Genre : Shockumentary, "Mondo", horreur, trash (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie/interdit aux - 16 ans aujourd'hui)
Année : 1976
Durée : 1h31
Synopsis : Après Savage Man Savage Beast, les réalisateurs, Antonio Climatti et Mario Morra, s'attèlent au second chapitre de la trilogie consacrée aux arcanes indicibles de la savane via This Violent World. Ce "Mondo" a donc pour velléité d'explorer, d'observer et d'analyser les us et les coutumes de cette nature tantôt capricieuse, tantôt véhémente, tantôt truculente !
La critique :
Je sais ce que vous allez dire... Et avec raison... Encore un "Mondo" sur Cinéma Choc ! Depuis plusieurs semaines, voire depuis plusieurs mois maintenant, le blog vous assène, vous accable et vous inflige des pellicules transgressives et régressives, directement issues et inspirées de Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Max Cavalara et Franco Prosperi, 1962), soit justement le film prodrome du "Mondo" et du shockumentary. Toujours la même antienne... Pour souvenance, le "documenteur" de Gualtiero Jacopetti et son consortium a pour vocation de scruter, de sonder et d'analyser les us et les coutumes de peuplades oecuméniques à travers le monde entier.
Tantôt truculentes, tantôt véhémentes, tantôt dissonantes, ces saynètes souvent outrageantes visent à mettre en exergue ce bon vieil adage : Nous vivons dans un monde de chiens...
Tel est par ailleurs la traduction littérale du film. Pourtant, sur la forme comme sur le fond, Mondo Cane s'apparente davantage à une lecture scopophile et consumériste d'un monde en pleine mutation et bouleversé par l'explosion des moeurs. Présenté au festival de Cannes en compétition, ce shockumentary estourbit durablement les persistances rétiniennes. A priori, toutes les séquences référencées seraient bien réelles. Or, tout est factice, truqué et mensonger grâce à l'aval de comédiens amateurs et anonymes. Bien conscient de ce nouvel épiphénomène, Gualtiero Jacopetti et ses fidèles prosélytes réactiveront ce dogme irénique via Africa Addio (1966), Mondo Cane 2 (1963), La femme à travers le monde (1963) et Les Négriers (1973).
Le "Mondo" devient alors le nouveau pan du cinéma bis horrifique et d'exploitation.
Mondo Cane inspire et engendre toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Shocking Asia (Rolph Olsen, 1974), Africa Ama (Angelo et Alfredo Castiglioni, 1971), Mondo Magic (Angelo et Alfredo Castiglioni, 1975), L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977), ou encore The Killing of America (Leonard Schrader et Sheldon Renan, 1982) parmi les métrages notoires et éventuellement notables. Vient également s'agréger This Violent World, connu aussi sous le cryptonyme de Savana Violenta, et réalisé par la diligence d'Antonio Climatti et Mario Morra en 1976.
Ces deux réalisateurs transalpins sont des habitués du "Mondo" et du shockumentary. Un an auparavant, les deux metteurs en scène avaient déjà proposé le sulfureux Savage Man Savage Beast, un "Mondo" qui dénotait en proposant une mort véritable à l'écran, et en particulier un touriste en déveine happé, puis tortoré par des fauves.
En raison de cette saynète particulièrement âpre et virulente, Savage Man Savage Beast sera longtemps décrié et répertorié parmi les "Mondo" les plus barbares et violents jamais réalisés. Evidemment, un tel OFNI (objet filmique non identifié) ne pouvait pas escarper à la plume affûtée de l'auteur Inthemoodforgore (Inthemood pour les intimes...) via une chronique exhaustive et avisée (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2017/09/25/35707861.html). Opportunistes, Antonio Climatti et Mario Morra réitèrent avec la savane l'année suivante via This Violent World, le second volet d'une trilogie ethnographique et animalière.
La trilogie se conclura sur Douce et Sauvage (Antonio Climatti et Mario Morra, 1981). A l'instar de Savage Man Savage Beast, This Violent World reste un objet cinéphilique rarissime et confidentiel, quasiment impossible à dénicher en vidéo.
