whore church vol 1

Genre : mixtape, comédie, animation, gore, trash, pornographique, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2012
Durée : 44 minutes 

Synopsis : Pendant quatre années, les "Vulture Brothers" (les Frères Vautour) ont écumé vidéoclubs, cinémathèques, vide-greniers et collections privées afin d'y dénicher des vieilles vhs extrêmement rares. Puis, les deux frangins ont visionné plus de 15000 heures d'images absolument incroyables afin d'en établir une compilation scénarisée. À la fois choquant, trash, provocateur, surréaliste et surtout hilarant, le résultat à l'écran s'avère tout bonnement incroyable. Prodigieux de maestria, ces jeunes passionnés au style ébouriffant et brut de décoffrage, nous balancent ici la mixtape vidéo la plus "what the fuck" de l'histoire du cinéma. Attention, méga OFNI en approche imminente sur Cinéma Choc...

La critique :

Le voilà le très, mais alors très gros morceau que Cinéma Choc attendait depuis très longtemps. Cet hiver, je vous avais prédit un bombardement en règle d'armes visuelles de destruction massive pour le début du printemps. Après le mystérieux Ensuring Your Place In Hell, l'innommable, Snuff R73 et le monstrueux Death2Kuffar, voici donc la quatrième salve : un missile à la puissance dévastatrice dont les effets secondaires risquent de persister durablement dans la mémoire collective. Autant vous prévenir de suite : le film qui va suivre évolue, comme ses trois devanciers, hors catégorie. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'être grand connaisseur, pour s'apercevoir dès les premières minutes de visionnage, que The Whore Church Volume 1 va sans problème pulvériser en outrances et en sensationnalisme la quasi-totalité des productions actuelles existant sur le marché cinématographique.
Voici donc que le blog entame un nouveau tournant de son existence et se retrouve face à une nouvelle page de son histoire. En d'autres circonstances, j'eus l'opportunité de vous faire découvrir nombre de pellicules qui, j'ai la faiblesse de le croire, ont su marquer au fer rouge l'histoire du blog qui nous est cher.

En regardant dans le rétroviseur de mes anciens méfaits scribouillards, je pense notamment aux orgies émétophiliques des Vomit Enema Ecstasy, aux extrémités scatophiles des Gusomilk, aux snuff-tortures des rarissimes GSKD, à "l'art" porno zoophile de Daikichi Amano, ou encore à l'univers dysfonctionnel ultra hardcore de Marco Malattia. Ne parlons même pas des fameux Orozco The Embalmer et Junk Films, les intenables death movies commis par le photographe et réalisateur nippon Katsuaya Tsurisaki. Bien plus récemment, les deux dernières chroniques que je vous ai présentées, avaient, elles aussi, une odeur de soufre assez intolérable.
Tous ces films, de par leur violence et leur dépravation hors normes, ont écrabouillé nos ultimes certitudes et ont fini d'engloutir sous un déluge d'abjections graphiques, les derniers espoirs que nous conservions en la dignité humaine. Mais les spécimens les plus tristement célèbres en matière d'ignominies demeurent évidemment les compilations composant le diptyque infernal Most Disturbed Person On Planet Earth.

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S'il y a une date, une seule, à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de Cinéma Choc, c'est bien le 26 septembre 2015. Ce jour-là, Alice in Oliver et moi-même, tiraillés par notre conscience et sur le bien-fondé ou non de révéler cette infamie, nous présentions tout de même MDPOPE 2. Recherche de faire le buzz ? Notre morale soutiendra le contraire. Inconsciemment peut-être... Le fait est que le programme des atrocités perpétrées à l'écran dans cette scandaleuse compilation était si obscène que ce jour-là, les jeunes cinéphiles qui ont lu ce double billet y ont sans doute perdu pour toujours, leurs espoirs naissants en la magnificence de la vie. Tandis que les anciens y ont définitivement enterré les maigres illusions qui leur restaient. Trop de violence, de sadisme, de folie, de barbarie gratuite, de dépravations ; trop de tout. Le mal absolu s'était-il incarné dans cette pellicule cauchemardesque ?
On serait tenté répondre par l'affirmative. Pourtant Thomas Cinemagore, le concepteur de ce funeste projet, n'avait rien eu de plus à faire que de surfer sur le Net, que ce soit sur l'officiel ou l'interdit, pour créer ce monstre répugnant.

Où était donc l'intérêt d'étaler plus de trois heures durant d'épouvantables insanités sans délivrer aucun message en filigrane ? Cinq ans plus tard, nous en recherchons encore la raison... Vous pouvez à présent chasser cet immonde et sinistre souvenir de vos mémoires (si c'est possible pour ceux qui l'ont vu). Et réjouissez-vous de la découverte du jour car avec The Whore Church Vol 1, nous tenons la parfaite antithèse aux Most Disturbed Person On Planet Earth. La conception de la mixtape vidéo des Vulture Brothers a pourtant été clôturée dès 2012, soit un an avant la sortie du premier opus MDPOPE. À croire que les deux frangins de Boston avaient anticipé, malgré eux, le projet nauséabond de Thomas CinemaGore car ce qu'ils proposent est aux antipodes du "spectacle" ordurier de ce dernier. Les deux loustics n'ont pas, EUX, eu besoin de farfouiller dans les poubelles du Net.
Ils se sont acquittés d'un travail autrement plus pointu. En visionnant sur de vieilles vhs, des milliers d'heures d'images toutes plus improbables les unes que les autres, ils ont conçu un "scénario" d'une inventivité sans pareil. Et leur travail finalisé est une réussite absolue. Un véritable petit chef d'oeuvre. À déguster sans modération !

