zombie 3

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1988
Durée : 1h29

Synopsis : Des scientifiques travaillant sur de nouvelles armes bactériologiques se font dérober un puissant gaz toxique. Traqué par des militaires, le voleur est finalement retrouvé mort dans un hôtel, la peau verdâtre et rongée par le mystérieux gaz volé quelques heures auparavant. Afin d’éliminer toute trace de ce projet scientifique top secret, l’Armée décide de brûler le cadavre du voleur sans savoir que les fumées dégagées dans l’air par le four crématoire allaient à leur tour contaminer les environs. Très vite, les gens peuplant les contrées avoisinantes se transforment en morts-vivants et parcourent les rues désertes des villages à la recherche de chair humaine fraîche… 

 

La critique :

Dans le monde volumineux des zombies, les thuriféraires des créatures carnassières et claudicantes n'omettront pas de stipuler, à raison, la prégnance de La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968), une pellicule indépendante et horrifique qui va servir de véritable bréviaire pour toute une génération de films et de cinéastes aguerris. La raison ? Sans doute l'allocution politique et la doxa diplomatique de cette oeuvre, à la fois putride et vespérale, qui met en exergue un jeune Afro-Américain aux prises avec des morts-vivants décrépits.
La critique enjouée considère le film comme une allégorie sur la xénophobie ambiante qui imprègne les Etats-Unis depuis des temps immémoriaux. Pour d'autres critiques encore, La Nuit des Morts-Vivants s'apparente à une introspection sociologique sur la condition humaine.

Réduit à quia, le héros principal échoue dans une maison assaillie par une horde de zombies. Pour combattre cette nouvelle forme de terreur, ce dernier devra composer et s'entendre avec une équipe de bras cassés, en particulier avec un mari poltron et débonnaire. Alors que les zombies s'immiscent inexorablement dans la demeure, le héros désespéré repousse, sans discontinuer, les assauts répétés. Il sera abattu, manu militari, par une bande de convoyeurs, bien décidés à massacrer du zombie. Toute la métaphore est là, dans cette simple balle tirée en pleine tête.
L'Afro-Américain est anéanti sans sommation et fait figure de victime expiatoire et exemplaire, entre autres assimilée aux morts-vivants anthropophagiques. Malicieux, George A. Romero poursuivra son analyse anthropologique et sociétale via Zombie (1978) et Le Jour des Morts-Vivants (1985).

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L'emprunte est là, ostensible et palpable. Le film de zombies doit irrémédiablement obliquer vers l'allégorie, la métaphore et la critique sociale et sociétale. En contrepartie, ce registre cinématographique se démocratisera largement dans les salles et via le support vidéo. Le style affiné de Romero va inspirer de nombreux épigones. Les laudateurs du genre notifieront notamment Re-Animator (Stuart Gordon, 1985), Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985), Démons (Lamberto Bava, 1985), ou encore L'Emprise des Ténèbres (Wes Craven, 1988) parmi les métrages notables et éventuellement notoires. En outre, Lucio Fulci n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour l'horreur et les zombies méphitiques. A juste titre, le metteur en scène transalpin apparaît comme un noble parangon du cinéma bis. Sa filmographie est plutôt éloquente et recèle de pépites adulées et révérées par les fans patentés.

La Longue Nuit de L'Exorcisme (1972), L'Emmurée Vivante (1977), L'enfer des zombies (1979), Frayeurs (1980), L'Au-Delà (1981) et L'Eventreur de New York (1982) ont largement contribué à façonner une filmographie plutôt prestigieuse. Hélas, chaque réalisateur a son péché mignon (si j'ose dire...). Pendant longtemps, Lucio Fulci paiera cher sa contribution à la réalisation de Zombi 3, sorti en 1988. Par ailleurs, les noms de Claudio Fragasso et de Bruno Mattei sont également stipulés derrière la réalisation de ce troisième volet de la série. Aïe...
Rien que le nom de Bruno Mattei suinte avec la série B (série Z...) désargentée, le nanar, l'amateurisme et le dilettantisme. A ce sujet, Lucio Fulci, bien conscient de ce massacre commercial et artistique, reniera ce film à postériori. 

