her name was torment 2

Genre : horreur, gore, trash, extrême, pornographie, expérimental (interdit aux - 18 ans)
Année : 2016
Durée : 56 minutes

Synopsis : Le psychiatre de Torment, la tueuse sadique et effrénée du premier volet, soupçonne la forcenée d'avoir un complice, à savoir la propre soeur de cette dernière. A travers différents entretiens menée dans un asile psychiatrique, le médecin s'acharne pour connaître la vérité et surtout les mystères ineffables de cette apparente dualité, voire altérité. Le médicastre est appelé à vivre un voyage crépusculaire au sein des limbes de l'enfer.   

 

La critique :

Il faut se rendre sur le site IMDb (Source : https://www.imdb.com/name/nm4401174/?ref_=tt_ov_dr) pour dénicher et trouver quelques informations lapidaires et factuelles sur Dustin Mills, l'un des nouveaux parangons éminents du cinéma underground. Le metteur en scène a donc démarré sa carrière cinématographique vers l'orée des années 2010 et semble vouer une véritable effervescence, voire engouement pour le gore, le trash et l'horreur ad nauseam. Les thuriféraires de Dustin Mills citeront probablement Zombie A-Hole (2012), Trashtastic trailers from the underground (2013), ou encore The Hornet's sting and the hell it's caused (2014) parmi ses travaux les plus notables et éventuellement notoires... Et encore...
Toutes ces vidéos sont quasiment introuvables sur la Toile et/ou en vidéo, mais permettent déjà d'apprécier la dilection immodérée de cet artiste pour l'ignominie et l'irrévérence.

Pour mémoire, l'auteur Inthemoodforgore avait déjà publié, le 21 août 2015, la chronique de Her Name Was Torment, une pellicule trash et extrême, réalisée par les soins du même Dustin Mills en 2014 (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2015/08/21/32508958.html). Dans son omniscience teintée de panégyrisme, Inthemoodforgore (Inthemood pour les intimes...) décrivait l'une des productions underground les plus brutales, les plus viscérales et les plus éloquentes de la décennie 2010, rivalisant sans fard avec les travaux diligentés par Fred Vogel, Marian Dora et Lucifer Valentine en leur temps. Pour ceux et celles qui s'attendent à assister à spectacle gore et grivois, dans la grande tradition du slasher ou du torture porn, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates. Indubitablement, Her Name Was Torment premier du nom boxe dans une autre catégorie.

Si Her Name Was Torment emprunte quelques éléments épars au slasher et au torture porn, le moyen-métrage lutine et s'acoquine davantage avec le genre expérimental. Sur la forme comme sur le fond, Her Name Was Torment s'apparente à une sorte salmigondis filmique oscillant entre le torture porn, la pornographie et les relents ésotériques de Begotten (E. Elias Merhige, 1991) via ces tonalités d'albâtre et cette appétence pour une mise en scène clinique, cérémonieuse et même chirurgicale. Indubitablement, via Her Name Was Torment, Dustin Mills n'avait pas vraiment pour velléité de flagorner un large audimat. Pourtant, depuis sa sortie, le moyen-métrage s'est taillé une solide réputation dans les festivals, ainsi que sur la Toile et les réseaux sociaux. 
En outre, Dustin Mills avait déjà pour projet initial de signer un diptyque. 

Le cinéaste retourne donc au charbon (si j'ose dire...) pour signer, produire, écrire et réaliser Her Name Was Torment 2 - Agony, sorti en 2016. Dire que ce second essai est confidentiel est vraiment un doux euphémisme. Ce second objet filmique non identifié (OFNI), qui fait à la fois office de séquelle et de suite inhérente à son auguste devancier, est encore plus tortueux, introuvable, mystérieux, impénétrable et rarissime à dénicher ; à moins de vouloir dépenser toute sa pécune et de faire preuve de longanimité pour parvenir à obtenir ce nouveau Saint Graal. 
De facto, j'en profite pour faire une digression et remercier bien amicalement Inthemood pour sa prodigalité légendaire et pour le prêt du film en vidéo. Autant l'annoncer sans ambages. On ne trouve presque aucune information relative, voire même élusive, sur cette suite au titre énigmatique, donc Her Name Was Torment 2 - Agony, au cas où vous n'auriez toujours pas compris... 

A contrario, on se souvient de la mise en scène alambiquée d'un premier chapitre profondément tourmenté et contristé, qui consistait à scruter et à sonder l'esprit écervelé de Torment, une sociopathe souffrant d'une schizophrénie à la fois dissociative et hallucinatoire. Alors que l'anamnèse des troubles laisse songer à une pluralité de la maladie et à un tropisme pour les délires mystiques voire métaphysiques, la fin du premier film se concluait sur ce mot ineffable et énigmatique : "Agony". Alors que pouvait-bien signifier ce terme pour le moins abscons et amphigourique ? 
Dustin Mills décide de nous apporter la réponse tant attendue dans le bien nommé Her Name Was Torment 2 - AgonyEvidemment, ce second méfait était attendu au tournant par les laudateurs du précédent chapitre.

