Genre : horreur, gore, trash, extrême, thriller (interdit aux - 18 ans à Hong Kong, interdit aux - 16 ans en France)
Année : 2007
Durée : 1h37
Synopsis : Plusieurs policiers ont été la victime d'un même tueur. Dans le même temps, le bébé d'un détective de l'OCTB meurt dans d'étranges conditions. La police pense que ces évènements seraient tous dus à un même homme qui cherche à assouvir sa vengeance.
La critique :
"Prise au sens large, la Catégorie III Hongkongaise ou "interdiction aux moins de 18 ans" créée en 1988 correspond davantage culturellement parlant à notre "interdiction aux moins de 16 ans" et réunit des films d'horizons très variés jugés extrêmes, offensant ou trop explicites" (Source : http://www.cinemasie.com/fr/fiche/dossier/249/). Vous l'avez donc compris. A travers cette définition dogmatique, les longs-métrages estampillés Catégorie III coalisent à la fois toutes les frustrations, les trivialités et les perversités d'un continent (l'Asie) qui a traversé la Seconde Guerre mondiale dans l'ombre de l'U.R.S.S., de l'Allemagne nazie et surtout des Etats-Unis.
Indubitablement, la bombe atomique, qui a néantisé les villes de Nagasaki et d'Hiroshima, a laissé des traumatismes hélas indélébiles.
En ce sens, on peut percevoir la Catégorie III comme le moyen cathartique de juguler les tourments, ainsi que certaines excoriations intarissables. Pour les thuriféraires de ladite catégorie, on relève les premiers balbutiements de cette âpreté et de cette radicalité dans certains films de la Shaw Brothers et qui pullulent dès les années 1970. Pourtant, pour le spectateur avisé, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'au milieu des années 1980 pour voir réellement poindre la Catégorie III sur le sol hongkongais. Ainsi, Gunmen (Kirk Wong, 1989) et Sentenced To Hang (Taylor Wong, 1989) sont les deux premiers films à officialiser la Catégorie III sur le continent asiatique.
Les laudateurs de ce cinéma rustre et extrême citeront aisément des oeuvres telles que Full Contact (Ringo Lam, 1992), The Untold Story (Herman Yau, 1993), Ebola Syndrome (Herman Yau, 1996), Run and Kill (Billy Tang, 1993), Daughter of Darkness (Ivan Lai, 1993), Red to Kill (Billy Tang, 1994), ou encore Camp 731 (Mou Tun-Fei, 1988).
Vient également s'additionner Gong Tau - An Oriental Black Magic, réalisé par les soins d'Herman Yau en 2007. En outre, Herman Yau est un cinéaste hongkongais bien connu de la Catégorie III pour avoir signé The Untold Story et Ebola Syndrome, deux oeuvres déjà susmentionnées dans nos lignes. Via Gong Tau, Herman Yau est de retour aux affaires sérieuses après avoir obliqué vers les films d'arts martiaux, notamment avec Lethal Ninja (2006), une production impécunieuse qui n'a pas laissé un souvenir impérissable, loin de là. Vous l'avez donc compris.
Herman Yau est un auteur aussi prolifique qu'erratique, capable des meilleures fulgurances (toujours le diptyque formé par The Untold Story et Ebola Syndrome), comme des pires inepties (Happy Family en 2002).
Avec Ebola Syndrome et The Untold Story (toujours la même antienne...), Herman Yau pouvait s'enorgueillir d'avoir réalisé les deux plus grands fleurons de la Catégorie III. Dès lors, son grand retour derrière ce Gong Tau était évidemment attendu au tournant. Catégorie III oblige, le film a écopé de l'ultime réprobation sur le continent asiatique (donc, d'une interdiction aux moins de 18 ans) pour être "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans chez nous. La distribution du film ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Lam Suet, Maggie Siu, Mark Sheng, Kenny Wong et Hui Shiu-hung ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Plusieurs policiers ont été les victimes d'un même tueur en série. Dans le même temps, le bébé d'un détective de l'OCTB meurt dans d'étranges conditions.
La police pense que ces évènements seraient tous dus à un seul et même homme qui cherche à assouvir sa vengeance via des imprécations funestes et maléfiques. Autant l'annoncer sans ambages. Hormis quelques rarissimes exceptions (c'est même pour cela que ce sont des exceptions !), la Catégorie III n'est justement plus cette catégorie harangueuse, véhémente et flamboyante qui a atteint et érigé son apogée vers le milieu des années 1990. Depuis, les sorties restent assez élusives et reposent essentiellement sur des longs-métrages moyennement palpitants.
Hélas, Gong Tau ne réédite aucunement les soubresauts et les outrecuidances de The Untold Story ou d'un Ebola Syndrome. Herman Yau n'est donc plus ce cinéaste impudent du passé.
En dépit de certaines apparences, Gong Tau - An Oriental Black Magic est-il un mauvais film pour autant ? La réponse serait plutôt négative à condition de phagocyter toute comparaison avec ses augustes devanciers. Sur la forme, Gong Tau s'apparente à un curieux maelström entre le registre policier, le thriller putride, le fantastique, une once d'érotisme, la magie noire et évidemment le gore. Indubitablement, le long préambule de Gong Tau intrigue via ce serial killer qui tarabuste un détective (Rockman), à fortiori sans histoire. Ce psychopathe convoque donc les mauvais esprits, les imprécations machiavéliques et un démon invulnérable sur la famille de ce même détective.
Hélas, le sociopathe est indifférent à la torture et à la douleur. Sur ce dernier point, Herman Yau semble avoir un vrai problème avec la police et l'autorité hongkongaise.
A l'instar de The Untold Story et d'Ebola Syndrome, Gong Tau abhorre et admoneste la violence policière. Néanmoins, les saillies restent assez évasives pour perdre, peu à peu, son héros détective, ainsi que le spectateur éberlué en cours de route. Il faut bien l'admettre et le reconnaître. Il est difficile de s'égayer, voire de s'enthousiasmer pour cette enquête absconse et nébuleuse. Seules quelques saynètes gore et déviantes (notamment un nouveau-né en partie dévoré et recouvert par des asticots glutineux) auront pour corolaire de susciter quelques appétences pour ce film d'horreur grimé en thriller policier. Hélas, en raison de ses propres carences pécuniaires, Gong Tau parvient difficilement à convaincre lorsqu'il déploie certains effets spéciaux surannés.
En l'occurrence, difficile aussi de ne pas s'esclaffer devant ce tronc cérébral, réalisé en images de synthèse, qui s'arrache du corps agonisant du maniaque. Pourtant, en dépit de tous ses impondérables, Gong Tau reste un long-métrage de la Catégorie III plutôt probe et convenable. Derechef, c'est le nihilisme du film, conjugué à la misanthropie de son auteur, qui restent les principaux atouts de Gong Tau ; un nouvel effort qui s'adresse, de facto, aux amateurs les plus patentés de la Catégorie III. Chronique élusive aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film.
Note : 11.5/20
Alice In Oliver