mad max au delà du dome du tonnerre

Genre : science-fiction
Année : 1985
Durée : 1h47

Synopsis : Max, de retour, s'est fait dépouiller de son maigre bien. Suivant le voleur, il arrive à la Ville du Troc, où règne Entity. Celle-ci l'engage pour qu'il la débarrasse de Master et Blaster, rois du Monde souterrain. N'ayant voulu tuer Blaster, Max est abandonné en plein désert, d'où il ressurgit à la tête d'une troupe d'enfants pour faire exploser la Ville du Troc. 

 

La critique :

Réalisateur, scénariste et producteur australien, George Miller obtient déjà la consécration dès son premier film. Son intitulé ? Mad Max, sorti en 1979, soit une production qui résonne comme le film prodrome de la vague post-apocalyptique, une mouvance populaire qui foisonnera et pullulera durant toute la décennie 1980. George Miller ne l'imaginait pas, le public non plus. Mais Mad Max, auréolé du statut peu enviable de long-métrage bis, voire indépendant, s'arroge la couronne sérénissime de film culte. Pour la première fois dans le noble Septième Art en général et dans le cinéma d'action et de science-fiction en particulier, les flics et les voyous s'étrillent, se massacrent et se déchirent pour quelques gouttelettes de pétrole, qui plus est dans un monde dévasté, tuméfié et néantisé de la moindre once d'humanité.
Sciemment, George Miller élude de prodiguer trop d'informations sur ce héros lapidaire, Max Rockatansky, un policier qui voit sa famille tarabuster, puis écraser par une bande de renégats.

L'homme contristé délaissera son sceau étoilé de policier pour se transmuter à son tour en une bête farouche et primitive, finalement à l'instar de ceux qu'ils combattaient naguère... C'est toute l'histoire de Max Rockatansky. Grisé par ce succès colossal et impromptu, George Miller réitérera les animosités via Mad Max 2 : le défi (1982). Cette suite consécutive délaisse quelque peu la mélancolie et le nihilisme immanent du premier chapitre pour mieux se polariser sur des courses poursuites âpres, vrombissantes et frénétiques. Gageure remplie et réussie pour George Miller qui s'arroge le titre de parangon d'un cinéma eschatologique et transi par l'Armageddon, l'Apocalypse et la fin des temps.
Mieux, le cinéaste vient définitivement de propulser Mel Gibson, son acteur fétiche, au firmament de sa gloire.

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D'autres metteurs en scène présomptueux et opportunistes tenteront eux aussi de baguenauder dans le sillage et le continuum du diptyque formé par Mad Max. Hélas, qu'ils se nomment 2019, après la chute de New York (Sergio Martino, 1983), 2020 Texas Gladiators (Joe d'Amato et George Eastman, 1982), Cyborg (Albert Pyun, 1989), ou encore Le Gladiateur du Futur (Joe d'Amato, 1983), tous ces métrages impécunieux et adventices obliqueront davantage vers le diletanttisme et l'amateurisme, laissant par ailleurs les amateurs de Mad Max pantois.
A contrario, ces films rapporteront suffisamment de pécune et de prébendes à leurs producteurs, souvent affiliés au cinéma bis transalpin. George Miller, lui-même, n'a jamais caché ses aspérités de réaliser un troisième et ultime chapitre.

En vérité, il signera même une tétralogie. Ainsi, Mad Max au-delà du dôme du tonnerre, sorti en 1985, constitue le troisième opus de la franchise. Autant l'annoncer sans ambages. Ce troisième ouvrage est répertorié comme le plus mauvais long-métrage de la saga, en tout cas le plus lénifiant et le moins abouti. Reste à savoir si Mad Max au-delà du dôme du tonnerre mérite tous ces sarcasmes et tous ces quolibets. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... En l'occurrence, même George Miller reniera ce troisième volet à postériori, le jugeant beaucoup trop digressif. 
Pendant longtemps, il annoncera péremptoirement l'écriture d'un quatrième épisode putatif. Après des années de louvoiement et d'ajournement, Mad Max : Fury Road sera finalisé en 2015 et rattrapera, aux yeux des aficionados, les errements et les défectuosités de son devancier.