Her Name Was Torment 2 parviendra-t-il à réitérer la folie ambiante et les excès gore et fantasmagoriques de son illustre homologue ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de ce second volet se compose de d'Allison Egan, Alley Madison, Dustin Mills (donc à la fois devant et derrière la caméra), Joni Durian et Erin R. Ryan. En outre, difficile de procéder à l'exégèse de Her Name Was Torment 2 en raison de cette appétence pour l'ésotérisme et l'expérimental. Toutefois, le synopsis pourrait se résumer de la façon suivante. Attention, SPOILERS ! 
Le psychiatre de Torment, la tueuse sadique et effrénée du premier volet, soupçonne la forcenée d'avoir un complice, à savoir la propre soeur de cette dernière. 
A travers différents entretiens menée dans un asile psychiatrique, le médecin s'acharne pour connaître la vérité et surtout les mystères ineffables de cette apparente dualité, voire altérité. 

Le médicastre est appelé à vivre un voyage crépusculaire au sein des limbes de l'enfer. Rien n'a changé depuis le premier volet. Vous aviez prisé, adoré, déifié et adoubé l'outrecuidance de Her name was Torment premier du nom ? Alors vous devriez logiquement encenser et aduler ce second opus qui reprend ligne par ligne et mot pour mot le cheminement et le continuum de son auguste épigone. En résumé, les approbateurs seront en terrain connu et quasiment conquis. Opportuniste, Dustin Mills s'achemine sur le même sillage expérimental et rédhibitoire via cette brutalité viscérale, cette effervescence pour le trash, la torture et les parties d'agapes et de priapées. 
Dans ce déchaînement de furibonderie, le cinéaste éberlué a visiblement pour vocation de discerner la genèse et l'anamnèse de la souffrance humaine.

Pour le metteur en scène, chaque individu aurait son propre double machiavélique, ainsi que sa propre réverbération malaisante. En résumé, pour Dustin Mills, cette hébéphrénie mentale serait inhérente à l'esprit humain et à nos géhennes sans cesse bouleversées. En l'occurrence, il est difficile de comprendre et de cerner le cas de Torment, visiblement en proie à une dépersonnalisation, des troubles clastiques, ainsi qu'à une anosognosie prégnante. Son psychiatre craint, à juste titre, une majoration somatique et surtout une dérive vers une catatonie mentale. La réponse se trouve de l'autre côté du miroir ou plutôt de l'esprit via l'apparition impromptue d'Agony.
Cette dernière serait la soeur de sang de Torment et exhorterait la forcenée à commettre l'irréparable. 
Agony est donc celle qu'il faut extraire et/ou éliminer pour assainir les troubles psychopathologiques de Torment. Hélas, plus l'entretien psychiatrique perdure, plus le médicastre s'empoigne et s'encastre avec un mur inextricable, celui (toujours...) de l'esprit, en perpétuelle mutation et aux prises avec des forces indicibles et inexpugnables. 

Via ce second chapitre, Dustin Mills soulève les problèmes de la dualité et de l'altérité comme étant à l'origine de cette dichotomie dissociative. En réalité, Dustin Mills profite de cette même duplicité pour itérer, derechef, les érubescences de naguère. Certes, le cinéaste se montre toujours aussi magnanime en termes de barbarie et d'ignominie. Au détour d'un long supplice, c'est une jeune femme au visage blafard qui subit les coups de ciseaux et surtout le découpage sourcilleux de son clitoris... En l'état, difficile d'en dire davantage si ce n'est que Dustin Mills n'a rien perdu de sa fougue, de sa verve ni de son impertinence. Pourtant, nonobstant une certaine diligence, Her Name Was Torment 2 - Agony se révèle tout de même moins captivant que son fidèle affidé. 
Surtout, le scénario reste beaucoup trop archaïque pour apporter un début de réponse à cette affliction mentale. 

En vérité, Dustin Mills ne fait que seriner les mêmes scansions que son sérénissime prédécesseur. Lui aussi propose, in fine, un périple multivoque dans les circonvolutions et les anfractuosités de l'esprit. Si Her Name Was Torment 2 - Agony se révèle toujours aussi sadique, barbare et cruel, il se montre un peu moins sagace et madré tout au long de son étayage et surtout lors de sa conclusion finale, plutôt déconcertante, il faut bien le dire. Dustin Mills ne réitère donc pas l'uppercut du premier volet. Toutefois, ne nous méprenons pas. En dépit de certaines tares et carences lacunaires, Her Name Was Torment 2 se situe largement au-dessus de la moyenne des productions underground habituelles...
Et rien que pour cela, cette seconde forfaiture mérite bien quelques bonnes grâces et congratulations circonstanciées.

Note : 13.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver