Genre : horreur, épouvante
Année : 1973
Durée : 1h30
Synopsis : Afin de découvrir les mystéres de "la maison des damnés", une équipe composée d'un couple de physiciens, d'une médium et d'un survivant s'enferme pendant une semaine dans cette maison d'où l'on ressort soit mort, soit fou.
La critique :
Il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.cinetrafic.fr/liste-film/3455/1/les-maisons-hantees-au-cinema) pour glaner et déceler la liste foisonnante et exhaustive (159 films recensés tout de même !) des longs-métrages fantastiques et horrifiques ayant attrait à une maison hantée et possédée par des forces lucifériennes. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des œuvres telles que la saga Paranormal Activity, le diptyque formé par Conjuring, Sinister (Scott Derrickson, 2012), Dans le noir (David F. Sandberg, 2016), la franchise Insidious, Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), 13 Fantômes (Steve Beck, 2001), Les Autres (Alejandro Amenàbar, 2001), ou encore Shining (Stanley Kubrick, 1980) parmi les films notables et éventuellement notables.
Depuis une dizaine d'années maintenant, c'est un certain James Wan qui est devenu le chantre de l'épouvante via une possession démoniaque qui happe subrepticement les habitants guignards d'une demeure opulente. Au moins, le metteur en scène américain a mis un terme définitif à la mode frelatée du found footage, et en particulier à la saga Paranormal Activity, ainsi qu'à sa litanie de succédanés avariés. En outre, via Insidious et Conjuring, le réalisateur prouve qu'il affectionne l'horreur à l'ancienne, un peu à la manière d'un Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) en son temps.
James Wan et sa pléthore de consortiums n'ont donc rien inventé et ne font qu'itérer les recettes éculées de naguère. En l'occurrence, James Wan et ses prosélytes n'ont jamais caché leur engouement, ni leur effervescence pour La Maison des Damnés, réalisée par la diligence de John Hough en 1973.
Pour ce metteur en scène britannique, sa carrière cinématographique débute vers le milieu des années 1960. Roublard, John Hough s'empare de la série télévisée et affine son style précautionneux derrière la série Chapeau melon et bottes de cuir. Il signe son tout premier long-métrage, Wolfshead : the legend of Robin Hood en 1969. A postériori, le réalisateur se spécialise surtout dans le fantastique, l'épouvante et l'horreur. On lui doit, entre autres, Les sévices de Dracula (1971), Incubus (1981), Les yeux de la forêt (1980), Hurlements 4 (1988), American Gothic (1988), ou encore Bad Karma (2002), soit son dernier long-métrage en date.
A l'exception du très médiocre Hurlements 4, John Hough fait donc partie des honnêtes artisans du cinéma d'épouvante.
Mieux, La Maison des Damnés est souvent répertoriée par les métrages les plus proéminents en termes de domicile possédé et seriné par des forces ineffables et inexpugnables. Le long-métrage est même présenté en compétition lors du festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1974. Certes, La Maison des Damnés ne remportera pas la moindre récompense somptuaire, mais le film estourbit durablement les persistances rétiniennes, notamment pour son ambiance macabre. Aux yeux des laudateurs du cinéma d'horreur, le métrage rivalise sans fard avec La Maison du Diable (Robert Wise, 1963), un autre bréviaire proéminent et incontournable.
Reste à savoir si La Maison des Damnés mérite (ou non...) de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
A l'origine, le film est l'adaptation d'un opuscule, The Legend of Hell House, de Richard Matheson. La distribution de ce film d'épouvante se compose de Pamela Franklin, Roddy McDowall, Clide Revill, Gayle Hunnicutt, Roland Culver, Peter Bowles et Michael Gough. Attention, SPOILERS ! (1) Un curieux milliardaire envoie un groupe de savants et de médiums dans une maison que l'on suppose hantée, la maison Belasco, afin de tenter de l'exorciser. Le Docteur Barett est un spécialiste de la parapsychologie, cartésien résolu, prêt à mettre tout en œuvre pour prouver ce qu'il avance.
Aussi, c'est assez dépité qu'il se rend à la maison Belasco, puisqu'il devra partager l'expérience avec mademoiselle Tanner, une jeune médium. Sa femme décide aussi de l'accompagner. Les dernières expériences parapsychologiques qui y eurent lieu furent un désastre puisqu'une seule personne survécut.
Cet unique survivant est Monsieur Fischer, un médium à effets physiques. Et il participe encore une fois à l'expérience. C'est un véritable combat entre la science et l'au-delà qui peut commencer... (1). Dès son préambule, La Maison des Damnés a le mérite de présenter les inimitiés. En résumé, les événements relatés sont certes fictifs, mais ils pourraient néanmoins s'inspirer de faits réels ou ayant existé. Evidemment, exempt les comédiens humains, c'est la demeure méphistophélique qui apparaît comme étant le protagoniste principal du film.
Indubitablement, la résidence fastueuse dénote par son aspect comminatoire, ses ombres fugaces, ses portes verrouillées et sa réputation sulfureuse. Personne n'est jamais ressorti vivant de cette maison, à l'exception d'un certain Fisher, qui conserve de cette expérience effroyable et ésotérique des réminiscences épouvantables.
La Maison des Damnés s'inscrit dans le syllogisme mortuaire de La Maison du Diable, un classique voluptuaire auquel John Hough a fait vœu d'allégeance et d'obédience. Pour parfaire ce sentiment d'effroi et d'oppression permanente, le réalisateur confine quelques personnages lambda dans une demeure hantée. Le réalisateur s'ébaudit de menus détails, comme ces portes qui s'ouvrent et se ferment inopinément, ou encore via l'éclosion de spectres qui n'apparaissent qu'aux yeux d'une jeune femme douée de dons de médiumnité. Dans La Maison des Damnés, l'horreur est davantage suggérée.
A l'instar de La Maison du Diable en son temps (bis repetita...), le film confronte la science et la rationalité à la fantasmagorie, ainsi qu'à des forces indicibles et irréfragables. Ainsi, chaque lieu abandonné semble auréolé par l'esprit tourmenté de ses précédents convives.
Ici, la demeure doit se départir et se débattre avec des apparitions larvées à un passé douloureux et souvent criminel. Pour percer les mystères ineffables de cette maison hantée, il faudra donc percer ses mystérieux arcanes en recourant, notamment, à la parapsychologie. La science doit mordicus expliquer les exhalaisons nébuleuses de la demeure tarabustée. Certes, aujourd'hui, le scénario de La Maison des Damnés peut paraître rudimentaire, voire conventionnel. De surcroît, la réalisation de John Hough s'apparente presque parfois à un honnête feuilleton télévisé.
Heureusement, le cinéaste est suffisamment malicieux pour distiller une ambiance ténébreuse et obscurcie par les oraisons funèbres. Toute la sagacité du film repose sur son excellent casting, Roddy McDowall en tête. Le comédien, très en verve pour l'occasion, porte ce métrage horrifique sur ses épaules frêles et graciles. Bref, La Maison des Damnés reste un cru probe et honorable du cinéma d'épouvante, nonobstant une certaine obsolescence. En l'état, le film de John Hough ne risque pas de détrôner, ni même de faire ciller l'hégémonie rogue de La Maison du Diable...
Note : 12.5/20
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Maison_des_damn%C3%A9s
Alice In Oliver