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Il est vraiment très difficile de retranscrire l'enthousiasme frénétique qui envahit le spectateur lorsqu'il visionne The Whore Church. Dans le genre What The Fuck de la bobine, je ne sais pas si quelque objet visuel a un jour, atteint de tels sommets de furia, mais cela m'étonnerait beaucoup. 44 minutes seulement. 44 minutes d'impures folies que l'on aimerait voir s'allonger à l'infini tellement le plaisir est grand. Quel pied, mes amis ! Personnellement, je n'avais jamais ressenti une telle jouissance en tant que spectateur depuis le mois de novembre 2011, époque où je découvris le phénoménal Thundercrack! Même si de par sa conception alternative, The Whore Church ne peut pas évidemment être comparé au monument de dépravation de Curt McDowell, force est de constater que péloche décomplexée de Roil et Sleazee Vulture (âgés d'à peine 27 et 24 ans au moment de la mise en boîte de leur oeuvre), va encore beaucoup plus loin que le cultissime film underground de 1975.
Que ce soit dans la démesure des intentions, dans la décadence picturale ou encore l'inventivité scénaristique, The Whore Church dézingue tout sur son passage et, en priorité, le politiquement correct.

Bien sûr, pour apprécier un tel déferlement de joyeux bordel, il est impératif d'être doté d'une très grande largeur d'esprit, ne pas avoir le fondement obstrué par des principes de moralité étriqués. Sinon, gare aux yeux qui piquent ! Cela risque même de cramer quelques rétines car les Vulture Brothers n'y vont vraiment pas avec le dos de la cuillère pour secouer le spectateur. La preuve ? Allez, vous l'aurez voulu. Attention spoilers ! Le métrage s'ouvre en fanfare avec la présentation de 3 femmes nues dans une église attendant d'être sacrifiées lors d'un rite satanique. Puis un cataclysme d'images subversives défile avant le "générique" d'introduction. Nous deux lascars Vulture se présentent alors avec des masques à tête de bouc que n'auraient pas renié les hardeurs officiant chez Marco Malattia. Doigts d'honneur face à la caméra... le show peut commencer !
Le métrage n'étant pas doté d'une structure narrative classique (c'est le moins qu'on puisse dire), le déroulé de The Whore Church s'effectue par thématiques. Le but du "jeu", pour les Vulture Brothers, étant de choisir des passages de films différents et les faire coïncider dans une même scène afin de créer une séquence continue. Ainsi, des passages de vrais films peuvent être associées à des images d'animation, des interviews d'archives à des performances scénique, des comédies familiales à des films pornographiques, des nanars estampillés 80's avec des oeuvres ultra gore et ainsi de suite.

Cela donne, vous l'imaginez, un spectacle absolument incroyable et décalé à l'indescriptible. Impossible en effet, d'énumérer toutes les excentricités commises à l'écran mais pour tenter de vous donner un aperçu, je vais choisir une scène emblématique sur chacun des sujets abordés par les réalisateurs.
- La famille : une gamine découvre un nouveau jeu de société "Mystery Date". Une maison de poupée qui recèle des secrets et dont il fait ouvrir les portes une à une. Derrière ces portes, la petite fille découvrira un cadavre, un anus dilaté ou encore un homme se faisant une auto fellation...
- La religion : des religieuses font du kung-fu, d'autres ont un crucifix planté dans l'anus ou d'autres, jambes écartées et dénudées, déchirent les pages de la Bible.
- Le patriotisme : sur l'air de "This is America", des images en totale contradiction avec les paroles de l'hymne inondent l'écran. Violence, obésité, inégalités sont affichées avec complaisance pour dénoncer l'hypocrisie de la société américaine. Au final, devant la bannière étoilée, un acteur incarnant Thomas Jefferson lorgnant vers l'horizon se fait faire une fellation baveuse par une bougresse à forte poitrine.

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À signaler qu'apparaissent (à leur insu) de nombreux acteurs hollywoodiens ou célébrités dont la participation à des saynètes toutes plus décalées les unes que les autres, est bien évidemment involontaire. Featuring : Hulk Hogan, Eddie Murphy, Macaulay Culkin, Roddy McDowall, William Shatner, George Bush Sr, Martin Landau, Michael Jackson, etc. Au premier abord, le spectateur incrédule croit avoir à faire à un spectacle foutraque sans queue ni tête où les réalisateurs se seraient lâchés de façon graveleuse pour céder à la facilité du n'importe quoi. Grave erreur ! Un deuxième visionnage et tout devient plus clair. The Whore Church Vol 1 est une mixtape beaucoup plus ambitieuse qu'il n'y paraît. En fait, sous couvert de leurs fantaisies débridées, les Vulture Brothers se livrent à une critique en règle de la société américaine et de sa bien-pensance boursouflée de puritanisme.
Et tout y passe. Méthodiquement laminés et pulvérisés à la sulfateuse par les deux trolls iconoclastes, la religion, la malbouffe, le lobby des armes, le patriotisme exacerbé, la sexualité (hétéro et homo), l'ultra violence, les drogues, la petite famille modèle, les soaps sirupeux, le star système en prennent tous pour leur grade. Toutes les tares de l'Amérique sont passées aux rayons X et assaisonnées au vitriol par la caméra des frangins de Boston. 
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le film envoie du lourd ; du très lourd même. Avec cependant, toujours cette légèreté "innocente" d'une oeuvre qui ne se prend pas du tout au sérieux. Beaucoup d'extraits de dessins animés sont au programme, histoire de dédramatiser les images terriblement hardcore qui défilent à allure stratosphérique. Du début à la fin du métrage, c'est un maelström frappadingue de loufoqueries, tantôt outrancières, tantôt  désopilantes, qui défilent ne laissant pas une seule seconde de répit au spectateur. The Whore Church, ça va très vite et ça cogne fort. Terriblement fort. Du début du métrage jusqu'à son final, c'est un maelström frappadingue de loufoqueries tantôt outrancières, tantôt désopilantes, qui défilent à allure stratosphérique, ne laissant pas une seule seconde de répit au spectateur. Un pur bonheur de régression quoi !
Pour les abonnés à Télérama et les thuriféraires de films d'auteur, prière d'aller faire un petit tour sous peine de crise aigüe d'apoplexie ! Pour les autres, jetez-vous à corps perdu sur ce bijou d'originalité et de transgression ; croyez-moi, vous n'allez pas le regretter. Quoi de mieux pour conclure cette chronique que ce petit passage qui résume à lui seul, le feu d'artifice filmique concocté par les frères "Vautours". Une scène tirée d'un obscur porno montre deux lesbiennes s'adonner à un tendre broute-minou; quelques secondes après, un jeune ado black (qui lui joue dans un film comique) regarde en direction des donzelles faisant l'amour et pousse un "Waoua, weay cool !" d'étonnement de sa voix de fausset. L'action revient sur les filles qui s'activent un peu plus et le jeune garçon de s'écrier de plus en plus fort : "Waouaaa, weayyy cooool!". 
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À la troisième reprise, les lesbiennes se déchaînent et l'adolescent, dont le visage peinturluré en images de synthèse, ressemble à un démon en rut, délivre un hurlement (doublé) à mi-chemin entre celui d'un loup-garou et d'un revenant d'outre-tombe. Si vous n'avez pas suivi, les deux séquences bien que concomitantes sont bien sûr extraites de deux films différents. À se pisser dessus, cette scène... Je garde évidemment le plus salace pour la fin à l'attention des petits pervers, que nous tous un peu. Si vous voulez voir un homme fourrer (au sens propre) une dinde de Noël, des femmes s'enfiler un portable dans le vagin, ou servir de trous à balles de golf, c'est ici que ça se passe !
Voilà, c'est cela The Whore Church Vol 1. Un melting-pot filmique qui déchire sa race comme aucune compilation, ou ce qui peut y ressembler, ne l'avait jamais fait auparavant. N'oublions pas que toutes ces trouvailles ont été dénichées sur de vieilles vhs des années 80 et 90. Comme quoi, certains cinéastes ou performeurs allaient déjà très loin dans la provocation et l'outrecuidance à l'époque.
Sinon, pourquoi The Whore Church Volume 1 ? Y-aurait-il un deuxième opus en préparation ? C'est ce qu'espéraient les Vulture Brothers en 2012 lors de la sortie de leur premier film, mais la difficulté de leur entreprise et le manque de moyens financiers doivent les contrarier dans leur tâche. Espérons pour le bien de la contre-culture, la liberté d'expression et le développement du cinéma underground qu'ils réussissent à rééditer leur performance. Pour ceux qui seraient intéressés (et je pense qu'ils seront nombreux), il est à noter que le trailer est disponible sur Vimeo et que le DVD est disponible à tarif dérisoire (20€) sur le site personnel des frangins de Boston.
Si vous deviez n'acheter qu'un film, un seul dans votre vie, ruez-vous sur The Whore Church. Je m'engage à vous rembourser si vous n'êtes pas satisfait de votre achat ! Mais je suis tranquille, il y a fort à parier que cette mixtape démentielle vous fasse grimper aux rideaux comme elle l'a fait déjà auprès des cinéphiles adeptes d'un cinéma déjanté dans le monde entier. Il n'y a qu'à écouter sur YouTube, les commentaires élogieux des spectateurs qui ont vu le film. Alors, ne perdez pas une seconde car en moins de trois quarts d'heure, vous allez pouvoir vous goinfrer d'images toutes plus hallucinantes les unes que les autres. Et vous passerez un moment inoubliable. Une bombe atomique, je vous dis !

Note : 19,5/20
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