Genre : science-fiction
Année : 1954
Durée : 1h17
Synopsis : Après le crash d'un avion qui survolait le site d'un essai atomique, un des passagers, le Docteur Doug Martin réapparaît, amnésique mais indemne. Soumis à un interrogatoire, le scientifique révèle qu'il a été capturé par des extraterrestres qui ont pour objectif de conquérir la Terre.
La critique :
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis le fiasco de l'Allemagne nazie, l'Europe est un continent à la dérive et à rebâtir. La France ressort exsangue et comme la grande perdante de cette guerre technologique, meurtrière et consécutive à la Première Guerre mondiale. Jadis flambloyante, l'armée française a subi un revers cinglant en 1940 contre l'Allemagne fasciste d'Adolph Hitler. Après 1945, ce sont les Etats-Unis et l'U.R.S.S. qui s'arrogent le titre de nations suprêmes et hégémoniques. Les Américains prônent un capitalisme irréfragable et exponentiel.
A contrario, les soviétiques proposent et imposent le communisme comme doxa antagoniste. Ce sont les tous premières exhalaisons de la Guerre Froide. Le monde entier vit sous l'égide de la terreur et certaines personnes circonspectes évoquent une Troisième Guerre mondiale putative, cette fois-ci sous l'aval de l'ère atomique et du nucléaire.
La bombe atomique, qui a implosé, décimé et ravagé les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, sème davantage la panique. Cette angoisse archaïque inspire évidemment le noble Septième Art, en particulier le cinéma de science-fiction. Dès 1951, le cinéaste Robert Wise signe une allégorie sur cette peur ineffable et irrépressible via Le Jour où la Terre S'Arrêta. Un extraterrestre anthropomorphe débarque sur la Terre, accompagné par un robot cyclopéen, et intime aux Terriens de cesser leurs expériences de destruction massive. Désormais, le nucléaire menace carrément la pérennité de l'univers.
D'autres films de science-fiction des années 1950 et 1960 vont mettre en exergue les écueils et les corolaires de l'âge atomique. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que L'Homme Qui Rétrécit (Jack Arnold, 1957), La Guerre des Mondes (Byron Haskin, 1953), Les Survivants de l'Infini (Joseph M/ Newman, 1955), ou encore La Jetée (Chris Marker, 1962) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Hormis quelques exceptions éminentes, tous ces films relatent et décrivent une Humanité en péril, ainsi que des jours tristement funèbres. Pis, c'est carrément la fin des temps, l'Apocalypse, voire l'Armageddon qui sont annoncés par les prédictions les plus alarmistes. Evidemment, ces affabulations eschatologiques inspirent également le cinéma indépendant et de série B, pour le meilleur et surtout pour le pire. Des films tels que Plan 9 From outer Space (Ed Wood, 1959), The Creeping Terror (Vic Savage, 1964), L'invasion martienne (Tom Graeff, 1959), Les envahisseurs de la planète rouge (William Cameron Menzies, 1953), ou encore Robot Monster (Phil Tucker, 1953) côtoient souvent les prismes de l'indigence, de la modicité et de l'impécuniosité.
Vient également s'additionner Les Tueurs de l'Espace, soit Killers From Space de son titre original, et réalisé par la diligence (un terme vraiment à minorer et à guillemeter...) de William Lee Wilder en 1954.
En l'occurrence, ce cinéaste, producteur et scénariste américain, d'origine autrichienne, a principalement officié dans le cinéma de série B. Après s'être allègrement épanché sur des courts-métrages, par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales, W. Lee Wilder se polarise presque exclusivement sur des petits films de science-fiction. Les laudateurs de ce metteur en scène (mais enfin, qui sont-ils ?) notifieront probablement des métrages tels que Le Fantôme de l'Espace (1953), The Snow Creature (1954), The Man Without A Body (1957), ou encore The Omegans (1968). Sur la Toile, on ne décèle pratiquement aucune information sur Les Tueurs de l'Espace. Le site Wikipédia (Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Killers_from_Space) indique qu'il s'agit d'une production distribuée par les soins de la firme indépendante RKO Radio Pictures.
Killers From Space suinte donc la paupérisation à plein nez et fait donc figure de nanar avarié et sérieusement désargenté. Curieusement, le film n'a pas fait l'objet d'une chronique avisée par Nanarland (Source : http://www.nanarland.com/), un site pittoresque qui répertorie les mauvais films sympathiques. Indubitablement, Les Tueurs de l'Espace trouverait, sur cette plateforme iconoclaste, une place privilégiée et à la hauteur de son aspect involontairement funambulesque. La distribution du film se compose de Peter Graves, Frank Gerstle, James Seay, Steve Pendleton, Barbara Bestar, Shepard Menken et Ron Kennedy. Vous l'avez donc compris.
Seul le nom de Peter Graves transparaît dans ce casting cachectique. En outre, à l'époque, le comédien n'en était qu'à ses premiers balbutiements.
A postériori, ce dernier deviendra, entre autres, la vedette de la série télévisée Mission Impossible (1967 - 1973). Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film ! Attention, SPOILERS ! Après le crash d'un avion qui survolait le site d'un essai atomique, un des passagers, le Docteur Doug Martin réapparaît, amnésique mais indemne. Soumis à un interrogatoire, le scientifique révèle qu'il a été capturé par des extraterrestres qui ont pour objectif de conquérir la Terre. Autant l'annoncer sans ambages. Dans le carcan des nanars décrépits, Les Tueurs de l'Espace se distingue, de prime abord, par son ingénuité. Un éminent scientifique décède dans un crash d'avion (je renvoie au synopsis) et revient à la vie grâce aux secours prodigués par des extraterrestres aux yeux globuleux et hypnotiques.
Hélas, les extraterrestres ne sont pas particulièrement magnanimes, ni nantis d'intentions pacifistes, loin de là !
Leur but ? Conquérir notre planète et faire de la Terre leur univers ! Les Aliens profitent des radiations atomiques pour ourdir leur future hégémonie. Vous avez baillé, voire soupiré durant ces explications amphigouriques et pour le moins laborieuses ? Rassurez-vous, c'est normal ! Pendant plus de trente minutes, Les Tueurs de l'Espace se résument à toute une litanie de flashbacks et de logorrhées fastidieuses. Le public hébété, devant tant de crédulité, devra faire preuve de longanimité avant de voir débarquer le héros d'infortune dans une grotte au milieu d'extraterrestres anthropoformes et capables carrément de dominer notre nature sauvage et animale.
Ainsi, ce sont des lézards gargantuesques, des crapauds titanesques et des insectes faramineux qui empêchent le docteur Doug Martin de prendre la poudre d'escampette.
Rien que pour le look ringard, les costumes désuets et surtout pour ces extraterrestres affublés de yeux globulaires, Les Tueurs de l'Espace justifient son visionnage. En revanche, la suite des inimitiés tombe prestement dans les affres de la désuétude et des oubliettes. Le médicastre doit convaincre ses interlocuteurs d'une menace imminente. Devant le scepticisme de ses pairs, le médecin sombre subrepticement dans des délires paranoïdes, mais parvient, bon gré mal gré, à déjouer les savants complots fomentés par les extraterrestres miséreux.
On fera donc volontairement fi des effets spéciaux obsolètes, d'un scénario alambiqué, d'un manque flagrant de budget et, in fine, de conversations sibyllines qui amenuisent l'intérêt relatif de cette production atone. Oui, encore une fois, on appelle cela un nanar ! Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Côte : Nanar
Alice In Oliver