Genre : fantastique, science-fiction
Année : 2013
Durée : 2h23
Synopsis : Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.
La critique :
Provenant de l'univers DC Comic, Superman est issu de l'imagination fertile du scénariste Jerry Siegel et du dessinateur Joe Shuster. C'est ainsi que le super-héros kryptonien effectue sa toute première apparition en 1933, qui plus est dans un contexte d'inflation économique majeure et en pleine ascension d'Adolph Hitler en Allemagne. Pour les thuriféraires de l'extraterrestre anthropomorphe, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusque l'orée des années 1940 avant de voir Superman dans des dessins animés savamment fomentés par des studios subalternes. Qu'on le veuille ou non, ce super-héros reste sans aucun doute le personnage le plus proverbial de l'univers DC Comic.
A l'instar de son extraterrestre robuste et invincible, la firme va à son tour se développer et profiter de l'essor de l'industrie de consommation.
Puis, entre 1948 et 1950, Superman est enfin symbolisé par un visage humain, en particulier sous le faciès bellâtre d'un certain Kirk Allyn et par l'entremise de séries télévisées à succès, entre autres, le bien nommé Superman (Spencer Gordon Bennet et Thomas Carr, 1948) et Atom Man Vs. Superman (Spencer Gordon Bennet, 1950). Puis, en 1951, le super-héros soyeux connaît enfin sa première adaptation cinématographique, Superman et les nains de l'enfer, sous l'égide de Lee Sholem. Cette fois-ci, c'est un certain George Reeves qui écope des oripeaux irisés et céruléens du super-héros kryptonien. Le comédien chançard enchaîne avec une série télévisée, Les aventures de Superman (Jerry Siegel et Joe Shuster, 1952 - 1958).
A postériori, Superman sera soumis à une longue période de disette cinématographique.
Que soit. Vers la fin des années 1970, les studios souhaitent produire et financer une production opulente, sobrement intitulée Superman (Richard Donner, 1978), et sous les traits de Christopher Reeves. Pour l'acteur, ce film constitue une manne providentielle. D'un comédien lambda, Christopher Reeves s'arroge la couronne d'une vedette somptuaire. En raison de son succès pharaonique dans les salles obscures, le premier chapitre se transmute expressément en triptyque de qualité erratique. En outre, Superman 2 (Richard Lester, 1980), Superman 3 (Richard Lester, 1983) et Superman 4 (Sidney J. Furie, 1987) ne retrouveront pas la verve ni les luminescences de leur auguste devancier. Pis, Superman 3 tourne à la facétie pendant que Superman 4 sombre dans les affres de la désuétude et de la supercherie. Un cinquième chapitre putatif est même envisagé dans la foulée.
Mais les scores désastreux de Superman 4 exhortent les studios à cesser hâtivement les belligérances. Histoire de faire patienter les laudateurs du super-héros, un Supergirl (Jeannot Szwarc, 1984) de sinistre mémoire est tourné en concomitance. Malencontreusement, cette lointaine cousine de Superman est accablée d'injures et d'anathèmes par une presse unanimement sarcastique. C'est dans ce contexte d'atermoiements et louvoiements qu'un hypothétique Superman 5 est à maintes reprises évoqué et même griffonné par de vulgaires cacographes.
Hélas, les divers scripts ratifiés ne convainquent guère les studios. Vers le milieu des années 2000 et avec l'essor de X-Men (Bryan Singer, 2000) au cinéma, les super-héros retrouvent une certaine appétence aux yeux du grand public.
Il est donc grand temps de ressortir Superman de son placard. Les productions enjoignent Bryan Singer à redonner au super-héros ses anciennes lettres de noblesse. La requête est ouïe par le metteur en scène. Mais, derechef, Superman Returns (Bryan Singer, 2006) se solde par une rebuffade commerciale. Les scénaristes et les producteurs se montrent opiniâtres et aspirent à davantage d'éloquence pour le super-héros kryptonien. Cette fois, l'objectif est d'explorer la genèse de Superman sous l'aval de Zack Snyder à la réalisation, et de Christopher Nolan et David S. Goyer en tant que fidèles grimauds. Ce sera Man Of Steel, sorti en 2013.
A défaut de rivaliser avec l'hégémonie des productions Marvel, Man Of Steel est plutôt bien reçu par les critiques, nonobstant certains contempteurs de circonstance.
Mieux, le film se solde par des scores probants au box-office américain, surtout en Amérique du Nord. Nanti d'un budget dispendieux, Man Of Steel peut se permettre de coaliser un casting faramineux via les présences d'Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Diane Lane, Russell Crowe, Kevin Costner, Laurence Fishburne, Antje Traue, Christopher Meloni et Michael Kelly. Attention, SPOILERS ! Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité. Indubitablement, Man of Steel a pour aspérité de baguenauder dans le sillage et le continuum de Batman Begins (Christopher Nolan, 2005) et de ses illustres consortiums.
A l'instar de la trilogie de Christopher Nolan, Man of Steel aborde le super-héros kryptonien avec beaucoup de solennité et de méticulosité. Zack Snyder n'a jamais caché ses inclinations pour l'univers des super-héros et peut s'enhardir d'un Watchmen : les gardiens (2009) brillantissime. Le style grandiloquent du cinéaste lui est immédiatement imputable. Pas question de narrer les pérégrinations et les tribulations de Superman avec ironie ni causticité. Pas question non plus de s'appesantir sur une introduction interminable, ni sur des présentations liminaires et fastidieuses.
De facto, le préambule de Man of Steel nous plonge, manu militari, sur Krypton, une planète exsangue et condamnée à dépérir sous la tyrannie régentée par le Général Zodd. Pour Zack Snyder, il est parfaitement futile de s'attarder sur la psyché de ses divers protagonistes.
Ainsi, les "bad guys" de service sont des personnages retors et archétypaux. Si Superman préfigure la bienveillance, l'abnégation et la munificence, le général Zodd est son parfait antagoniste. L'extraterrestre potentat suinte la félonie, l'acariâtreté, la cuistrerie et la cupidité. Sur ces entrefaites, Man of Steel s'approxime à un blockbuster effervescent qui multiple sans fard les saynètes d'explosion et de déflagration ad nauseam. Indubitablement, Man of Steel ne possède pas l'élégance ni l'entregent d'un The Dark Night Rises (Christopher Nolan, 2012).
Lors du générique final, on se demande pourquoi Man of Steel a requis les plumes affûtées de Christopher Nolan et David S. Goyer tant son scénario est rudimentaire. Seule petite consolation, Henry Cavill, qui écope de la cape rougie de Superman, incarne un super-héros kryptonien avec un certain raffinement et porte ce blockbuster atone sur ses épaules musculeuses. En outre, il est difficile de ne pas tonner ni maronner après certains choix narratifs. En l'occurrence, pourquoi ne pas avoir étayé davantage le fatum qui nimbe ce super-héros anthropoforme ?
C'est l'une des thématiques, pourtant prédominantes, que Man of Steel aborde avec beaucoup trop de circonspection et de frilosité. Sans cesse habité par ses prérogatives de sauveur de l'Humanité, Superman doit également s'intégrer à une société humaine qui n'est pas sa nation ni son "senatus populus". Rabroué et tancé par ses congénères, le jeune adulescent voit ses pouvoirs s'intensifier lors de rixes interminables avec des forces fielleuses et machiavéliques. En l'état et nonobstant son budget babylonien, Man of Steel s'apparente, in fine, à un blockbuster lambda, aussi impressionnant qu'anodin.
Note : 10.5/20
Alice In Oliver