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Trop tard pour lui... Les saillies rédhibitoires se font entendre et admonestent une série B subalterne et ubuesque malgré elle. Reste à savoir si Zombi 3 mérite ou non de telles diatribes. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Pour souvenance, Zombi 2, soit L'Enfer des Zombies dans notre espace hexagonal, et déjà réalisé par les soins de Lucio Fulci en 1979, n'était qu'une suite, voire une séquelle officieuse de son glorieux aîné. Zombi 3 obéit à la même dialectique. En l'occurrence, il ne serait pas aisé de procéder à l'exégèse d'un tournage aussi catastrophique.
Selon certaines galéjades, la légende veut que Fulci aurait cédé la réalisation à Bruno Mattei en désespoir de cause et pour des soucis de santé. Autant l'annoncer sans ambages. Sur la forme comme sur le fond, on ne reconnaît nullement le style raffiné de Lucio Fulci derrière Zombi 3.

Indubitablement, le long-métrage exhale les stigmates ostensibles de Bruno Mattei, un autre habitué du cinéma bis et d'exploitation. Son crédo ? Reprendre les films à succès à son compte, les galvauder et les extirper de leur substance primordiale pour aboutir, in fine, à une oeuvre salace et protéiforme. Evidemment, Zombi 3 ne déroge pas à la règle... Ou quand Bruno Mattei s'en mêle... La distribution du film se compose de Deran Sarafian, Beatrice Ring, Ottaviano Dell'Acqua, Massimo Vanni, Ulli Reinthaler et Marina Loi. Attention, SPOILERS !
(1) Sur une petite île sont menées des expériences visant à ressusciter les morts. Ne parvenant pas à maîtriser leur sujet, les scientifiques abandonnent et demandent à l’armée de venir récupérer la souche du virus.

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Mais un badaud malintentionné passant par-là dérobe la valise, trouve le moyen de l’ouvrir et contracte lui-même la terrible maladie avant de la répandre dans un hôtel. Les militaires parviennent à isoler la zone et à enrayer l’épidémie. Tout aurait donc été bien si ces sots-là n’avaient pas brûlé les cadavres, propageant le mal dans l’atmosphère. Une grosse boulette qui oblige l’armée à avoir recours à la manière forte en attendant éventuellement que les scientifiques trouvent un antidote. Accessoirement, la vie devient bien difficile pour les civils (1).
Sur la forme, Zombi 3 préfigure déjà les premières prémisses du jeu vidéo dans le film d'horreur en générale et dans le film de zombies en particulier. Certes, le métrage n'est pas l'adaptation d'un jeu vidéo, mais son scénario, d'une inanité sidérale, fait voguer les protagonistes humains d'un endroit à un autre, chaque nouvelle étape recélant sa litanie de zombies putrescents. 

Chaque nouvelle épreuve permet d'accéder au niveau suivant pour, in fine, déboucher sur une fuite en hélicoptère en guise de conclusion finale. On croit fabuler... Zombi 3 se distingue, de prime abord, par un scénario inexistant et surtout par des fautes de raccord, laissant songer à un film en grande partie tronqué. Si les saynètes d'action et de tripailles sont omniprésentes, c'est pourtant l'ennui qui guette ce nanar à la lisière du navet. Ici, on se contrefout ouvertement des protagonistes humains qui font donc figure de menu fretin pour les zombies à l'appétit pantagruélique.
De facto, le film s'apparente à une sorte de salmigondis cinéphilique qui amalgame, sans sourciller, les courses poursuites effrénées, ainsi que les séances de cannibalisme. Hélas, le film se révèle prestement rébarbatif et souffre également de nombreuses carences, entre autres techniques. N'est pas Bruno Mattei qui veut... Le cinéaste goguenard fait honneur à sa réputation, plus que jamais... 
Pour le reste, on retiendra quelques scènes funambulesques, notamment cette tête de zombie volante qui atterrit dare-dare sur le visage offusqué d'un héros d'infortune.
On comprend mieux pourquoi Zombi 3 a acquis, au fil des années, la réputation de nanar. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...

Côte : Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : http://tortillapolis.com/critique-film-zombi-3-lucio-fulci-bruno-mattei-1988/