Genre : horreur, épouvante, gore, found footage (interdit aux - 16 ans)
Année : 2017
Durée : 1h03
Synopsis : L'agent spécial Alexander Connor est envoyé pour enquêter sur une maison d'où une femme, Sandra, a composé de nombreux appels vers les urgences. Les choses deviennent plus compliquées que prévu pour l'agent Connor, car il se trouve qu'il doit également sauver un policier qui a répondu 24 heures plus tôt.
La critique :
Depuis le succès inopiné et pharaonique de Le Projet Blair Witch (Eduardo Sànchez et Daniel Myrick, 1999), le found footage s'est largement démocratisé dans les salles obscures et via le support vidéo. L'objectif de ce sous-registre du cinéma d'exploitation obéit toujours - ou alors peu ou prou - au même syllogisme. Le found footage s'ébaudit de cette frontière cachectique entre la fiction et la réalité, en jouant allègrement sur la formule du documentaire épris d'authenticité et de véracité. Dans le cas de Le Projet Blair Witch, Eduardo Sànchez et son subordonné feront preuve de finauderie. Pendant longtemps, les spectateurs ingénus marcheront incongrument dans la supercherie.
Le long-métrage serait le dernier témoignage d'étudiants un peu trop téméraires qui se seraient imprudemment aventurés dans une forêt habitée par des forces lucifériennes.
Bien qu'habilement fomentée, la duperie matoise sera expressément dévoilée. En outre, Eduardo Sànchez et son fidèle acolyte n'ont strictement rien inventé. Déjà, à l'orée des années 1980, le film Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) s'emparait à son tour de cette piperie et envoyait des journalistes d'infortune se faire dépecer et tortorer par de vils anthropophages. D'un réalisme effroyable, Cannibal Holocaust n'élude pas le couperet acéré de la censure. Son réalisateur thaumaturgique non plus. En raison de sa véhémence et de son outrecuidance, Ruggero Deodato est sommé de s'expliquer devant les tribunaux italiens. Derechef, la filouterie est savamment commanditée.
Tous les supplices humains sont factices, falsifiées et éhontées, à l'exception des tortures (hélas bien réelles...) pratiquées sur des animaux.
En dépit de leurs divergences, Cannibal Holocaust et Le Projet Blair Witch ne sont pas si différents, tout du moins par leur rhétorique qui épouse le prisme de la véridicité, ainsi que le fait divers. Le cinéma d'horreur et de science-fiction prise et affectionne tout particulièrement le found footage. Le succès faramineux de Cannibal Holocaust et de Le Projet Blair Witch va inspirer et générer toute une pléthore d'homologues. Les thuriféraires de ce registre cinématographique n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que V/H/S (David Bruckner et Glenn McQuaid, 2012), The Bay (Barry Levinson, 2012), Cloverfield (Matt Reeves, 2008), Rec (Jaume Balaguero et Paco Plaza, 2008), Phénomènes Paranormaux (Olatunde Osunsamni, 2010), Megan is missing (Michael Goi, 2010), ou encore Paranormal Activity (Oren Peli, 2009) parmi les longs-métrages notables et éventuellement notoires.
Vient également s'agréger Suite 313, réalisée par la diligence d'Aaron Pederis en 2017. Même sur le site IMDb, on ne relève aucune information sur ce cinéaste noviciat. Selon nos sources, Suite 313 serait à ce jour la seule et unique réalisation du metteur en scène. Que soit. Si Suite 313 attise notre curiosité et notre appétence, c'est à cause de sa filiation avec la firme Necrostorm. En l'espace d'une dizaine d'années, cette société indépendante a fait du cinéma gore son principal leitmotiv. En outre, Necrostorm peut déjà s'enhardir de posséder une jolie carte de visite, ainsi que de solides arguties dans sa besace via la production d'Hotel Inferno (Giulio De Santi, 2013), Hotel Inferno 2 : The Cathedral of pain (Giulio De Santi, 2017), Hotel Inferno 3 : The castle of screams (Tiziana Machella et Giulio De Santi, 2019), Taeter City (Giulio De Santi, 2012), Adam Chaplin (Emmanuele De Santi, 2011), Judy (Emmanuele De Santi, 2014), ou encore Infidus (Giulio De Santi, 2015).
En outre, la distribution de Suite 313 risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Roland Stone, Samuel Moreni, Jade Matthew et Luisa Fioravanti ; mais j'en doute... Evidemment, on attendait avec impatience cette nouvelle production Necrostorm. Par le passé, la firme nous a habitué à des oeuvres à la fois ésotériques, virulentes et iconoclastes. La société omnipotente peut escompter sur ses fidèles soldats, et notamment sur Emmanuele et Giulio De Santi, deux réalisateurs qui font figure de véritables égéries.
Mais pour Suite 313, Necrostorm opte pour un inconnu, un certain Aaron Pederis. Autant l'annoncer sans ambages. Le metteur en scène ne risque pas de rester dans les annales du noble Septième Art... A juste titre, Suite 313 est souvent répertoriée parmi les productions les plus calamiteuses de Necrostorm, en tout cas parmi les moins probantes et les plus fastidieuses.
Reste à savoir si cette série B horrifique et adventice mérite de tels anathèmes. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Attention, SPOILERS ! (1) L'agent spécial Alexander Connor est envoyé pour enquêter sur une maison d'où une femme appelée Sandra a fait de nombreux appels au 911. Les choses deviennent plus compliquées que prévu pour l'agent Connor car il se trouve qu'il doit également sauver un policier qui a répondu à l'appel 24 heures plus tôt. Bientôt, l'agent Connor découvrira un secret horrible : Sandra est l'un des donateurs de LUMEN CORPORATION et a consacré sa maison à la société. Une maison qui a été transformée en un laboratoire de recherches pour des expériences atroces réalisées sur des êtres humains (1). Sur la forme, Suite 313 s'approxime à un curieux maelström entre la saga Resident Evil et Rec premier du nom.
Concernant Resident Evil, Suite 313 n'a évidemment pas les mêmes aspérités budgétaires et doit donc se départir avec des moyens étriqués. Toutefois, à l'instar de Resident Evil, Suite 313 fonctionne u peu (beaucoup... énormément...) comme un jeu vidéo, envoyant un de ses fidèles soldats (enfin, un policier...) en mission de routine. La caméra d'Aaron Pederis adopte alors un point de vue anthropocentrique. A aucun moment, nous ne verrons le faciès du héros principal, assez anecdotique par ailleurs. Chaque parcelle de la demeure hantée correspond à un nouveau niveau de martialités et de diverses belligérances, chaque étage est nimbé par des forces ineffables et inexpugnables, et chaque escalier en colimaçon conduit un peu plus vers la mort et la déréliction.
Là aussi, il est question de zombies et de morts-vivants décrépits.
Les créatures carnassières ont visiblement fusionné avec des spectres comminatoires, à moins que ce ne soit l'inverse... Aaron Pederis opte pour un maximum de réalisme en nous faisant partager les pérégrinations de son flic guignard, un choix qui rappelle les soubresauts épouvantables de Rec premier du nom. Hélas, la métaphore s'arrête bien là. Pendant plus d'un demie-heure, le policier tournicotera incessamment dans un appartement lugubre et transformé en antre de l'enfer. Il faudra faire preuve de longanimité et patienter un long moment avant de voir l'agent Connor sortir de l'appartement pour, à postériori, découvrir les coursives oblongues d'un étrange laboratoire scientifique.
Certes, par instants, Aaron Pederis dissémine quelques effets pingres et outrageants, notamment cette tête décapitée qui émerge dans des latrines... Mais pour le reste, Suite 313 dénote surtout pour son aspect tautologique et ses saynètes rébarbatives. In fine, l'épilogue est particulièrement convenu et désappointant, laissant le spectateur sur sa faim. Alors que faut-il retenir de Suite 313 ? Réponse : pas grand-chose tant le film exhale l'inanité narrative. En l'état, difficile de qualifier cette bisserie accessoire de "naveton" patenté puisque l'on vu largement pire. Heureusement, on a vu aussi beaucoup mieux...
Note : 08.5/20
(1) Synopsis du film sur : http://www.horreur.com/index.php?q=node/6236 (Chronique de Nicolas Beaudeux)
Alice In Oliver