Pour les laudateurs les plus patentés du "Mondo", il faut se rendre sur EBay ou Amazon et accepter de dépenser toute sa pécune pour obtenir ce fameux Saint-Graal, une gloriole à relativiser tant This Violent World paraît rétrograde à l'heure actuelle ; sujet sur lequel nous reviendrons ultérieurement... Selon certaines sources, le film aurait écopé de l'ultime réprobation en son temps via une interdiction aux moins de 18 ans. Aujourd'hui, ce "documenteur" est "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 16 ans. Attention, SPOILERS !
Après Savage Man Savage Beast, les réalisateurs, Antonio Climatti et Mario Morra, s'attèlent au second chapitre de la trilogie consacrée aux arcanes indicibles de la savane via This Violent World. Ce "Mondo" a donc pour velléité d'explorer, d'observer et d'analyser les us et les coutumes de cette nature tantôt capricieuse, tantôt pittoresque, tantôt impudente !
Autant l'annoncer sans ambages. Nonobstant son préambule en guise d'avertissement, à fortiori les séquences filmées seraient bien réelles, This Violent World est un pur "Mondo" d'exploitation et un remake officieux de Mondo Cane, mais version savane. Seule dissimilitude avec le shockumentary de Gualtiero Jacopetti et ses sbires, This Violent World se polarise sur le milieu sauvage, et en particulier sur des terres hostiles et méconnues de notre société eudémoniste. Rien de neuf à l'horizon puisque ce milieu bestial et archaïque n'est pas sans rééditer les fulgurances entrevues dans Africa Addio, Africa Ama et Mondo Magic, autant de "Mondo" déjà stipulés dans cette chronique.
A aucun moment, This Violent World ne soutient la métaphore avec cette concurrence apoplectique et surtout d'une âpreté rédhibitoire.
De surcroît, ce "documenteur" se révèle inepte et désappointant, surtout qu'il est consécutif à Savage Man Savage Beast, un auguste bréviaire du shockumentary. Certes, à l'instar de ces illustres homologues, This Violent World joue la carte du snuff animalier. Ainsi, les crocodiliens, les bovins et certains mammifères marins (le morse en particulier) n'éludent pas l'écueil du braconnage, du dépècement et de l'équarrissage. On comprend mieux alors l'ultime animadversion. Pourtant, les supplices pratiqués sur des animaux sont davantage suggérés que montrés, Antonio Climatti et Mario Morra préférant davantage se centrer sur des séquences de lascivité.
Plutôt pingre en termes de saynètes rougeoyantes et outrecuidantes, This Violent World nous présente quelques séquences d'agapes, de priapées et de bacchanales dans la forêt tropicale. Une maigre consolation...
En guise de réflexion et d'introspection, ce shockumentary propose une didactique frêle et élusive sur la cruauté et l'obséquiosité du monde qui nous entoure. Voilà une rhétorique un peu trop succincte pour réellement révulser un audimat toujours en recherche de sensations fortes, voire extrêmes ; d'autant plus que le syllogisme n'est pas vraiment (du tout...) étayé. En sus, niveau gore et trash, This Violent World se révèle plutôt avaricieux. Pis, ce long-métrage aux consonances anthropologiques suinte l'inanité et la caducité à plein nez. Par exemple, on présume que les indigènes de la forêt amazonienne ne passent pas vraiment leurs journées à se prélasser, encore moins à se parer de végétaux translucides afin d'ornementer une peau hâlée et tatouée.
Une telle séquence relève évidemment de la duperie savamment orchestrée, voire fomentée. Mieux vaut donc s'arrêter sur le fameux Savage Man Savage Beast, un "Mondo" sanguinolent qui a érigé la gloire et la luminescence d'Antonio Climatti et son acolyte, deux tâcherons patentés du cinéma bis.
Note : 07/20
Alice In Oliver