cabin fever 2016

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans ou interdit aux - 12 ans selon les sources) 
Année : 2016
Durée : 1h39

Synopsis : Ayant loué une cabane dans la forêt pour y fêter la fin de leurs études, une bande de cinq jeunes voit leur fête tourner au massacre lorsqu’ils croisent un homme infecté par un mystérieux virus dévorant la chair de ses victimes. 

 

La critique :

Parmi les sagas horrifiques les plus populaires, les thuriféraires du cinéma d'épouvante citeront sans sourciller Saw, Hostel, Halloween, Vendredi 13, Scream, Massacre à la Tronçonneuse, ou encore A Nightmare On Elm Street. Mais d'autres séries se révèlent à la fois beaucoup plus foisonnantes et surprenantes. Par exemple, qui aurait gagé sur le succès de la saga Détour Mortel ? Pour souvenance, le tout premier chapitre est un savant maelström entre Délivrance (John Boorman, 1972) et La Colline a des Yeux (Wes Craven, 1977).
Même remarque concernant le premier Une Virée En Enfer (John Dahl, 2002), qui louvoie entre le thriller routier (Hitcher, Robert Harmon, 1986) et l'action primale (Duel, Steven Spielberg, 1971). Eli Roth voue une véritable dilection pour le cinéma horrifique depuis sa tendre enfance.

Dixit les propres aveux du cinéaste et producteur américain, ce dernier s'amusait déjà, lors des toutes premières prémices de son adolescence, à supplicier et à décortiquer ses propres frangins dans des courts-métrages amateurs. Paradoxalement, ce sont pourtant ces petits films potaches qui vont aiguiser l'appétit insatiable du jeune éphèbe pour le cinéma gore. Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) et La dernière maison sur la gauche (Wes Craven, 1972) font voeu d'allégeance aux yeux d'Eli Roth.
Après avoir officié en tant qu'acteur et dans des rôles mineurs (notamment dans Le Monde Perdu : Jurassic Park et Citizen Toxie : The Toxic Avenger 4), Eli Roth oblique vers son tout premier long-métrage.

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Ce sera Cabin Fever, sorti en 2002. Cette série B horrifique et impécunieuse sort, à fortiori, de nulle part, si ce n'est de l'imagination fertile de son auteur démiurgique. Sur le fond comme sur la forme, Cabin Fever ne révolutionne absolument pas le cinéma trash et s'approxime à une ixième bisserie relatant les perniciosités d'une nouvelle forme d'inoculation : la peste noire. A contrario, ce tout premier essai d'Eli Roth ne badine pas avec la barbaque et les morceaux de tripaille. Philanthrope, le metteur en scène affectionne les gaudrioles et les salves d'hémoglobine.
Il n'en faut pas davantage pour enjôler un public en manque de sensations sanguinolentes. Lors de son exploitation, Cabin Fever caracole en tête de peloton dans les vidéoclubs. Le long-métrage horrifique connaît même une distribution évasive dans quelques salles de cinéma indépendantes.

A raison, Eli Roth jubile. Les producteurs sourcilleux exhortent alors ce dernier à réaliser des suites consécutives et putatives, mais le cinéaste n'a cure des instigations de ses financeurs. A postériori, ce dernier tangentera vers le diptyque consacré à Hostel, The Green Inferno (2013) - le (faux) remake de Cannibal Holocaust, Knock Knock (2015), Death Wish - le remake (encore !) d'Un Justicier dans la Ville (Michael Winner, 1974), ou encore La prophétie de l'Horloge (2018). Pendant ce temps, le premier Cabin Fever s'est transmuté en saga mercantiliste et lucrative, toutefois exonérée de la présence de son auguste thaumaturge. Ainsi, Cabin Fever 2 : Spring Fever (Ti West, 2009) voit le jour quelques années plus tard. Cette suite, plutôt déconcertante par ailleurs, ne réédite pas les fulgurations ni les outrecuidances de son antécesseur. 

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Même remarque concernant Cabin Fever 3 - Patient Zero (Kaare Andrews, 2014) qui laisse, lui aussi, un arrière-goût d'amertume. Puis, sans doute par opportunisme, Eli Roth accepte de produire un remake éponyme, cette fois-ci réalisé par la diligence de Travis Zariwny en 2016. Ce cinéaste américain est lui aussi un adulateur patenté du cinéma d'épouvante. On lui doit, entre autres, Derrière le Masque (2006), Intruder (2016), Scavengers (2012), ou encore The Midnight Man (2016). Depuis une quinzaine d'années maintenant, les remakes horrifiques pullulent au cinéma ou par l'entremise du DTV (direct-to-video). Apathique, le cinéma hollywoodien exhume ces vieilles figures comminatoires de naguère dans de nouvelles versions aseptisées et savamment fomentées pour flagorner les néophytes. Cabin Fever version 2016 n'échappe donc pas à cette règle fatidique et rédhibitoire.

Ce remake ne réitérera pas les performances pécuniaires de son illustre devancier. Pis, les critiques brocardent et invectivent cette version récente qu'elles jugent soporifique. A priori, Cabin Fever (2016) fonctionnerait sur le mode tautologique et ne serait donc qu'un resucé de son glorieux épigone. Reste à savoir si le film mérite ou non de tels anathèmes et de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution de ce remake se compose de Matthew Daddario, Samuel Davis, Dustin Ingram, Gage Golightly, Nadine Crocker, Randy Schulman, Tim Zajaros, Aaron Trainor et Louise Tinton. Attention, SPOILERS !
(1) Une bande de jeunes (trois garçons et deux filles : Jeff, Paul, Brett, Karen et Marcy) ont loué une cabane dans la forêt pour y fêter la fin de leurs études et profiter des derniers jours de liberté avant d'entrer dans le monde du travail. 
 

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Mais la fête tourne au cauchemar quand un ermite infecté par un mystérieux virus fait son apparition. Les cinq jeunes gens vont devoir faire face à ce terrible virus qui dévore les chairs de ses victimes (1). Indubitablement, ce Cabin Fever, sous l'égide de Travis Zariwny, ressemble à s'y méprendre aux remakes faisandés de Psycho (Gus Van Sant, 1998) et de Funny Games U.S. (Michael Haneke, 2008). De facto, ce Cabin Fever est le copie conforme de son vénérable citérieur. Pour le spectateur hébété, il faudra donc composer avec un scénario analogue, une forêt assaillie par une virus mortel, une inoculation incoercible et une mise en scène connexe.
Seuls les comédiens ont changé. Mais pour le reste, Cabin Fever (2016) est exactement le même film. Certes, on retrouve ce cadre agreste, cette tension omniprésente, ainsi que des protagonistes subrepticement victimes d'hématémèses.

Tous ces éléments disparates étaient déjà les principaux argumentaires de Cabin Fever premier du nom. On peut donc légitimement maronner et s'interroger sur l'utilité de cette nouvelle version puisque que Travis Zariwny ne cherche même pas à gominer les carences de son prédécesseur. Cabin Fever (2016) cumule donc les mêmes approximations et les mêmes défectuosités. Pour souvenance, Cabin Fever premier du nom n'était pas exempt de tout grief. On retrouve donc cet humour potache, parfois un peu trop trivial, ainsi que des personnages archétypaux.
Si l'on fait fi du film originel, Cabin Fever se suit donc avec un ennui poli. A défaut d'être un "naveton" avarié, ce remake souffre déjà d'une certaine caducité. La raison incombe à son opportunisme, le but étant d'exploiter la franchise à satiété. Bref, il serait temps, grand temps, de cesser les belligérances. Que dire de plus ?

Note : 08/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabin_Fever_(film,_2016)