas de figurer parmi les 30 premières places de ce Top 200, il n'a rien à envier à d'autres pellicules situées au-delà de la 50e place. Il faut se rendre sur le site IMDb (Source : https://www.imdb.com/name/nm1079061/) pour déceler quelques informations élusives sur Brian Paulin.
En outre, le metteur en scène est un orfèvre patenté du cinéma trash et extrême et n'a donc jamais caché son effervescence ni son extatisme pour ce registre érubescent. Les thuriféraires du cinéaste ne manqueront pas de stipuler des oeuvres telles que Dead Girl On Film (2000), Mummy Raider (2002), Fetus (2008), Blood Pigs (2010), ou encore Cryptic Plasm (2015).
Pour mémoire, le même Inthemoodforgore nous faisait l'honneur d'une chronique érudite et instructive sur le même Fetus (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2015/06/15/32206402.html). Lors de cette chronique encyclopédique, Inthemoodforgore décrivait, entre autres, un auteur (donc, Brian Paulin...) avisé en termes d'insanités et de diverses putrescences déversées sur l'écran rutilant. Brian Paulin reste donc l'un des experts les plus lettrés lorsqu'il s'agit de déployer des ambiances glauques, malsaines, ténébreuses et méphitiques.
En l'occurrence, Bone Sickness ne déroge pas à la règle et témoigne derechef de cette dilection pour les atmosphères éthérées et fuligineuses. En outre, par certaines accointances, difficile de ne pas songer au cinéma de Lucio Fulci, entre autres à Frayeurs (1980) et à L'Au-Delà (1981), deux oeuvres mortifères et eschatologiques auxquelles Bone Sickness semble faire allégeance et déférence.
Bone Sickness fait donc office de série B gore et indépendante qui doit notamment composer avec un budget famélique, à peine trois mille dollars. On se situe donc à la lisière de la série Z, un peu à la manière d'un Black Past (Olaf Ittenback, 1989), sorti quinze ans auparavant. En matière des zombies décrépits et claudicants, Bone Sickness est souvent considéré comme la pellicule la plus âpre et la plus véhémente du genre. Autant l'annoncer sans fard. Les laudateurs du cinéma gore seront en terrain connu et quasiment conquis. De facto, inutile de préciser que le film est évidemment auréolé de l'ultime réprobation via une interdiction aux moins de 18 ans.
Inutile de préciser la distribution du long-métrage, à moins que vous connaissiez les noms de Darya zabinski, Brian Paulin (donc à la fois devant et derrière la caméra), Rich George, Kevin Barbare, Ruby Larocca et Ernest Hutcherson ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! (1) L'histoire d'un couple dont le mari, Alex, est soudainement frappé par une maladie dégénérative des os. En raison de leur faible revenu, Alex ne peut pas se payer les soins appropriés pour guérir. Il se tourne vers l'un de ses amis pour lui demander de l'aide. Celui-ci propose à Alex une mixture à base de moelle. L'épouse devra prendre soin de la mélanger à la nourriture de son mari. Hélas, l'état d'Alex empire de jour en jour. Peu de temps après, ce dernier meurt et revient à la vie sous forme d'un mort-vivant. Cette résurrection a un effet boule de neige car dans le cimetière voisin, une étrange malédiction fait également revenir tous les morts à la vie (1).
A travers cette exégèse, le cinéphile avisé aura aisément subodoré la référence à L'Enfer des Zombies (Lucio Fulci, 1979).
Vous l'avez donc compris. La révérence envers le cinéma de Lucio Fulci est l'un des principaux leitmotivs de Bone Sickness... Mais pas seulement... Sur la forme, le métrage de Brian Paulin ne s'apparente pas seulement à un agrégat vétilleux et référentiel. A l'instar de L'Au-Delà (une oeuvre déjà susmentionnée dans ses lignes), Bone Sickness ne brille pas vraiment par son scénario, pour le moins lapidaire. Par ailleurs, on se demande pourquoi Brian Paulin s'appesantit autant sur ce couple en décrépitude, dont le mari en sénescence, se métamorphose subrepticement en zombie.
Pour le spectateur, il faudra donc faire preuve de longanimité et patienter une bonne demi-heure avant d'assister à plus d'une heure de barbaques, d'agapes et de priapées sans discontinuer. Dès lors, pour les esprits fragiles et pudibonds, prière de quitter leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates.
Au moins, Brian Paulin ne badine pas avec la marchandise et se montre particulièrement philanthrope en termes d'éviscérations et d'hémoglobine s'étalant copieusement sur l'écran rougeoyant. Au menu des tristes réjouissances, on relèvera (entre autres) de l'anthropophagie ad nauseam, des énucléations à satiété, des organes dilacérés et des morts-vivants exhumés de leurs sépulcres pour mieux s'en prendre au reste de la communauté. On assiste donc, éberlué, aux premiers balbutiements de la fin du monde, ni plus ni moins. Vient également s'apposer une once d'érotisme sur fond de fétichisme et de sadomasochisme. Mais au moins, en dépit d'un scénario pour le moins succinct, Brian Paulin fait montre d'espièglerie et de cérémonie. Par exemple, une grande méticulosité a été apportée dans la conception et la confection des saynètes de tripailles. Néanmoins, l'impécuniosité de cette oeuvre morbide est hélas ostensible sur sa durée académique d'une heure et quarante minutes de bobine.
En l'occurrence, difficile de ne pas percevoir la frugalité de certains maquillages, ainsi que l'amateurisme du casting employé. Toutefois, il faudrait être sacrément rustre et vachard pour ne pas reconnaître les qualités inhérentes de cette série Z (Série B...) plutôt probe et recommandable. Cette oeuvre macabre et crépusculaire mérite donc bien quelques bonnes grâces et quelques congratulations circonstanciées.
Note : 13.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.sueursfroides.fr/critique/bone-sickness-417