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Après avoir sondé et exploré l'action et le western à travers un monde dégingandé et atrophié de sa substance primordiale, George Miller n'a pas vraiment pour aspérité de rééditer les mêmes fulgurances outrancières. D'ailleurs, Mad Max au-delà du dôme du tonnerre reste à ce jour le seul chapitre "tous public" de la franchise. Contrairement à ses homologues, ce troisième opus échappe aux réprobations et aux admonestations circonstanciées de la censure. On tient donc un cru estampillé "Mad Max" et qui s'adresse à un plus vaste audimat.
Qui aurait pu subodorer sur un tel euphémisme, surtout de la part d'une franchise percutante et n'hésitant pas à estropier des femmes, des vieillards et des enfants ? Personne... Sauf George Miller qui aspire à davantage d'ésotérisme, d'introspection et d'humanisme pour son héros en déveine.

L'objectif pour Max et ses nouveaux acolytes (en l'occurrence des enfants) est donc de fonder et d'ériger un nouveau monde, un peu à la manière des marmots psychopathes dans l'opuscule Sa Majesté des Mouches, l'adulte ayant pour mission de guider cette progéniture aussi candide que potentiellement virulente. Hormis Mel Gibson qui répond doctement à l'appel, la distribution de ce troisième épisode se compose de Tina Turner, Bruce Spence, Adam Cockburn, Frank Thring, Angelo Rossitto, Paul Larsson et Angry Anderson. Attention, SPOILERS ! 
Max, de retour, s'est fait dépouiller de son maigre bien. Suivant le voleur, il arrive à la Ville du Troc, où règne Entity. Celle-ci l'engage pour qu'il la débarrasse de Master et Blaster, rois du Monde souterrain. N'ayant voulu tuer Blaster, Max est abandonné en plein désert, d'où il ressurgit à la tête d'une troupe d'enfants pour faire exploser la Ville du Troc. 

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Si Mad Max au-delà du dôme du tonnerre reçoit un budget plutôt onéreux pour étayer et opacifier les idées farfelues de son auguste demiurge, le film reste l'échec le plus cuisant de la franchise au box-office américain. Pour ceux et celles qui avaient prisé et affectionné les courses tonitruantes des deux premiers volets, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates. En ce sens, Mad Max au-delà du dôme tonnerre oblique vers d'autres directions, beaucoup plus nébuleuses et spinescentes. Certes, le chaos et l'annihilation sont toujours de mise puisque nous assistons au retour de Max Rockatansky dans une communauté régentée d'une main de fer par Master, un lilliputien autocratique. Si ce dernier n'impressionne guère par sa taille et sa stature, il est néanmoins le cerveau de Blaster, une sorte de nigaud aussi robuste que musculeux.

Ensemble, les deux hommes forment une collusion à fortiori invincible... Mais les apparences sont trompeuses... Appelé à combattre ce mastodonte dans l'arène, Max parvient avec malice à se débarrasser de ce monstre humain. "Deux hommes entrent, un homme sort", scande la populace effarouchée. Pourtant, c'est Max qui sera évincé du dôme du tonnerre, accusé à raison de mansuétude. Toute la signification et toute la portée de ce troisième chapitre sont à imputer à cette séquence allégorique. Max Rockatansky ne sort pas seulement du dôme du tonnerre, il sort aussi de sa propre caverne. Son triste fatum le conduit dans le désert et à exhaler son ultime soupir sous un soleil de plomb. 
Pourtant, l'homme assoiffé et moribond est recueilli par une bande de jeunes bambins. Dès lors, Max se transmue en thaumaturge voué à la cause de l'orphelin.

Il n'est plus ce guerrier de la route de jadis, ni ce tueur forcené, agile comme l'éclair et prêt à mourir dans une arène subalterne. Mutin, George Miller a considérablement modifié et euphémisé la trajectoire, pourtant sordide, de sa saga rutilante. Ici, les séquences d'action sont élusives, voire rarissimes. Pour les laudateurs les plus patentés, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'à la dernière demi-heure pour assister derechef à un véritable florilège de courses poursuites, dans la grande tradition de la franchise Mad Max... Hélas, cette débauche tardive d'énergie ne parvient guère à phagocyter les tergiversations, ainsi que les chutes de rythme de ce troisième volet, assez soporifique dans l'ensemble. Voilà un bien curieux oxymore pour ce Mad Max au-delà du dôme du tonnerre, aussi surprenant que désappointant. En l'état, ce troisième chapitre n'est pas non plus ce "naveton" semoncé et gourmandé par certains contempteurs un peu trop courroucés. Néanmoins, ce troisième essai se montre beaucoup trop timoré pour susciter l'appétence sur la durée.

Note : 09.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver