Genre : fantastique, action, science-fiction
Année : 2018
Durée : 2h36
Synopsis : Les Avengers et leurs alliés devront être prêts à tout sacrifier pour neutraliser le redoutable Thanos avant que son attaque éclair ne conduise à la destruction complète de l’univers.
La critique :
A raison, on n'attendait plus rien de l'univers, in fine corseté et dégingandé, des super-héros. Depuis l'avènement du film X-Men (Bryan Singer, 2000) à l'orée des années 2000, les super-héros n'ont cessé de pulluler dans les salles obscures, de la production faramineuse (la trilogie Spider-Man amorcée par Sam Raimi), de la pellicule désuète (Elektra, Rob S. Bowman, 2005) jusqu'au nanar écervelé (Catwoman, Pitof, 2004), au grand dam d'un audimat hébété. Personne n'est dupe. A force de sévir et de prospérer, tous ces super-héros annoncent de sinistres présages entre Marvel et DC Comics.
La guerre est nûment déclarée et le spectateur abêti en sera pour ses frais. Qui, des deux firmes proéminentes, va réussir à s'imposer et à remporter cette bataille frénétique, et au grand dam de la populace ?
La réponse est aussi simplissime que lapidaire. En dépit de quelques rarissimes fulgurances, la palme de l'ingéniosité échoit, sans sourciller, à l'industrie Marvel. Exempt le cas de Watchmen : les Gardiens (Zack Snyder, 2009), DC Comics peine réellement à convaincre et à renouveler son bestiaire (si j'ose dire...). Que ce soit Suicide Squad (David Ayer, 2016), Batman V Superman : l'aube de la justice (Zack Snyder, 2016), Green Lantern (Martin Campbell, 2011), Man of Steel (Zack Snyder, 2013), ou encore Justice League (Zack Snyder, 2017), toutes ces productions lénifiantes ont essuyé un camouflet artistique, à défaut d'être commercial, puisqu'elles continuent de flagorner un public apathique et peu exigeant en termes de qualités cinéphiliques.
A l'origine, Justice League devait être conçu, pensé, réalisé et ratiociné comme la nouvelle bombe explosive dans l'univers des super-héros, décimant toute la concurrence apoplectique sur son passage.
Justice League ne sera qu'un pétard mouillé, révélant ainsi toute la frilosité de l'entreprise. Surtout, toutes ces productions grandiloquentes et estampillées DC Comics se ressemblent et ne parviennent guère à faire ciller l'hégémonie rogue de Marvel dans cette globalisation mercantiliste et lucrative. En l'occurrence, c'est bien Marvel qui possède son joyau sérénissime et voluptuaire. Ce dernier se nomme les Avengers, des super-héros issus de l'imagination fertile et foisonnante de grimauds patentés. Partant d'une collusion formée par Thor, Hulk, Iron Man, l'homme-fourmi et la guêpe, cet aéropage va subrepticement s'accroître via l'arrivée massive d'autres super-héros aguerris.
Si Iron Man (Jon Favreau, 2008) avait ouvert les inimitiés vers le milieu des années 2000, la franchise devait s'amorcer vers une fédération de "vengeurs", voués à la cause de l'Oncle Sam en particulier, du monde en général, voire de l'univers dans la moindre de ses anfractuosités.
Ainsi, Avengers (Joss Whedon, 2012) et Avengers : l'ère d'Ultron (Joss Whedon, 2015) culminaient arrogamment les firmaments du box-office américain. La saga devait inéluctablement se poursuivre via Avengers : Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2018) et Avengers : Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019). Aujourd'hui, c'est le cas d'Avengers : Infinity War qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes. Oui, de temps à autre, Cinéma Choc cède aux caprices et aux désidératas de la doxa hollywoodienne pour vous proposer (pour vous imposer ?) des billets un peu moins ésotériques qu'à l'accoutumée. Pour la faribole superfétatoire, Avengers : Infinity War se soldera par un succès pharaonique au box-office américain et corroborera l'omnipotence de Marvel sur DC Comics. Par ailleurs, la véritable guerre ne concerne même plus DC Comics, mais celle entreprise entre Marvel et Walt Disney qui s'est arrogé la franchise Star Wars comme nouvelle égérie ; de quoi préfigurer de nouvelles querelles entre les deux firmes absolutistes.
Mais ceci est un autre sujet... Toujours est-il qu'Avengers : Infinity War recueillera les dithyrambes unanimes d'une presse extatique. Reste à savoir si ce troisième opus mérite de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de ce blockbuster se compose de toute une ribambelle de comédiens orfèvres, notamment Robert Downey Jr., Josh Brolin, Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Chris Pratt, Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chadwick Boseman, Tom Holland, Gwyneth Paltrow, Benicio del Toro et Samuel L. Jackson. Quant à Bradley Cooper et Vin Diesel, les comédiens émérites viennent prêter leur acuité vocale à des super-héros en déveine. Attention, SPOILERS !
(1) Le vaisseau asgardien en déroute, avec notamment à son bord Hulk, Thor et Loki, est arraisonné par Thanos, venu récupérer le précieux tesseract, contenant une des pierres d'infinité qui lui accorderont la toute-puissance.
Parvenu à s'échapper, Hulk arrive sur Terre et prévient Doctor Strange de la venue imminente de Thanos. Devant la menace qu'il représente, Tony Stark se résout à contacter Captain America pour reformer les Avengers. Mais Thanos et ses sbires sont déjà arrivés à New York et sèment le chaos sur leur passage (1). Certes, à raison, les contempteurs effarouchés pourront gourmander et vilipender une production opulente et probablement symptomatique du blockbuster hollywoodien actuel. Certes, pour cerner et comprendre les enjeux parfois nébuleux d'Avengers : Infinity War, le spectateur ingénu sera exhorté à visionner et/ou à revoir ses illustres devanciers.
De facto, il est assez aisé de discerner tout le mercantilisme de l'entreprise. Mais peu importe... Via ses deux précédents homologues, Marvel a prouvé qu'il possédait de sérieuses arguties dans sa besace.
Et autant l'annoncer sans ambages. Nonobstant ses apparats matois, Avengers : Infinity War ne déroge pas à la règle. A travers ses deux heures et trente-six minutes de bobine, le spectateur est convié à baguenauder entre la Terre et les confins de l'univers, d'une planète à une autre, d'un système solaire à un autre, voire d'une dimension parallèle à une autre. Ce périple presque initiatique nous enjoint à rencontrer Thanos, aussi tyrannique que paradoxalement humain. Enfin, Marvel peut s'enorgueillir d'un grand super vilain, digne des plus vils oppresseurs de notre temps.
Pis, les Avengers infortunés sont carrément stigmatisés et ostracisés au profit de cette figure autocratique, aussi avide que cupide. L'armure robotique et technologique d'Iron Man se délite devant les pouvoirs frénétiques de Thanos.
Captain America laisse apparaître une barbe drue pendant que le Docteur Bruce Banner ne parvient plus à se métamorphoser en Hulk, cette créature bestiale et primitive, une arme redoutable dont sont privés nos héros guignards. La bête olivâtre et robuste est en pleine dissidence contre son propre scientifique démiurgique. Naguère flamboyants, tous ces super-héros ne sont, in fine, que des ombres fugaces sous la férule d'un Thanos potentat. Le monde des super-héros change pour céder à une certaine forme de sénescence et de décrépitude. Telle est la leçon dogmatique à retenir de cet Avengers : Infinity War. Franchement, qui aurait gagé sur un tel subterfuge, surtout pour un blockbuster prétendument aseptisé ? En résulte un troisième chapitre en apothéose et savamment agencé par les frères Russo.
Si leur réalisation reste plutôt pondérée, les deux frangins font le job et assurent allègrement le spectacle, évidemment au faîte de sa gloire.
Il faudrait se montrer particulièrement rustre et vachard pour ne pas reconnaître et discerner les qualités et les vertus de ce blockbuster titanesque. Seul bémol et pas des moindres, cette production gargantuesque et présomptueuse est parfois victime de certaines chutes de rythme et de choix digressifs qui pourront éventuellement décontenancer les adulateurs, comme les néophytes. Si l'ambiance contristée sied magnifiquement à cette nouvelle aventure, elle est parfois galvaudée par une ironie intempestive et symbolisée par l'arrivée des gardiens de la galaxie.
A la mélancolie exacerbée des Avengers en déliquescence, les gardiens de la galaxie chineurs préfigurent cette ingénuité en discordance avec la tonalité générale et ténébreuse du film. Mais que les thuriféraires se rassérènent... Via Avengers : Infinity War, Anthony et Joe Russo remplissent doctement leur office, et même bien plus encore...
Note : 14/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://www.programme-tv.net/cinema/9181718-avengers-infinity-war/