Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2010
Durée : 1h25
Synopsis : Après une guerre biochimique qui a fait revivre les morts, la majorité de la population mondiale a été décimée. Les sols étant contaminés, la seule possibilité pour les rares survivants de manger est de se nourrir de la chair de morts-vivants mais ce n'est pas sans effets secondaires désastreux pour leur organisme.
La critique :
Et si on parlait un peu de Brian Paulin, l'un des chantres du cinéma underground et extrême indépendant ? En l'occurrence, il faut se rendre sur le site IMDb (Source : https://www.imdb.com/name/nm1079061/) pour déceler quelques informations élusives sur ce cinéaste impudent. Selon nos sources, la carrière cinématographique de l'intéressé aurait débuté vers l'orée des années 2000 via Dead Girl On Film, par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. Brian Paulin enchaîne alors avec Mummy Raider (2002), Bone Sickness (2004), Fetus (2008), ou encore Cryptic Plasm (2015), son dernier long-métrage en date.
Vous l'avez donc compris. A l'instar des autres parangons du cinéma trash et underground (entre autres, Olaf Ittenbach, Timo Rose, Jörg Buttgereit ou encore Marian Dora), Brian Paulin ne verse pas vraiment dans les finasseries ni dans la bienséance.
Le metteur en scène affectionne tout particulièrement les bacchanales sanguinolentes, ainsi que les parties d'agapes et de priapées aux tonalités rougeoyantes. Evidemment, Blood Pigs, sorti en 2010, ne déroge pas à cette règle fatidique et vient donc ajouter sa modeste pierre à une filmographie plutôt chevaleresque en termes de sadisme, d'exactions et autres ignominies rutilantes. Inutile de le préciser, mais ce film gore et indépendant n'a évidemment pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures et pour cause... Puisque Blood Pigs est soumis à l'ultime réprobation, soit à une interdiction aux moins de 18 ans. C'est donc par le chemin du cinéma extrême et indépendant et surtout par l'entremise de l'impécuniosité que Blood Pigs devra assumer, bon gré mal gré, son statut hiératique de série B, à la fois salvatrice et jubilatoire, auprès des thuriféraires de Brian Paulin.
En l'espace d'une quinzaine d'années, le réalisateur a pu s'enorgueillir d'une réputation plutôt flatteuse sur la Toile et les réseaux sociaux en s'échinant à signer des pellicules nihilistes, gore, échevelées et virulentes. Bone Sickness et Fetus restent, sans aucun doute, ses deux films les plus proverbiaux. Via Bone Sickness, Brian Paulin édifiait déjà sa déférence et son allégeance envers le cinéma de Lucio Fulci, en particulier envers Zombi 2 ou L'Enfer des Zombies (1979). Petite piqûre de rappel. Le film putride et scabreux de Lucio Fulci était la suite factice de Zombie (George A. Romero, 1978) et érigeait l'apogée des macchabées sur notre monde en déliquescence.
Indubitablement, Brian Paulin puisait son inspiration dans les tortuosités de ce chef d'oeuvre méphitique, mais aussi dans Frayeurs (Lucio Fulci, 1980) et L'Au-Delà (Lucio Fulci, 1981).
C'est avec une certaine aisance déconcertante que Bone Sickness s'octroyait arrogamment le statut sérénissime du film le plus trash dans le petit monde corseté des zombies décrépits. Autant dire que la tâche se révélait plutôt escarpée pour Blood Pigs, chargée de suppléer, de réitérer, voire même de phagocyter les fulgurances excentriques de Bone Sickness. Reste à savoir si le métrage remplit (ou non) son office. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... En outre, en dépit de nombreuses dissonances, Blood Pigs pourrait être considéré comme la suite logique et inhérente à Bone Sickness. Pour mémoire, ce dernier se terminait sur une marche funèbre entamée par les morts-vivants, les créatures se dirigeant sans fard vers les communautés humaines.
Blood Pigs fait donc appel à l'eschatologie et se déroule après la Troisième Guerre mondiale...
Inutile de mentionner la distribution du film, à moins que vous connaissiez les noms de Joe Olson, Rich George, Richard Caron et Deana Joy ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! Dans un futur indéterminé, presque 90% de la population mondiale a été décimée par une guerre biochimique et nucléaire. Toute trace de faune et de flore a elle aussi été néantisée pour laisser place à des armées de macchabées. Les survivants doivent donc se nourrir de la chair peu ragoûtante des morts-vivants, ce qui n'est pas sans conséquence puisque les individus, encore humains, se transmutent dans la foulée en zombies carnassiers, voire en créatures protéiformes.
A travers cette exégèse élusive, vous aurez aisément subodoré la vacuité de la trame narrative, aussi insolite que farfelue. Que soit. Via Blood Pigs, Brian Paulin n'a pas vraiment d'aspérités scénaristiques.
De surcroît, le cinéaste, autrefois opportuniste, n'a plus pour velléité de marcher dans le sillage et le continuum de Lucio Fulci. En gros, Brian Paulin fait... du Brian Paulin ! Certes, on reconnaît le style sulfureux du metteur en scène via une profusion d'effets gore et sanguinolents. Là où Bone Sickness s'appesantissait un peu trop allègrement sur un préambule rébarbatif et fastidieux ; Blood Pigs, lui, va directement à l'essentiel. Ce nouveau cru putrescent de Brian Paulin se hisse à la hauteur des espérances et rivalise, sans sourciller, avec les extravagances et les déviances du même Bone Sickness. Les laudateurs de Brian Paulin seront donc en terrain connu et quasiment conquis.
A l'instar de son auguste devancier, Blood Pigs s'apparente à un gros splatter gore qui tâche et qui pique sévèrement les mirettes.
Indubitablement, Brian Paulin a pour vocation de signer un film trash ambitieux qui louvoie continûment entre la série B (série Z ?) écervelée, le métrage post-apocalyptique et carrément le film de créatures polymorphes. Dans Blood Pigs, les zombies ne se contentent pas seulement de se hâter et d'assaillir les êtres encore humains. Lors de leur métamorphose, les morts-vivants infectés se transmutent en monstres dolichocéphales qui s'empoignent et se démanchent pour une suprématie difficile à saisir, si ce n'est de dominer un monde délabré et raviné de ses populations humaines.
Lors de rixes interminables, ce sont des tentacules oblongs qui sourdent des cavités buccales béantes des monstres protéiques. Certes, à l'aune du fameux Bone Sickness, Blood Pigs se montre encore plus magnanime et brutal en termes de vilenies et autres affabulations gore et déviantes.
Néanmoins, nonobstant son étonnante prodigalité, Blood Pigs se révèle tout de même moins intéressant et surtout beaucoup moins captivant que le même Bone Sickness, susmentionné à moult reprises dans cette chronique. En résumé, si l'on exonère Blood Pigs de ses effusions sanguinaires et de son hémoglobine déversée sur l'écran allègrement rougi, il ne reste du film qu'une série B (Série Z...) adventice et qui flagornera (encore une fois) les adorateurs les plus patentés de Brian Paulin. Les autres clabauderont et grommelleront à raison contre l'inanité narrative, ainsi que sur une mise en scène erratique qui souffre indiscutablement des carences pécuniaires du film.
Toutefois, en dépit de ses nombreuses carences, Blood Pigs reste une oeuvre underground extrêmement attachante qui mérite, de facto, quelques bonnes grâces et congratulations de circonstance.
Note : 11/20
Alice In Oliver